La libération de Castres, 20 et 21 août 1944
Légende :
Après la libération de Castres, les maquisards de la compagnie Marc Haguenau sont acclamés par la population, 21 août 1944.
Genre : Image
Type : Photographie
Source : © Mémorial de la Shoah, Paris (France) Droits réservés
Détails techniques :
Photographie analogique en noir et blanc
Date document : 21 août 1944
Lieu : France - Occitanie (Midi-Pyrénées) - Tarn - Castres
Contexte historique
Depuis le 6 juin 1944, la résistance et l’action des maquis se sont amplifiés dans le Tarn et deux pôles se distinguent : au nord, Albi, Carmaux et sa région, au sud, Castres-Mazamet avec les actions coordonnées par le Commandant Hugues (Dunoyer de Segonzac), qui bénéficie de l’appui d’un commando américain arrivé début août 1944 lors d’un parachutage sur Virgule, près de Vabre. Le 12 août 1944, il attaque les Allemands aux environs du Rialet à Betches. Deux morts sont à déplorer au sein du commando américain, ce qui trompe les Allemands persuadés que les troupes américaines sont nombreuses dans la région. Ils n’ont plus seulement face à eux des "terroristes" comme la propagande Vichyste et allemande présentait les résistants, mais des soldats d’une armée étrangère.
Le Commandant Hugues poursuit sa tactique de harcèlement de l’ennemi, et le 14 août, il attaque la garnison allemande du barrage du Vintrou à Ventenac. Cette audacieuse embuscade qui tue une douzaine d’Allemands participe à leur démoralisation générale. Voir ainsi des résistants bien préparés et bien armés les attaquer frontalement, sans crainte, les inquiète au plus haut point surtout dans un contexte de retraite accentué par le débarquement du 15 août 1944.
Le premier exploit de taille est marqué par la reddition des Allemands lors de l’attaque du train de Mazamet vers Castres, dans la nuit du 19 au 20 août. Ce succès participe à la libération de ces deux cités. Le dimanche 20 août, dès le matin, les commandants Durenque et Legueux font transmettre un message au colonel de la garnison allemande de Castres, lui annonçant qu’il est encerclé par des troupes nombreuses et prêtes à un combat féroce et sans merci. À 18 heures, le Commandant Hugues et monsieur Houpe, sans armes et sans escorte, se rendent au Grand-Hôtel, siège de la Kommandantur, et invitent le colonel à se rendre, le menaçant d’une attaque imminente de tous les maquis. Ils amplifient volontairement l’appui des Américains les présentant comme nombreux, alors qu’ils ne sont en réalité qu’une douzaine. Le 20 août au soir, Pol Roux (Guy de Rouville) et Campagne (Henri Combes), en uniformes de capitaines de l’Armée régulière avec brassard du CFL 10, obtiennent le désarmement par les gradés allemands eux-mêmes. Ainsi 86 officiers et plus de 4200 hommes, se rendent à quelques 300 maquisards, le matin du 21 août 1944. La population est en liesse et les prisonniers allemands, les hommes de troupe, sont conduits à partir de 10 h du matin, au stade du Castres Olympique. Ils s’installent sur le terrain avec leurs tentes et leurs bagages. Quant aux officiers ils sont conduits à Vabre.
Les résistants juifs participent avec fierté au défilé du 21 août, à Castres, acclamés, tout comme les autres maquis, par la foule ivre de joie. Le 30 août, le maquis de Vabre est désigné pour tenir la ville de Castres. La première et la deuxième Compagnie (Marc Haguenau), désignées pour tenir la cité, s’installent dans l’aile Est du Quartier Fayolle. Mais il faut vaincre définitivement l'ennemi, au-delà des limites du département et de la France même. Ainsi, la majorité du peloton juif du CFL 10 s'engage totalement dans la lutte, intégrant le 12e Régiment de Dragons sous le commandement de Hugues (Dunoyer de Segonzac). Parti de Castres le 6 septembre 1944, ce 12e Dragons rejoint la Première Armée française à Lure. Traversant les Vosges, et marchant vers le Rhin, le 12e Dragons se couvre de gloire au cours de ses combats.
Auteur : Valérie Pietravalle
Sources et bibliographie :
Valérie Ermosilla (Pietravalle), La Résistance juive dans le Tarn 1939-1944, réalités et représentations, mémoire de maîtrise sous la direction de Pierre Laborie et Jean Estèbe, Université Toulouse Le Mirail, 1987.
Archives de l’amicale des maquis de Vabre et site du Dr Serres
Site "place à Pierre Cormary"