Les Nathan, une fratrie au maquis
Légende :
Trois des quatre frères Nathan en 1944: de gauche à droite: Jean-Paul, Rémy, Philippe. L'aîné, Fabrice est absent. Au milieu, Rémy n'est pas en uniforme. Trop jeune, il était pourtant agent de liaison.
Genre : Image
Type : Photographie
Source : © Archives personnelles Hervé Nathan Droits réservés
Détails techniques :
Photographie analogique en noir et blanc
Lieu : France
Contexte historique
Fabrice Nathan est né le 17 octobre 1919 à Paris. Dès 1943, sous le nom de Paul Fabry, Robert Gamzon le charge de préparer le départ du chantier rural des Eclaireurs israélites de France (EIF) de Lautrec (interdit par Vichy) pour le maquis de Vabre. En avril 1944, avec Adrien Gensburger, il créé le maquis de Lacado. Il est sous-officier dans la 1ère section de la 2e compagnie du maquis de Vabre, la compagnie Marc Haguenau. Le 19 août 1944, avec le commandant Dunoyer de Segonzac, il s'illustre dans l'attaque du train allemand près de Mazamet et le lendemain dans la reddition de Castres.
Jean Paul Nathan est né le 16 mai 1921 à Paris. Journaliste, il s'occupe de la presse clandestine des Eclaireurs israélites de France (EIF) durant la période 1943-1944, sous le nom de Jean-Paul Aymon. Installé à Montredon Labessonnié après la fermeture du chantier rural de Lautrec où, sous la direction de Léo Cohn, aumônier charismatique des EIF, il rédige les journaux clandestins destinés aux enfants et adolescents cachés afin de maintenir le lien du judaïsme et de soutenir leur moral. Par la suite, il rejoint Lacado et le maquis de Vabre. Après avoir œuvré à la libération de Castres, il poursuit le combat comme volontaire, participe à la campagne des Vosges et à la libération de Belfort. Il rédigea un opuscule « Un éclaireur au maquis », dans lequel il fait parler un jeune EI étranger : "J'étais Allemand... Après, j'ai été Juif traqué... qu'est-ce que j'ai connu de la France ? Les camps de Gurs et de Rivesaltes, les salauds de la Légion, les gardiens et les officiers de Vichy... Quand j'étais petit en Allemagne, j'apprenais dans les livres de classe que la France était le pays de la liberté... La révolution de 1789, la fraternité... tous les hommes égaux. Si tu savais comme je l'aimais cette France que je ne connaissais pas... et comme je l'ai détestée ensuite... Mais, je me trompais. Ce n'était pas la France. La France, c'est cette poignée d'hommes que j'ai rencontrés dans la montagne, ces paysans de Lacaze et de Viane, tous ces hommes de cœur qui nous protègent, nous ravitaillent, ces pasteurs protestants et ces prêtres qui cachent les petits enfants juifs, ces jeunes gens qui auraient pu rester tranquilles dans leur campagne et qui pourtant ont préféré se battre... Et vois-tu, ces hommes de la montagne, c'est la France !" Au-delà de la reconnaissance et de l'admiration, mais aussi au-delà de l'amour que l'on peut lire à travers ces dernières phrases, on peut avoir ici une idée des motivations de ces Juifs étrangers, et du patriotisme inhérent d'un même combat.
Philippe Nathan, né le 30 octobre 1925 à Paris, intègre aussi la 2e compagnie du Maquis de Vabre. Il participe à la défense de Laroque le 8 août 1944 suite à la brutale attaque allemande qui se solde par la mort de sept de ses camarades (juifs et non juifs). Avec ses frères, il participe à la libération de Castres et de Mazamet puis continue la lutte contre les Allemands jusqu’en octobre 1944.
Né le 26 novembre 1926 à Paris, Rémi Nathan est le plus jeune des frères Nathan. Il rejoint aussi le maquis de Vabre le 7 juin 1944, d’abord en qualité d’agent de liaison du lieutenant François Harlan, puis en étant chargé du ravitaillement dans la section services de la Compagnie Haguenau. Il participe aux combats aux côtés de ses frères pour libérer Castres et Mazamet.
Auteur : Valérie Pietravalle
Sources et bibliographie :
Valérie Ermosilla (Pietravalle), La Résistance juive dans le Tarn 1939-1944, réalités et représentations, mémoire de maîtrise sous la direction de Pierre Laborie et Jean Estèbe, Université Toulouse Le Mirail, 1987.
Entretien de l’auteur avec Hervé Nathan.