Edith Haithin dite Catherine Varlin

Légende :

Après quelques actions militantes à Grenoble, Edith Haithin rejoint en février 1943 la 35e Brigade FTP-MOI à Toulouse. Elle y intègre le service de renseignements. En septembre 1943, elle est nommée responsable aux effectifs pour la Haute-Garonne et le Tarn. En mai 1944, elle est envoyée dans la Meuse pour organiser et encadrer un maquis FTP-MOI composé de soldats soviétiques enrôlés de force dans l’armée allemande.

 

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Service historique de la Défense à Vincennes, GR 16 P 283616 Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc

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Contexte historique

Edith Haithin naît le 5 février 1925 à Paris. Ses parents, des juifs laïques russes, sont arrivés à Paris en 1922. Son père est stomatologue. En 1940, le statut des juifs lui interdit toute possibilité d’exercer. Lors de l’attaque allemande du 10 mai 1940, la famille est jetée sur les routes de l’exode et parvient à Toulouse. Le préfet régional Cheneaux de Leyritz assigne la famille à résidence surveillée à Luchon (Haute-Garonne). Le père trouve du travail à Montpellier et toute la famille déménage. Edith s’inscrit alors à l’université de sciences où elle suit un cursus de première année et cela jusqu’en 1942.

Montpellier est un carrefour où se rencontrent toutes sortes de réfugiés : juifs étrangers fuyant les mesures de Vichy, Polonais en déroute, militaires ou civils, anciens des Brigades internationales… Au cours de l’été 1941, elle participe à une école de cadres sionistes, organisée sous le couvert d’un camp d’éclaireurs à Moissac dans le Tarn-et-Garonne. On y discute de la nécessité de combattre Vichy et le nazisme. C’est là qu’elle rencontre Victor Bardach dit Jan Gerhard, futur commandant militaire de la 35e Brigade FTP-MOI, venu s’adresser aux jeunes et recruter ceux qui seraient disposés à résister.

Ses parents quittent Montpellier pour rejoindre Grenoble. Elle les suit et établit le contact avec un membre des Jeunesses Communistes, recommandé par Jan Gerhard. Inscrite à l’université de Grenoble, elle entame en parallèle une vie de militante politique. Sa mission : distribuer des tracts et effectuer des liaisons entre divers groupes. Elle devient ’’Catherine Varlin’’. Pendant quelques mois, elle participe à la mise en œuvre du journal clandestin des traminots de la CGT ; elle y rencontre Marcel Geist, ami de Jan Gerhard, membre du détachement Liberté des FTP-MOI (tué lors d’un attentat le 7 juillet 1943).

Après la mort de Marcel Langer, premier commandant militaire de la 35e brigade FTP-MOI, Victor Bardach prend sa suite. Catherine le rejoint en février 1943 et participe à plusieurs actions contre les allemands occupant Toulouse :
- Le 6 février 1943 : récupération d’explosifs à Toulouse.
- En mars et avril 1943, destructions de grues sur le canal du Midi à Toulouse.
- En mai 1943 : attaques de garages allemands, boulevard Lascrosses à Toulouse (camions détruits et trois Allemands hors de combat).
- Le 17 juin 1943 : attaque contre un poste allemand à Toulouse.
- Le 10 novembre 1943 : attaque de la centrale électrique de Portet-sur-Garonne.

Catherine intègre le service de renseignements composé essentiellement de femmes chargées d’effectuer des repérages pour préparer des opérations armées contre l’occupant et les forces de Vichy. Elle est désignée par Victor Bardach pour organiser les filatures de l’avocat général Pierre Lespinasse qui avait requis la peine de mort contre Marcel Langer. La mission est longue et complexe. Pierre Lespinasse est abattu dans la rue le 10 octobre 1943 par Robert Lorenzi dit Robert le Blond.

En septembre 1943, elle est nommée responsable aux effectifs pour la Haute-Garonne et le Tarn par Luis Fernández Juan, l’un des responsables des guérilleros espagnols qui est simultanément un des responsables interrégionaux des FTP-MOI. Le 26 février 1944, Jan Gerhard signe un « ORDRE DU JOUR SPECIAL N° 7 » par lequel il fait ses adieux à la 35e Brigade. Ljubomir Ilic, responsable militaire national des FTP-MOI, le nomme responsable militaire de l’inter région 25, chargé de l’organisation des étrangers dans les départements du Nord, du Pas-de-Calais, de l’Aisne, des Ardennes et de la Meuse. Parallèlement, Catherine est appelée à effectuer des liaisons pour l’inter région 25. En mai 1944, elle est envoyée dans la Meuse pour organiser et encadrer un maquis FTP-MOI composé de soldats soviétiques enrôlés de force dans l’armée allemande. Elle parle le russe, la plupart des étrangers à encadrer dans ce maquis sont soviétiques, la communication pourra désormais passer. Elle dirige ce maquis de près de 250 hommes jusqu'à la libération de la région. Elle a probablement été la seule femme à avoir dirigé un maquis d’une telle importance.

Après-guerre, elle travaille comme journaliste à L’Humanité, jusqu’en 1956. Elle participe à la réalisation de films avec Chris Marker, Alain Resnais et Yves Boisset. Elle est décédée le 22 décembre 2004 à Paris.


Auteur : André Magne

Sources :
Service Historique de la Défense, Vincennes, GR 16 P 283616 (dossier individuel)
Service Historique de la Défense, Vincennes, GR 19 P 31, 35e Brigade FTP-MOI
Jean-Yves Boursier, La guerre des partisans dans le sud-ouest de la France 1942-1944, la 35e brigade FTP-MOI, Paris, L’Harmattan, 1992