Ezer Najman, dit Gilles Najman

Légende :

D’origine juive polonaise, Ezer Najman s’engage dès 1941 à Lyon dans des actions de propagande, puis il participe à la lutte armée dans le bataillon Carmagnole à Lyon et dans le bataillon Liberté à Grenoble de 1943 jusqu’aux combats de la Libération.

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Musée de la Résistance nationale, Champigny-sur-Marne, fonds Carmagnole-Liberté Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc

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Contexte historique

Né le 18 septembre 1921 à Wieruszow (Pologne), Ezer Najman arrive en France en 1931 avec sa mère et ses deux frères. Son père a immigré un an plus tôt à Germinie près de Saint-Étienne muni d’un contrat pour travailler dans une usine métallurgique, puis il s’est installé à Lyon où il reçoit sa famille. A la maison, cette famille juive parle yiddish. Ezer Najman est scolarisé à l’école primaire où il apprend le français et obtient son certificat d’études. En 1936, il devient apprenti tailleur, d’abord à Lyon puis à Paris.

Lors de la débâcle en juin 1940, il quitte Paris avec dix-sept membres de sa famille muni d’une voiture à bras. Arrivés à Orléans, face à l’avancée de l’armée allemande, ils rebroussent chemin. Ezer Najman rentre alors Lyon en zone non occupée chez ses parents où il reprend son activité de tailleur. Issu d’une famille apolitique, il se rapproche d’un groupe de communistes juifs, anciens des Brigades internationales.

En 1941, il milite clandestinement avec l’organisation juive Solidarité qui fabrique des tracts. Il est arrêté par la police française alors qu’il se rend à une réunion du groupe, mais il est vite relâché. En 1943, il intègre l’Union de la jeunesse juive (UJJ) mais demande à intégrer le bataillon Carmagnole, groupe franc des FTP-MOI à Lyon, sous le pseudonyme de Gilles Rigaud, prénom qui restera le sien. Il mène des actions de sabotages contre les entreprises qui travaillent pour l’effort de guerre allemand (SOMUA, BRONZAVIA, SIGMA) et participe à des actions menées contre des personnes que l’organisation juge devoir exécuter. Il appartient au groupe qui exécute dans son bureau le 12 décembre 1943 Faure-Pinguely, président de la Section spéciale de Lyon qui a fait guillotiner des résistants le 5 décembre 1943 dont Simon Fryd du groupe Carmagnole . Au début de 1944, Ezer Najman est nommé membre du Comité militaire Régionale HI4 comme responsable des dépôts d’armes de la région, de la fabrication des engins explosifs pour les sabotages et des contacts avec les autres organisations en ce qui concerne l’armement.

Le 8 juin 1944, Ezer Najman est muté à Grenoble par l’état-major. Il devient alors technicien régional du Dauphiné et prend part à l’insurrection de Grenoble en août 1944 avec le bataillon Liberté. Puis avec son groupe, il rejoint Lyon où il participe à l’insurrection de Villeurbanne et aux combats de Pusignan. Il est démobilisé à sa demande. Après la Libération il obtient la nationalité française.
Son père a été déporté et assassiné.

Après la guerre, il est homologué FFI avec le grade de lieutenant. Il est titulaire de la croix de guerre avec étoile d’argent et de la médaille de la Résistance française (par décret du 31 mars 1947). Il est fait chevalier de la légion d’honneur le 8 mai 1983 des mains du président François Mitterrand.


Auteur : Hélène Staes

Sources et bibliographie
- Service historique de la Défense, Vincennes, dossier individuel de Gilles Najman, GR 16 P 439392.
- Musée de la Résistance nationale, Champigny-sur-Marne, fonds Carmagnole-Liberté, carton 3.
- Ordre de la Libération, archives de la commission nationale de la médaille de la Résistance française.  
- Brandstatter Georges, Combattants juifs dans les Armées de Libération, Rennes, Ouest France, 2015
- ANACR, La Résistance dans le 19e arrondissement de Paris (1940-1945), Paris, Le Temps des Cerises, 2005.
- Bruno Permezel, Résistants à Lyon, Villeurbanne et aux alentours. 2824 engagements, Lyon, BGA Permezel, 2003.
- Jacques Ravine, La Résistance organisée des juifs en France 1940-1944, Paris, Julliard, 1973.