Maurice Bursztyn
Légende :
Militant communiste, Maurice Bursztyn poursuit dès l’été 1941 ses activités militantes en région parisienne, puis rejoint l'UJJ à Grenoble. Il s’engage ensuite dans la lutte armée au sein des FTP jusqu’à la Libération.
Genre : Image
Type : photographie d’identité
Source : © Musée de la Résistance nationale, Champigny-sur-Marne, fonds Carmagnole-Liberté Droits réservés
Détails techniques :
Photographie analogique en noir et blanc
Contexte historique
Né le 28 septembre 1920 à Varsovie, Maurice Bursztyn est le fils aîné d’une famille de Juifs polonais immigrée en France en 1922. Les deux fils, Maurice et Léon, et leurs parents Israel et Yochved Bursztyn obtiennent la nationalité française le 14 août 1930 au titre de la loi de 1927. Israel Bursztyn travaille comme tourneur sur bois puis comme marchand forain. Militant communiste, il est aussi administrateur et rédacteur du journal quotidien Naïe Presse (La Presse Nouvelle) imprimé en langue yiddish à Paris. La famille habite dans le XIe arrondissement de Paris. Maurice Bursztyn fréquente des organisations de jeunes juifs liés à la sous-section juive de la main-d'oeuvre immigrée (MOI) du Parti communiste comme le club sportif YASK (Yiddisher Arbeiter Sport Klub), club ouvrier juif affilié à la Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT) et la tsugubshul, patronage juif. Il travaille comme tourneur-ajusteur dans le quartier de Belleville.
Après l’invasion de l’URSS par l’armée allemande en juin 1941, les Jeunesses communistes (JC) s’organisent clandestinement même si les liens n’ont pas été rompus après l’interdiction du PC et de ses organisations affiliées en septembre 1939 par le gouvernement Daladier. À l’été 1941, le Parti communiste clandestin multiplie les manifestations publiques de rue pour apparaître au grand jour. Maurice Bursztyn participe à celle du 13 août 1941 organisée par les JC sur les Grands Boulevards à Paris au cours de laquelle Samuel Tyszelmann et Henri Gautherot sont arrêtés. Le 14 août 1941, Maurice Busztyn, Charles Wolmark et leurs compagnes mènent une campagne d’affichage en Normandie. Arrêtés le 16 août par la brigade de gendarmerie de Verneuil-sur-Avre (Eure) en possession de papillons, ils sont incarcérés à la maison d’arrêt de Bernay, déférés au parquet d’Evreux et placés sous mandat de dépôt. Leur dossier est transmis à la Kommandantur. Le 20 août 1941, Israel Bursztyn, le père de Maurice, est arrêté à Paris au cours d’une rafle par la police française et interné au camp de Drancy. La famille Bursztyn se voit retirer la nationalité française par le ministère de la justice (décret de mars 1942). Maurice et Charles disculpent Anna Wigdorowicz et Marguerite Wolmark qui mises hors de cause sortent libres. Jugés par un tribunal militaire allemand, Maurice Bursztyn et Charles Volmark sont condamnés en septembre 1941 à cinq ans de travaux forcés pour diffusion de tracts anti-allemands. Conduits au fort de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne), ils parviennent à s’évader le 6 décembre 1941. Quelques jours plus tard, le 15 décembre 1941, Israel Bursztyn, le père de Maurice, est fusillé avec une dizaine d’autres otages dont Gabriel Péri au Mont-Valérien à Suresnes en réponse à une série d’attentats. Yochved Bursztyn s’installe en zone Sud à Lyon. Léon Burzstyn, frère cadet de Maurice, milite dans les groupes de combat de l’Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide (UJRE). Déporté à Auschwitz en 1944, il meurt en 1945 quelques jours après son retour en France.
Munis de faux papiers, Maurice Bursztyn et Charles Wolmark franchissent en janvier 1942 la ligne de démarcation. Anna rejoint Maurice Bursztyn à Castres (Tarn) où ils deviennent parents. A partir de l’été 1943, la famille Bursztyn part à Grenoble où est implantée l’Union de la jeunesse juive. Maurice Bursztyn devient clandestin en octobre 1943 dans les rangs des FTP au sein du bataillon Liberté sous le pseudonyme de Berger. En décembre 1943, il est nommé chef de groupe avec le grade de sous-lieutenant. Au sein du triangle qu’il forme avec deux autres militants, il imprime sur une ronéo des milliers de tracts et le journal clandestin Jeune Combat, organe de presse de l’UJJ, jusqu’en juillet 1944. D’abord installé dans une ferme entre Voiron et la Buisse à Grenoble, le matériel est transféré boulevard Joseph Vallier à Grenoble. Durant le printemps 1944, il participe avec son groupe à des sabotages ferroviaires (sabotage par détirefonage de la ligne Grenoble-Veynes en janvier 1944, puis celle de Grenoble-Chambéry en mars 1944), à des sabotages industriels (destruction de machines-outils dans une scierie en février 1944 ; destruction de pylônes mai 1944) et à l’attaque de La Mure où des camions allemands transportant du charbon sont détruits. Arrêté par des miliciens le 24 juillet 1944, il réussit à leur fausser compagnie. Il rejoint alors le 5e bataillon du maquis de l’Oisans. Durant les combats de la Libération fin août-début septembre 1944, il participe avec les bataillons Liberté et Carmagnole à la libération de Grenoble, à l’insurrection de Villeurbanne et à la libération de Lyon. Le 7 septembre 1944, il est engagé dans les combats des bois de Jonage (Isère). Intégré à l’armée régulière, il est démobilisé le 20 avril 1945.
A la fin de la guerre, Maurice Bursztyn s’installe à son compte comme marchand forain, puis devient modéliste. Il est un membre actif de l’Amicale des bataillons Carmagnole-Liberté FTP-MOI. Il reçoit la croix du combattant colontaire 1939-1945 et la médaille des évadés. Il est nommé chevalier de la Légion d’honneur par décret du 1er avril 1983. Il meurt à Paris le 26 janvier 2001 à 81 ans.
Auteur : Hélène Staes
Sources et bibliographie
Service historique de la Défense, Vincennes, dossier individuel de Maurice Bursztyn, GR 16 P 98192.
Musée de la Résistance nationale, Champigny-sur-Marne, fonds Carmagnole-Liberté, carton 2.
Fondation de la Résistance / fonds Max Weinstein.
David Diamant, 250 combattants de la résistance témoignent, témoignages recueillis de septembre 1944 à décembre 1989, Paris, Éditions L’Harmattan, 1991.
Bruno Permezel, Résistants à Lyon, Villeurbanne et aux alentours. 2824 engagements, Lyon, BGA Permezel, 2003.
Annette Wieviorka, Ils étaient juifs, résistants, communistes, Paris, Perrin, 2018.
Site web du Mémorial de la Shoah.