Yehoshoua (Josué) Lifshitz
Légende :
Pour certains résistants, l’engagement dans la résistance juive s’inscrit dans la continuité d’une trajectoire militante : Josué Lifshitz, ancien sergent de la Légion juive de l’armée britannique de Palestine lors de la Première Guerre mondiale, entraîne ainsi des jeunes recrues de l’Armée juive dans la région de Limoges.
Genre : Image
Type : Photographie
Source : © Yad Vashem Museum Artifacts Collection / Photos, Courtesy of Danielle (Lifshitz) Malka, France Droits réservés
Détails techniques :
Photographie analogique en noir et blanc
Date document : 1945
Lieu : France
Contexte historique
Fils d'Abraham Lifshitz et de Sarah Rifka Khaenko, Josué Lifshitz naît le 3 décembre 1896 à Kherson (Russie). En 1912, sa famille quitte l’Ukraine pour immigrer en Eretz Israël (ses parents compteront parmi les fondateurs de Tel-Aviv). Mobilisé dans l’armée turque pendant la Première Guerre mondiale, il déserte suite à la déclaration du ministre britannique des Affaires étrangères, Lord Balfour, qui annonce que son gouvernement est disposé à créer en Palestine un "foyer national juif". Josué et son frère s’engagent alors dans l’armée britannique. Il rejoint la First Royal Jewish Fusillers du général Allenby, avec le grade de sergent-major. Il est décoré de la British War Medal 1914-1918 et de la Victory Medal. En avril 1920, il revient à la vie civile et obtient son baccalauréat à Tel-Aviv. Son diplôme en poche, Lifshitz s’installe en France en juin 1920 où il reprend ses études à la faculté des Sciences (1920 à 1924). Il obtient une licence de mathématiques puis un diplôme d’ingénieur électricien.
A compter du 7 janvier 1924, il est ingénieur au bureau d'étude de la société Force et Lumière électriques, 67 rue de Dunkerque à Paris. Le 1er avril 1928, il est promu chef de service. Il demeure alors à Montmorency. Josué Lifshitz est naturalisé français par décret du 17 avril 1929.
Lifshitz est mobilisé en septembre 1939 comme responsable du service électrique de la poudrerie de Sevran-Livry. En juin 1940, la poudrerie est repliée à St Médard-en-Jalle près de Bordeaux. Démobilisé en septembre 1940 et ne pouvant rejoindre Paris, il se rend à Rodez où il possède un atelier de fabrication de petit appareillage électrique. En déplacement à Lyon, il y rencontre des amis parisiens, Albert et Anny Levy (Anny Latour). C’est par leur intermédiaire qu’il entre en relation début 1942 avec le pasteur Idebert Exbrayat (reconnu "Juste parmi les nations" en 1979). Josué Lifshitz apporte son aide pour placer dans des fermes des Juifs en difficulté et confectionner des faux papiers pour en munir les personnes cachées. Il prend lui-même la fausse identité d’Henri Robert Champagnac. Par ses contacts dans les préfectures et les mairies, il obtient des cartes d'alimentation et arrive à prévenir et à faire évader un grand nombre de personnes menacées d'arrestation.
En septembre 1942, grâce au pasteur Exbrayat, il rencontre Raymond Winter et Marcel Gradwhol qui sont membres de la Sixième, organisation clandestine mise en place par les Eclaireurs israélites de France. Ces derniers le présentent à Robert Gamzon et Georges Garel qui lui demandent de rejoindre la Sixième "adultes". C’est dans ce cadre qu’il fait évader des internés de Gurs et de Rivesaltes et les dirige vers la zone d'occupation italienne et vers l'Espagne. Au sein de la Sixième, Josué Lifshitz devient chef de la section Adultes pour la région de Rodez. La section Jeunes étant dirigée par Sylvain Richter.
Recherché par la police à Rodez, il se rend à Toulouse où il retrouve Anny Levy. Elle lui propose alors de rejoindre une organisation de résistance juive : l’Armée juive. Après avoir prêté serment, Josué est envoyé comme instructeur militaire à Limoges. En novembre 1943, il devient chef du corps-franc de la région de Limoges. Il recrute de jeunes Juifs et les forme, grâce à l'expérience qu'il a engrangée lors de la Première Guerre mondiale. Il leur fait prêter serment sur la Bible reçue des mains de Sir Herbert Samuel, premier haut-commissaire du mandat britannique en Eretz Israël après l’obtention de son baccalauréat, et sur un drapeau arborant l'étoile de David. Ces séances d’instruction militaire se déroulent au Poulouzat près de Limoges où Lifshitz dispose d’une mitrailleuse. Après instruction, les recrues sont convoyées vers Toulouse avant de rejoindre le corps franc de la Montagne noire ou l’Espagne.
