Bejla Kotulanska, dite Bella Levine
Genre : Image
Type : Photographie
Source : © Archives privées famille Lewin Droits réservés
Détails techniques :
Photographie analogique en noir et blanc
Date document : Eté 1944
Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Bouches-du-Rhône - Marseille
Contexte historique
Bejla (Bella) Kotulanska naît le 1er janvier 1913 dans la ville de Rowno qui est à cette époque sous souveraineté polonaise. La moitié de la population de la ville est juive. Les discriminations qui frappent les Juifs en Pologne poussent Bella à émigrer en France. Elle s'installe à Nancy où elle suit des études d'agronomie. Elle rencontre un autre étudiant juif polonais, Abram (Albert) Lewin qu'elle épouse le 7 novembre 1939. De Nancy le couple gagne Paris et Bejla, devenue Bella Lévine, milite activement dans les organisations communistes du XIe arrondissement.
En 1940, après la démobilisation d'Albert et l'occupation de la région parisienne, le couple se réfugie à Marseille où il rejoint les militants de la Main d'oeuvre immigrée (MOI). Bella, sous l'identité d'Isabelle Laugier, et son mari participent dès septembre 1940 à la création à Marseille du Secours populaire (Solidarité en zone Nord) avec Choura Haham, Léon Tchernine et Victor Mancel. Le Secours populaire apporte une aide matérielle aux internés et à leur famille tout en diffusant la presse clandestine en yiddish et en français.
Lorsque sont créés les FTP à l'été 1942, la MOI de Marseille forme le détachement Marat, nom choisi en mémoire du révolutionnaire français. Alors qu'Albert Levine par sa formation d'ingénieur devient avec Dimitri Koturovic (Cot) responsable du service technique (fabrication d'engins explosifs), Bella, Renée dans la clandestinité, devient une des dirigeants de la section juive des FTP-MOI. Elle participe aux actions contre les organisations collaborationnistes et au sauvetage de familles juives en fournissant de faux papiers et des caches. La lettre envoyée par un des responsables nationaux le 6 juin 1944 montre l'étendue des responsabilités de Bella. Elle doit mener un travail de propagande auprès de la population juive en faveur de l'Armée rouge et de l'URSS, recruter le plus possible de Juifs pour le Parti, FTP et Milices patriotiques, coordonner la diffusion de la presse clandestine de l'Union des Juifs pour la Résistance et l'Entraide (UJRE) et du Mouvement national contre le racisme (MNCR).
Au moment de l'insurrection de Marseille, elle est place Notre-Dame-du-Mont au PC des groupes de combats FTP-MOI qui jouent un rôle déterminant dans les combats de la place Castellane. Après la Libération, Bella Lévine dirige la section marseillaise de l'UJRE et parraine la maison des enfants de fusillés et déportés. En souvenir de ses années de résistante, Bella Lévine prénomme sa fille aînée Renée. Bella Lévine est décédée le 20 juillet 1985 à Paris.
Auteur : Sylvie Orsoni
Sources et bibliographie :
Diamant David, Les Juifs dans la résistance française 1940-1944 (avec armes ou sans armes), Paris, Roger Maria Éditeur, 1971.
Georges-Picot Grégoire, L'innocence et la ruse. Des étrangers dans la Résistance en Provence, p.254, 268-272, Paris, éditions Tirésias, 2011.
Mencherini Robert, Résistance et Occupation (1940-1944). Midi Rouge, ombres et lumières, tome 3, Paris, Syllepse, 2011.
Ravine Jacques, La résistance organisée des juifs en France 1940-1944, Paris, Julliard, 1973.
Serban Basil, Du détachement « Marat » à l'Etat-major de la Zone Sud, PACA-Libération de Marseille.
Lettre manuscrite d'un dirigeant de la MOI à "Renée" (Bella Levine), 6 juin 1944 - recto
Archives privées du groupe Marat
Bella LevineLettre manuscrite d'un dirigeant de la MOI à "Renée" (Bella Levine), 6 juin 1944 - verso
Archives privées du groupe Marat
Bella Lévine entourée de deux combattants des FTP-MOI au PC des groupes de combat FTP-MOI, Marseille, août 1944.
Photo Julia Pirotte