Le bataillon Liberté à Grenoble

Légende :

Note sur les actions du détachement Liberté, 1943

Genre : Image

Type : Rapport

Source : © AD 93 - 335J 29 - David Diamant - Archives du PCF Droits réservés

Détails techniques :

Note dactylographiée, non datée - 1 page

Date document : 1943

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Isère - Grenoble

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Contexte historique

À Grenoble, ville de zone libre, puis occupée par les Italiens après le 11 novembre 1942, c’est au printemps 1943 qu’apparaît le groupe qui donnera naissance au détachement Liberté. La première action d’importance homologuée est l’attaque de la biscuiterie Brun, entreprise travaillant pour l’ennemi, le 7 juillet 1943, menée par quatre combattants juifs polonais et dans laquelle est tué Léon Gaist, premier mort de l’interrégion HI4, regroupant les FTP-MOI de l’Isère et du Rhône. Les actions se multiplieront et gagneront en intensité quand, à la suite de l’armistice séparé signé par le gouvernement Badoglio avec les Alliés, les troupes italiennes évacueront Grenoble, à la fin de l’été 1943, et seront remplacées par les troupes allemandes.

À la fin de l’automne 1943, trois « groupes » sont constitués, par l’apport notamment de combattants de Carmagnole. Ils forment le détachement Liberté dont l’effectif variera peu jusqu’au Débarquement, entre vingt-cinq et trente hommes. La composition des FTP-MOI grenoblois est sensiblement la même que celle des combattants de l’unité lyonnaise, à savoir qu’elle révèle une forte présence d’immigrés juifs d’Europe centrale, notamment polonais. Mais il faut signaler que ces combattants "permanents", le plus souvent étrangers à la région, ne peuvent exister et survivre s’ils n’ont pas de points d’appui dans la population. Il n’est pas de guérilla sans planques, dépôts de munitions et foyers d’accueil où, pendant quelques heures, on peut se reposer, retrouver un semblant de vie normale. À Grenoble, le rôle des Italiens est tout à fait déterminant. D’abord, ce sont eux qui ont soutiré, acheté, volé, échangé les premières armes aux troupes d’occupation italiennes. Ce sont dans les baraques de jardin de ces mêmes immigrés italiens qu'ont été cachées les munitions. Ce sont les mineurs polonais de La Mure qui livrent les premiers explosifs que le détachement Liberté utilisera pour ses sabotages. Des ouvriers, membre de la colonie hongroise employée depuis des années à l’usine de la Viscose à Grenoble fournissent eux aussi aide et renseignements et se constitueront en milice patriotique à la Libération.

Comme Carmagnole à Lyon, l’unité Liberté crée, dans les jours qui suivent le Débarquement, son maquis à quelques kilomètres de Chamrousse, près du lac Luitel. Elle le fait en étroite collaboration avec un groupe de FTPF de la région de Gières / Uriage. Ce maquis regroupera près de deux cents combattants au moment de la Libération, notamment un nombre non négligeable de « légaux » italiens, c’est à dire de résistants « non permanents » qui ont gardé leur identité, leur travail, voire leur vie de famille et qui n’étaient jusque là utilisés que pour certaines opérations.

De l’automne 1943 au 20 août 1944, Liberté comptabilise 173 actions homologuées, soit plus de 14 actions par mois, une tous les deux jours, pendant douze mois. De septembre à avril 1944, cette unité qui compte entre vingt et trente combattants permanents porte presque seule l’activité de la totalité des FTP isérois, français comme étrangers.


Auteur : Claude Collin

Bibliographie :
Claude Collin, Carmagole et Liberté. Les étrangers dans la Résistance en Rhône-Alpes, Grenoble, PUG, 2000.