Henry Pohorylès dit Baloux

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Service historique de la Défense à Vincennes, GR 16 P 482 950 Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc

Date document : sans date

Lieu : France

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Contexte historique

Fils de Marc Pohorylès et Ida Ginzberg, Henry Pohorylès naît le 26 décembre 1920 à Strasbourg. Réfugié à La Bourboule au début de l’occupation allemande de la zone Nord, il devint éducateur au home d’enfants du château de La Guette. 

Présent à Nice, alors sous occupation italienne, il entre en relation en janvier 1943 avec un groupe qui diffuse le journal Combat dans les milieux universitaires. Contacté par Simon Levitte, secrétaire général du Mouvement de jeunesse sioniste (MJS), Henri Pohorylès intègre en mars 1943 le groupe niçois du MJS dirigé par Jacques Weintraub. Sous l’occupation italienne, le mouvement vient en aide aux Juifs venant de la zone occupée par les Allemands afin qu’ils se mettent en règle avec les autorités italiennes. L’aide sociale est alors la principale activité du MJS à Nice.

En septembre 1943, après l’arrivée des Allemands à Nice, la panique s’empare des Juifs de la région qui savent que la mansuétude dont ils bénéficiaient de la part des autorités italiennes prend fin. C’est à ce moment que le travail du groupe niçois du MJS prend une ampleur considérable. Après l’arrestation de son chef, Jacques Weintraub, Henri Pohorylès est nommé responsable de la région niçoise du MJS. Il s’occupe également d’organiser une filière d’évacuation vers l’Espagne en lien avec l’Armée juive (AJ) pour les jeunes souhaitant soit s’enrôler dans la Brigade juive en Palestine soit rejoindre les Forces françaises libres ou les armées alliées.

Responsable de l’Armée juive à Nice à sa création, Henry Pohorylès est membre d’un triumvirat composé de Raymond Heyman (en charge de l’action sociale, du ravitaillement et de la trésorerie), Maurice Loebenberg (service des faux papiers et liaisons avec le MLN) et lui-même assisté d’Armand Rottenberg pour l’action armée. En décembre 1943, afin de faire face aux persécutions allemandes, il met sur pied le groupe franc de Nice de l’Organisation juive de Combat (nouvelle appellation de l’Armée juive). Un service de renseignement (SR) est également mis en place. Ce service, dirigé par Armand Rottemberg, est composé en grande partie de jeunes femmes parmi lesquelles Annette Zyman, Charlotte Sorkine ou encore Micheline Kaplan. Le travail qu’elles fournissent est essentiel pour la bonne réussite des opérations menées par le groupe-franc. Rapidement, le SR se spécialise dans la recherche des dénonciateurs d’Israélites et d’agents ou auxiliaires de la Gestapo. Selon plusieurs témoignages, le SR a constitué plus de 500 dossiers sur des cibles potentielles. Se basant les informations communiquées par les agents du service de renseignement, les membres du groupe franc mènent de nombreuses opérations de représailles, blessant grièvement ou exécutant plusieurs dénonciateurs dont Georges Karakaïef.

En juin 1944, la direction de l’OJC l’envoie en mission à Paris afin de terminer d’importantes négociations en vue de la livraison d’armes à l’OJC par l’Intelligence Service. Il intègre alors la direction du groupe parisien de l’OJC auquel appartiennent entre autres Maurice Loebenberg, César Chamay, Ernest Appenzeller et André Amar avec qui il organise un service de renseignement dans la capitale. Avec le départ de Pohorylès, le groupe de Nice perd son caractère propre et est intégré au groupe René des FTPF.

Dénoncé par l'agent double Karl Rehbein, il tombe avec d'autres chefs du groupe dans la souricière du 75, rue Erlanger, le 18 juillet 1944. Incarcéré à Fresnes puis transféré le 10 août à Drancy, il est déporté le 17 août par le dernier convoi quittant ce camp à destination de Buchenwald. Evadé du train avec 26 camarades dans la nuit du 20 au 21 août 1944 à proximité de Morcourt (Aisne), il prend part aux combats de la libération avec les FFI de Saint-Quentin.

Titulaire de la médaille de la Résistance par décret du 25 avril 1946 (Journal officiel du 17 mai 1946), Henry Pohorylès se voit décerner le titre d’interné résistant en juillet 1957 transformé à sa demande en titre de déporté résistant le 13 décembre 1990.
Avec ses compagnons d’évasion dont André Amar, il crée en novembre 1944 le Service central des déportés israélites (SCDI) afin de centraliser toutes les informations possibles sur les déportés et leurs familles. Il ne s’agissait pas d’un service social mais plutôt, comme il se qualifiait lui-même, un « centre de recensement et de recherches ». Après la guerre, il exerce la fonction de Secrétaire général des Jeunesses sionistes à Paris. En décembre 1952, il est l’un des témoins clés du procès de la Gestapo de la rue de la Pompe devant le tribunal militaire de Paris.
Henry Pohorylès décède le 6 janvier 1997 en Israël.


Auteur : Fabrice Bourrée

Sources et bibliographie :
Service historique de la Défense, DAVCC, Caen : AC 21 P 662 529
Service historique de la Défense, Vincennes : GR 16 P 482 950
Ordre de la Libération, commission nationale de la médaille de la Résistance française
Mémorial de la Shoah, Paris :
- CCXVIII-58 Henry Pohoryles
- DLXI-76, témoignage d’Henry Pohorylès, février 1973
Archives Yad Vashem, dossier Jacques Weintraub.
Musée de la Résistance azuréenne, Nice.

Anciens de la résistance juive de France, Organisation juive de combat : résistance-sauvetage, France 1940-1945, Paris, Autrement, 2006.
Anny Latour, La Résistance juive en France, Paris, Stock, 1970.
« Activité du service », Pour eux, Bulletin mensuel du SCDI, n°2, 15 décembre 1944, p. 8.