En parallèle à ses activités pour l’AJ, Lifshitz poursuit son travail pour la Sixième adultes en liaison avec le rabbin Deutche et Georges Garel. En mai 1944, son assistante pour la région de Périgueux, Annie Berger, lui apprend qu’elle est sous surveillance policière et qu’il faut envisager son remplacement. Il se rend donc à Périgueux avec Sylvain Richter, responsable de la Sixième Jeunes. Le 11 mai 1944, Josué Lifshitz est arrêté à Périgueux par la 20e Brigade régionale de Police de Sûreté. Sylvain Richter, Jeannine Bloch et Edgard Perdreau sont arrêtés dans la même affaire. Le lendemain, ils sont internés administrativement à la maison d’arrêt de Périgueux dans l’attente d’être présentés au Parquet. Lors de son interrogatoire, il dit simplement s’occuper par charité des enfants juifs dont les parents ont été déportés. Condamné par le tribunal de Périgueux à quatre mois de prison pour faux et usage de faux en matière de carte d’identité, Lifshitz est libéré de la prison de Périgueux le 20 août 1944 par des FFI du groupe Soleil. Il reprend immédiatement du service comme capitaine FFI à Limoges puis se rend à Paris.
Après la libération de Paris, il est directeur général adjoint du COJASOR (Comité juif d’action sociale et de reconstruction). C’est ainsi qu’il s’occupe notamment du retour des déportés à l’hôtel Lutetia. Recruté par Abraham Polonski, ancien chef de l’Armée juive, il participe ensuite à l’exfiltration clandestine des Juifs du Maroc vers Israël. En 1949, il démissionne pour ne plus s’occuper que de sa famille et de ses affaires. Josué Lifshitz a été homologué au titre de la Résistance intérieure française (RIF) le 21 septembre 1949.
Josué Litschitz décède le 17 novembre 1993 à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne). La Bible et le drapeau sur lequel les recrues prêtaient serment sont conservés à Yad Vashem à Jérusalem.
Auteur : Fabrice Bourrée
Sources et bibliographie :
Archives nationales, BB11/11619, dossier de naturalisation de Josué Lifshitz.
Archives départementales de Haute-Vienne, 1517W307.
Service historique de la Défense, Vincennes : GR 16 P 372 724 (dossier d'homologation) ; 2010 PA 52/84 (fonds du MLN).
Mémorial de la Shoah, Paris :
-CMXX-2 et 67 fonds Lucien Lublin
-DLXI_14 fonds Anny Latour, témoignage de Josué Lifschitz
Archives privées Anne Krams et Danielle Malka, filles de Josué Lifshitz.
Base des décès de l'INSEE.
Yehoshoua Lifshitz en uniforme de l'armée britannique, 1917
Yad Vashem Museum Artifacts Collection
Loaned by L’Organisation des Anciens de la Résistance Juive en France
Photos, Courtesy of Danielle (Lifshitz) Malka, France
Carte d'identité française utilisée par Josué Lifshitz en 1943 au nom d'Henri Robert Champagnac.
Yad Vashem Museum Artifacts Collection
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Photos, Courtesy of Danielle (Lifshitz) Malka, France
Drapeau frappé de l'étoile de David, utilisé par Josué Lifshitz pour faire prêter serment aux nouvelles recrues du groupe de résistance juif qu'il dirigeait à Limoges.
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Bible utilisée par Josué Lifshitz pour faire prêter serment aux nouvelles recrues du groupe de résistance juif qu'il dirigeait à Limoges.
Yad Vashem Museum Artifacts Collection
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Photos, Courtesy of Danielle (Lifshitz) Malka, France
Carte de membre du Service social des Jeunes (Éclaireurs Israélites de France) de Josué Lifshitz. Après son entrée dans la clandestinité, le mouvement est devenu "La Sixieme". La carte a été émise en décembre 1944 et atteste du rôle de dirigeant régional de Lifshitz, du 1er septembre 1942 au 15 novembre 1944.
Yad Vashem Museum Artifacts Collection
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Yehoshoua Lifshitz (à gauche) avec son compagnon de Résistance, Sylvain Richter, Périgueux, 1944
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Photos, Courtesy of Danielle (Lifshitz) Malka, France