Analyse média

L’inscription des volontaires au Maquis de Vabre a été effectuée à partir du Jour J (6 juin 1944) sur un “Grand Livre” de comptes cartonné, utilisé dans l’industrie textile locale. Avec une témérité évidente, il était demandé à chaque volontaire (déjà sur place ou non) de faire enregistrer son identité réelle, son nom de code (le cas échéant), sa profession, ses parents, et les nom et lieu de résidence de la personne à joindre en cas d’accident. Après la Libération du Tarn, cette liste a été reprise sur un second “Livre de comptes” qui donnait en plus l’unité, le grade et le cursus de chacun. Les registres étaient sous la responsabilité d’une équipe administrative dirigée par Jean Bovis, alias Bosiflora, membre aussi du réseau d’évasion Françoise à Toulouse et qui sera membre du CDL de cette ville après sa Libération.

La page 5 du registre présentée ci-dessus comprend une partie des membres de la 1ère section. Elle illustre la pluralité de ce maquis : Français et étrangers, de tous âges, de toutes professions, de toutes religions. Deux de ces inscrits sont des prisonniers déserteurs de la Waffen SS. 

=> Retrouvez l’intégralité du registre des Maquis de Vabre, retranscrit en numérique. 

Contexte historique

Si l'on se réfère aux cahiers et archives de l'Amicale des Maquis de Vabre, on dénombre en 1944 quatre cent quarante-huit hommes dans ces maquis, à savoir quarante-deux officiers, trente-trois sous-officiers et trois cent soixante-treize maquisards (du 6 juin 1944 au 6 septembre 1944).

A ces chiffres, il faut ajouter les membres de l'AS, ainsi que les quinze hommes du commando américain parachutés le 6 août 1944 ; les hommes du PC du commandant Hugues (Dunoyer de Segonzac, commandant de la zone A du Tarn), ainsi que ceux du service du délégué militaire régional, Bernard Schlumberger, installé à Vabre depuis mai 1944.

Sur ces quatre cent quarante-huit hommes, quatre-vingt-sept Juifs composent la 2e Compagnie des Maquis de Vabre. La répartition des hommes dans les différentes compagnies de ce maquis, se comprend mieux dans le tableau ci-après :

Deux faits sont importants à souligner dans ces chiffres :

- d'une part, la relative faiblesse des effectifs juifs dans ce maquis (87 hommes sur 361), ce qui justifie, pour certains, la remise en cause du terme "maquis juif de Vabre" ;
- d'autre part, - et c'est sûrement l'aspect primordial -, la spécificité juive de cette 2ème Compagnie, dont la majorité des éléments (87 sur 138) est de confession israélite. Le cadre militaire est, lui-même, nettement formé de Juifs, les non-juifs faisant office de compléments ici. C’est bien la raison pour laquelle cette compagnie fut baptisée « Maquis juif de Vabre ».

Ces résistants juifs participent, aux côtés des autres résistants à toutes les actions de libération du territoire, et notamment à l’attaque du train de Mazamet, à la libération de Castres, et certains d’entre eux continuent la lutte en rejoignant le 12e Dragon et la 1ère armée.

Les Eclaireurs israélites de France, du scoutisme juif à la Résistance

Les Maquis de Vabre