Attentat contre un détachement allemand à Caluire, le 3 novembre 1943
Légende :
"Montée du Petit-Versailles, chemin suivi par le détachement allemand". Photographie extraite du dossier du service régional de police de sûreté.
Genre : Image
Type : Photographie
Source : © AD Rhône, 3788W259-265 Droits réservés
Détails techniques :
Photographie d'identité judiciaire
Date document : 3 novembre 1943
Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Rhône - Caluire-et-Cuire
Contexte historique
Le 3 novembre 1943, aux alentours de 13h15, un détachement allemand d’une quarantaine d’hommes, venant du fort de Motessuy, descend la « montée du Petit-Versailles » à Caluire en direction du quartier Saint-Clair à Lyon. C’est alors que plusieurs engins explosifs leur sont lancés depuis le talus surplombant la route. Selon le rapport de police, le bilan est de deux soldats allemands tués, un autre grièvement blessé et une dizaine plus légèrement. Immédiatement les forces allemandes procèdent à une trentaine d’arrestations dans les environs du lieu de l’attentat. Après une minutieuse vérification d’identité et d’emploi du temps au moment des faits, toutes sont relâchées.
Plusieurs écoliers, témoins de l’attentat, déclarent aux enquêteurs avoir vu quatre individus s’enfuir en bicyclette en direction du quartier de la Croix-Rousse à Lyon. Les signalements sont très vagues : « trois d’entre eux pouvaient être âgés de 25 à 30 ans et le quatrième de 40 ans environ. Ce dernier portait un costume gris et avait une très légère moustache », « l’un des agresseurs avait eu, sur le dos, un sac tyrolien de couleur beige clair ».
Dans son rapport du 13 novembre 1943, le commissaire de police de sûreté conclut que « malgré de nombreuses recherches, aucun élément susceptible de servir de point de départ pour l’enquête, n’a pu être recueilli ».
Cet attentat est en fait l’œuvre d’un commando du détachement Carmagnole des FTP-MOI. Le compte-rendu d’activités de Carmagnole dressé à la Libération mentionne à la date du 3 novembre 1943 « Attaque à la bombe et à la grenade d’un détachement allemand près du fort de Montsuy. Résultats : 2 morts et plusieurs blessés ont été déclarés, mais en réalité on compte une vingtaine de morts et de blessés ».
C’est pour venger l’arrestation d’un haut responsable de la Résistance – dont elle apprendra l’identité plus tard, à savoir Jean Moulin – que la direction des FTP-MOI de zone Sud décide de préparer une opération militaire de représailles à Caluire, lieu-même de son arrestation. Le service de renseignement entre alors en action à la recherche d’une action de prestige à réaliser. Ayant remarqué que des soldats allemands accomplissaient régulièrement des manœuvres d’entrainement au fort Montessuy, et que systématiquement elle réintégrait son casernement par le même chemin, il est décidé de mener une attaque sur ce parcours. Après une étude attentive des lieux et du chemin de retraite par Gilles Najman, technicien du détachement Carmagnole, un commando composé de Najman, Louis Katz, « Denis » (non identifié) et leur chef Ignaz Krakus, commandant militaire de Carmagnole, prend position sur le chemin surplombant la route empruntée par le détachement allemand. Ils sont munis de deux bombes artisanales de 5 Kg chacune, remplies de clous et autres morceaux de ferrailles, et de deux grenades défensives. Au moment du passage de la colonne, les explosifs sont lancés sur les Allemands. Une fois l’opération menée, le commando prend la fuite en bicyclette en direction de Lyon.
Najman évalue le nombre de morts dans cet attentat entre 15 et 20, et de nombreux blessés ; nous sommes bien loin des chiffres de source policière. Mais selon lui, l’impact le plus important est l’atteinte au moral des troupes d’occupation, victimes d’un attentat où le nombre des attaquants reste inconnu pour eux.
Auteur : Fabrice Bourrée
Sources :
Archives nationales, 19880042-33-1
Archives départementales du Rhône, 3788W259-265 Caluire, fort de Montessuy
Archives Yad Vashem, dossier Carmagnole-Liberté : témoignage de Gilles Najman, juin 1983.
"Lieu où se terraient les terroristes". Photographie extraite du dossier du service régional de police de sûreté.
AD Rhône, 3788W259-265
Attentat contre un détachement allemand à Caluire, le 3 novembre 1943"Chemin par où les agresseurs ont fui". Photographie extraite du dossier du service régional de police de sûreté.
AD Rhône, 3788W259-265
Attentat contre un détachement allemand à Caluire, le 3 novembre 1943"Butte du haut de laquelle se trouvaient les agresseurs". Photographie extraite du dossier du service régional de police de sûreté.
AD Rhône, 3788W259-265