Un groupe du détachement Marat exécute un ancien président de la section spéciale d' Aix-en-Provence, janvier 1944
Légende :
Rapport de gendarmerie constatant l'assassinat du juge Verdun, ancien président de la section spéciale d'Aix-en-Provence
Genre : Image
Type : Rapport officiel
Source : © Archives départementales des Bouches-du-Rhône, 76 w 117 Droits réservés
Détails techniques :
Rapport dactylographié
Date document : 18 janvier 1944
Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Bouches-du-Rhône - Aix-en-Provence
Analyse média
L'adjudant-chef Iniart relate succinctement l'assassinat du juge Verdun le 18 janvier 1944 dans une rue d'Aix-en-Provence. Henri Verdun avait présidé la section spéciale près la cour d'appel d'Aix et avait de ce fait reçu des menaces de mort. La police et la gendarmerie suivent une procédure de routine pour identifier les auteurs de l'acte.
Auteur : Sylvie Orsoni
Sources et bibliographie :
Grégoire Georges-Picot, L'innocence et la ruse. Des étrangers dans la Résistance en Provence, Paris, éditions Tirésias, 2011.
Robert Mencherini, Résistance et Occupation (1940-1944). Midi Rouge, ombres et lumières, tome 3, Paris, Syllepse, 2011.
Contexte historique
Comme toutes les organisations liées au parti communiste, la MOI (Main d'oeuvre immigrée) est interdite le 1er octobre 1939. Les militants poursuivent clandestinement leurs actions. A Marseille, aux militants déjà implantés avant guerre comme Avram et Choura (Annie) Haham s'ajoutent des réfugiés de la zone Nord, Albert et Bella Levine, Hélène Taich, Maurice Korzec et d'anciens des Brigades internationales (Basil Serban, Léon Tchernine). Cette force militante permet la création dés septembre 1940 du Secours populaire (Solidarité en zone Nord) qui aide les réfugiés et les internés, diffuse la presse clandestine en français et en yiddish. Les militants MOI de Marseille, conformément aux directives du parti communiste, basculent une partie de leurs effectifs dans les Francs-Tireurs et Partisans (FTP).
Le premier groupe de FTP-MOI est constitué à Marseille au cours de l'été 1942. Il rassemble des immigrés de toute origine et prend le nom de Marat en hommage au révolutionnaire français. Le détachement Marat actif dés l'été 1942, outre les sabotages et les attentats contre les troupes d'occupation a pour mission d'exécuter les Français qui collaborent à la répression menée par les autorités allemandes et le gouvernement de Vichy. En présidant la section spéciale près la cour d'appel d'Aix-en-Provence, Henri Verdun participe à la justice d'exception mise en place par le gouvernement de Vichy après l'exécution, à Paris, de l'aspirant Moser, par le futur colonel Fabien. Le groupe qui exécute le magistrat se compose de Lorenz Kriska, dit Jacques, et des frères Ivaldi. Il reçoit l'appui d'un groupe franc. Le 21 janvier, Lorenz Kriska, Serge et Lucien Ivaldi sont arrêtés lors d'un banal contrôle d'identité à Marseille. Lucien Vivaldi, après avoir été longuement torturé, est reconnu coupable de l'exécution d'Henri Verdun par la cour martiale milicienne qui venait d'être instaurée (loi du 20 janvier 1944). Il est fusillé à l'Estaque le 26 janvier 1944. Lorenz Kriska et Serge Ivaldi, condamnés à une peine de prison sont incarcérés à la prison Chave à Marseille. Ils s'en évadent grâce à l'action d'un groupe-franc des MUR le 23 mars 1944. Lorenz Kriska rejoint un maquis FTP des Alpes de Haute-Provence. Il est tué le 23 mai 1944. Le préfet Andrieu qui avait contre sa volonté mis en place la cour martiale milicienne démissionne ce qui entraîne sa révocation et sa mise en liberté surveillée. Henri De Marchi, membre du détachement Marat, se souvient : "la vie clandestine était souvent plus difficile que les actions elles-mêmes. Pendant le combat, on pensait, on agissait pour l'action et nous étions entourés par les autres combattants. Le reste du temps nous préparions les actions à venir... Nous connaissions de longs moments d'attente et pendant ces moments il y avait relâchement de l'attention... c'était ça la vie clandestine, se faire arrêter pour des bêtises, parce que l'on avait envie de fumer une cigarette."
Auteur : Sylvie Orsoni
Sources et bibliographie :
Grégoire Georges-Picot, L'innocence et la ruse. Des étrangers dans la Résistance en Provence, Paris, éditions Tirésias, 2011.
Rober tMencherini, Résistance et Occupation (1940-1944). Midi Rouge, ombres et lumières, tome 3, Paris, Syllepse, 2011.
Notice Kriska Marcel, Laurent ou Lorenz, Jacques, Lucien Garnier par Jean-Marie Guillon, version mise en ligne le 7 octobre 2015, dernière modification le 31 janvier 2021.