Elèves de l’IME Château Milan à Montélimar

Légende :

Journal d’un groupe d’élèves de l’IME de Montélimar relatant l'intervention de l'équipe AERD (Association pour l’Étude de la Résistance dans la Drôme) sur la Résistance le 27 janvier 2011.

Genre : Image

Type : Journal de classe

Producteur : réalisation groupe C impro IME Château Milan (Mont

Source : © AERD Droits réservés

Détails techniques :

Photocopie couleur recto (verso en album) 21 x 29,7 cm.

Date document : mars 2011

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Montélimar

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Analyse média

En première page de leur journal de classe, qu’ils intitulent Dossier sur la Résistance, les élèves du groupe C impro de l’IME Château Milan (Montélimar), ont choisi une photo de leur groupe avec leurs enseignants, accueillant leurs invités (AERD, Association pour l’Étude de la Résistance dans la Drôme) venus leur parler de ce sujet, le jeudi 27 janvier 2011 ; ils sont au travail, dans la salle de classe.

De gauche à droite on reconnaît l’un des invités, Michel Seyve et, autour des tables disposées en « U » des élèves et un éducateur et Claude Seyve à l’ordinateur. Sont aussi dans la salle mais hors du champ photographié : …… Jean-Pierre Barthélemy – professeur d’école et responsable pédagogique recevant des stagiaires ( ? ) ; nom et fonction de l’animatrice.
Tout le monde est sur la photo de la page 2 du journal, présentée par ailleurs en album.

Hors du champ également, mais essentiel dans le travail habituel du groupe : l’équipement informatique de la salle – c’est-à-dire plusieurs ordinateurs disponibles pour des recherches individuelles ou par petits groupes – et une connexion à Internet ; l’ensemble est installé dans l’espace de part et d’autre de la photo. Le vidéo projecteur, manipulé par Claude Seyve, permet l’accès sur grand écran – face à l’assistance – de la documentation conservée dans le dvd-rom La Résistance dans la Drôme et le Vercors édité par l’AERD et l'AERI en 2007 ; simultanément, on a le loisir de consulter, grâce à un ordinateur à proximité des élèves, sur la droite de la photo (non visible), sur Internet, l’exposition "La Résistance dans la Drôme" du Musée de la Résistance en ligne (AERI).

Cependant, faute d’un câble de connexion Internet avec l’équipement ordinateur-vidéo projecteur ce jour-là, il n’a pas été possible de montrer aux élèves en grandes dimensions les images du Musée. Le Musée a donc permis de répondre à la plupart des questions mais l’impossibilité technique de porter l’image et par suite le document étudié sur le grand écran, a conduit à consulter assez fréquemment le dvd-rom qui permettait d’avoir une projection conséquente visible par tous. Ainsi, la vidéo de Joseph Coutton, le fusillé rescapé de Valréas ou les images des tampons fabriqués par Marcel Robert, normalien sortant de Valence, confectionnant des faux papiers au cours de sa clandestinité lyonnaise, ont suscité quelque émotion.

Les questions des élèves étant, au plan pédagogique, prioritaires, les échanges oraux ont pris le pas sur la projection elle-même, ce qui conférait souvent à la réponse du Musée un caractère attendu, le côté spectaculaire passant ainsi au second plan, l’aspect interactif jouant alors à plein.

Pourquoi ces adolescents ont-ils souhaiter nous recevoir peut-on se demander ? Pour avoir l’avis d’« experts », selon leur titre même… ? C’est beaucoup dire, bien que les études sur la Résistance dans la Drôme auxquelles nous avons participé au sein de l’AÉRD soient maintenant connues. Plus essentiel est sans doute que notre proximité géographique et, lié à cela, le fait que nous ayons recherché sur la Résistance locale dans ce cadre, permettait à ces jeunes de répondre plus directement à une curiosité louable : après une présence parisienne de la Résistance évoquée par le livre de Daniel Hénard, ainsi que la présence des maquisards dans la Nièvre, la question de savoir si leur propre pays, les lieux où ils vivent et qu’ils connaissent bien, pour lesquels ils ont des attaches affectives, étaient eux aussi le siège d’un patriotisme rebelle – ou non. « Le jardin public de la ville, le monument aux morts, la voie ferrée, la colline de Montceau… seraient-ils des lieux liés à la Résistance et en quel sens comme l’affirment nos hôtes ? », vont-ils peut-être se demander après notre départ...

Qq mots sur la confection du journal peut-être, son rayonnement dans la Maison, chez les parents, à l’extérieur.

Plus important pour la mémoire, du point de vue de sa construction active notamment, est sans doute le contenu du journal : en voici donc le texte. On remarquera l’infime place des compléments que nous avons été amenés à ajouter et, plus significatif, la perspicacité des questions posées ayant trait au milieu local mais, finalement aussi, à l’histoire générale !
D’abord le titre : « Dossier sur la résistance par le groupe C impro (1) Paroles d’expert… », puis le texte lui-même.

« Après avoir lu le roman « Roland le p’tit résistant » nous avons eu envie d’en savoir plus sur les actions de la Résistance dans la région de Montélimar. Pour cela nous avons invité dans la classe Mme et M. SEYVE qui nous ont parlé de cette époque difficile de l’histoire de France. Ils ont très gentiment accepté de répondre aux questions que nous avions préparées. Voilà ce qu’ils nous ont dit :

Comment les Résistants se procuraient-ils des armes ?
Il y avait une cache d’armes dans le bassin du jardin public de Montélimar. C’était des armes de l’Armée française. Il y a eu aussi des parachutages faits par les avions anglais. Alexandre

Pourquoi vous intéressez vous à la Résistance ?
C’est parce qu’on aime beaucoup l’histoire surtout quand elle correspond au moment de notre jeunesse. Nous sommes inscrits dans une association qui nous a beaucoup aidés dans nos recherches. Christelle

À partir de quels moments y a-t-il eu des Résistants à Montélimar ?
Il y a eu des Résistants à partir de 1943 à Montélimar. Les premiers Résistants se cachaient près de la colline de Montceau pour échapper au STO (Service du Travail Obligatoire en Allemagne ). Marine

Y a-t-il eu le Service du Travail Obligatoire à Montélimar ?
Oui, les jeunes de 18 ans étaient obligés de se déclarer volontaires. Il y a eu une manifestation d’une centaine de personnes à Romans contre le Service du Travail Obligatoire en 1943. C’était très courageux parce qu’ils pouvaient se faire arrêter par la police allemande. Romain

Avez-vous connu des Résistants ?
Oui, on a eu la chance d’en rencontrer pendant nos recherches. Le problème c’est qu’ils sont devenus âgés (en moyenne 90 ans) et qu’il faut se dépêcher de recueillir leur témoignage. Salvador

Quelles actions les Résistants ont accomplies dans la région ?
Les Résistants ont saboté les trains allemands à Donzère et à Montélimar. Ils ont faits sauter le pont de Livron. Ils volaient aussi des équipements dans les Chantiers de Jeunesse (camps qui remplaçaient le service militaire). Alexis

Y a-t-il eu des Juifs arrêtés à Montélimar ?
Oui, il y a eu des Juifs raflés à Montélimar pendant le début de l’année 1942. À Dieulefit, des enfants juifs étaient cachés. Une institutrice, Mme Barnier, leur procurait des faux papiers pour qu’ils ne soient pas arrêtés. Madisone [Note de C. et M. Seyve : Mme Barnier était secrétaire de mairie à Dieulefit. ]

Comment était la vie des Résistants ?
Ça dépendait ce qu’ils faisaient. Par exemple, Marcel Robert était un clandestin qui fabriquait des faux papiers. Il se cachait dans des chambres d’hôtel pour travailler et sortait très peu parce qu’il aurait pu se faire repérer par les Allemands. Quentin

Avez-vous participé à la Résistance ?
Non, pas directement, car nous étions trop jeunes (7 ans à l’époque) ; mais, nous avons souvent entendu nos parents parler des actions des Résistants. Sabrina

Après avoir gentiment répondu à nos questions, M. et Mme Seyve ont posé avec nous pour la photo souvenir. Puis, on est tous allé manger ensemble dans la salle des personnels. Ce fut une super matinée et nous les remercions encore pour leur disponibilité. »

Il est intéressant de souligner, comme on peut le constater en prenant connaissance de cette notice, que ce fait de mémoire, ce Dossier, a été précédé et sera suivi d’un travail d’approfondissement tout à la fois ancré sur le local, le régional (département) et le niveau national. Il faut noter aussi que les questions spontanées des élèves n’ont pas corseté la discussion qui a largement embrassé, par rebondissements, les faits locaux. L’une de leurs questions spontanées portait ainsi sur le nom des rues : qui sait actuellement que Raymond Daujat (nom de rue de la vieille ville) a trouvé la mort lorsque, dirigeant un groupe de Résistants sédentaires, il faisait dérailler un train au niveau du quartier des Grèzes ? C’était une action destinée à perturber les communications de l’occupant et à créer chez lui un sentiment d’insécurité. Qui sait que Emma Allègre offrait sa maison, rue Arc du Pin, comme boîte à lettres aux Résistants et comme cache à des clandestins, tel Raphaël Marchi (nom d’un rond-point sur les Allées Provençales), sa fille et ses fils ayant gagné le maquis dans le Nyonsais (l’Allée Emma Allègre rappelle ces actes).…


Auteurs : Claude Seyve, Michel Seyve

Contexte historique

Le groupe C impro de l’IME Château Milan travaillait sur la question de la Résistance sous sa forme littéraire, par le biais de la lecture du roman Roland le p’tit résistant, écrit par Daniel Hénard. Ceci depuis le 1er trimestre de l’année scolaire 2010-2011.

C’est effectivement un ouvrage dont la lecture suggère l’idée d’en savoir davantage sur le thème suggéré par le titre.

Une centaine de pages, format 15,4 x 19 cm, corps 14, d’abord facile, engageant même, dont la première de couverture est illustrée par la peinture d’un adolescent sympathique et à l’allure décidée, sur fond d’occupation et de guerre – à l’arrière plan, un officier allemand en observation à la droite de celui que l’on devine être Roland et, à sa gauche, une explosion suite à une probable action résistante.

L’histoire commence exactement le 14 juin 1943 : Roland Lepetit est un lycéen de la capitale qui a juste 15 ans ; « triste anniversaire, car il y a trois ans tout juste que les soldats allemands sont entrés dans Paris ». Des femmes et des hommes s’en prennent clandestinement à « l’occupant » dans la ville. Roland, lui également, joue des tours aux soldats allemands. Contraint de se rendre dans la Nièvre, « Roland découvre qu’à la campagne aussi la Résistance s’organise… Ce sont les maquisards. Roland brûle de devenir un des leurs, mais il est bien jeune… »

Comme il a été dit, le thème renvoie les enfants aux questions les plus variées sur la Résistance.

La photo donne une idée de la participation d’une partie du groupe, occupé autant à l’observation d’un document qu’à l’écoute des commentaires qui l’accompagnent. Ainsi, à la question des armes que les résistants devaient se procurer prioritairement – question posée à la Résistance nationale –, le Musée a répondu par l’évocation de la photo du Jardin public de 1910 et par le récit de l’expédition d’un sédentaire buxois – un fait à la fois local et régional –. Gaby Reynier, coiffeur de Buis-les-Baronnies, informé de la présence d’armes dans le lac du Jardin public de Montélimar (cache de l’Armée française dissoute en 1940), prend le petit train du Buis jusqu’à Orange et vient les chercher à Montélimar, une nuit ; puis il les ramène à son groupe de résistance locale pour contribuer à armer les maquis récemment créés dans le pays. Récit fort sans doute, mais suivi de questions qui ne le sont pas moins : où se trouve le Jardin et son « lac »… ? ! Qu’est-ce que vous appelez « Résistants sédentaires » comme Gaby Reynier ; y en avait-il à Montélimar ?... Ainsi, également, selon une démarche analogue, la manifestation du 11 novembre 1943 au monument aux morts de la ville, racontée par une participante, ancienne ouvrière du cartonnage Milou, résistante et bientôt membre du maquis Morvan. Des maquisards à Montélimar ? Oui,… des jeunes ouvriers travaillant au pont du Teil ont refusé de partir au STO en Allemagne à l’été 1943 et se sont planqués, aidés par des sédentaires, dans un abri de la colline (ici même, sur l’écran du Musée), toute proche, du Grand Montceau (un des premiers « maquis », dans la plaine de Montélimar) ?

… À chaque fait, à chaque nouvelle question des élèves, des rebondissements incessants.

Puis il a fallu, après la rencontre, reprendre les questions personnelles mentionnées plus haut et libeller une réponse concise pour le document publié, qui désormais va connaître un public élargi.

Cela conduit le groupe C impro en mars, à un autre projet, celui d’une visite au Musée de la Résistance à Romans : à nouveau un dossier publié en rend compte, dont l’album donne le témoignage.

Au moment de la fin de ce compte rendu, au début mai 2011, la lecture de l’ouvrage de Daniel Hénard se termine.


Auteurs : Claude Seyve, Michel Seyve
Sources : Roland le p’tit résistant, Daniel Hénard, 104 p, août 2000, éd Scolavose, imprimé en Italie ; Dvd-rom La Résistance dans la Drôme et le Vercors, éditions AERI-AERD, 2007. Journal "Dossier sur la résistance par le groupe C impro (1) Paroles d’expert…" et (2).