Charles Claude Lévy et Raymond Lévy
Légende :
Photographies anthropométriques des frères Claude et Edmond Lévy, Toulouse, 9 décembre 1943
Genre : Image
Type : Photographie
Source : © Archives départementales de Haute-Garonne, 3351W499 Droits réservés
Détails techniques :
Photographies analogique en noir et blanc
Date document : 9 décembre 1943
Lieu : FranceHaute-Garonne
Contexte historique
Charles Claude Lévy (prénom usuel : Claude) est né le 21 mars 1925 à Enghien-les-Bains (Seine-et-Oise). Son frère Raymond est né le 21 mars 1923 à Paris. Ils sont les fils de Raphael Lévy, né le 21 février 1874 à Smyrne (Turquie) et de Lucie Calef, née le 20 octobre 1883 à Smyrne, tous deux de confession juive.
Peu après l’offensive allemande de mai 1940, la famille quitte Paris pour Limoges. Sur la route de l’exode elle subit mitraillages et bombardements. Au lycée de Limoges, Claude est confronté pour la première fois à une manifestation antisémite. De Limoges la famille part à Lyon. Vers la mi 1942, les deux frères cherchent à contacter la Résistance.
Raymond tente de franchir les Pyrénées ; arrêté, il est emprisonné quelque temps à Marseille.
Claude rencontre à Lyon le rabbin Schoenberg qui le met en relation avec l’abbé Marty, et à travers lui avec le mouvement Combat. Parallèlement, il entre dans une organisation qui prépare de jeunes juifs sionistes aux métiers agricoles en vue d’émigrer en Palestine. Il se rend dans une ferme près de Lyon, puis une autre dans le Tarn. Il termine son périple à la fin du premier semestre 1942 dans une ferme près de Moissac (Tarn-et-Garonne) où il retrouve Raymond.
Face aux rafles qui se multiplient, la question du passage en Espagne ou au maquis devient vitale. Au printemps 1943, Raymond rencontre à Toulouse un communiste, ‘’Jacques’’ (identité non élucidée) qui le convainc de rejoindre la 35e Brigade FTP-MOI, s’il souhaite passer à l’action immédiate. Il fait savoir à Claude qu’il peut le rejoindre. Fin octobre 1943, Claude arrive à Toulouse ; il rencontre aussitôt Jacob Insel, un des responsable de la 35e Brigade.
Raymond, alias Jeannot, participe à de nombreuses actions dont :
• 18 octobre 1943 : tentative d’exécution du chef, Bru, de la section toulousaine de la Légion française des Combattants.
• 3 novembre : exécution d’un soldat allemand, boulevard de Strasbourg à Toulouse.
• 1er décembre : sabotage de pylônes électriques en région toulousaine, avec son frère Claude.
• 5 décembre 1943 : sabotage de 13 locomotives en gare Matabiau à Toulouse.
Claude participe notamment aux opérations suivantes :
• 5 novembre 1943, avec Axel Mondy : dépôt de bombes au siège de la Milice à Toulouse. Plusieurs miliciens sont tués.
• 13 novembre : exécution d’un soldat allemand en représailles de la fusillade de quatre résistants condamnés à mort par le Tribunal Militaire Allemand siégeant à Toulouse.
• 14 novembre : exécution à Toulouse de l’ex général Philippon, cadre de la Milice.
• Début décembre 1943 : Victor Bardach dit Jean Gerhard, commandant militaire de la 35e Brigade, décide de dévaliser la caissière qui apporte l’argent de la poste principale de Toulouse au bureau des chèques postaux. Le 7 décembre, Claude arrache la sacoche de la caissière, enfourche son vélo et emprunte l’itinéraire de repli, comptant sur la protection de deux autres combattants. Poursuivi par un policier motocycliste et un passant, il est arrêté et conduit à l’intendance de police où le commissaire Fournera l’interroge très violemment. Il ne dit rien d’essentiel. Il déclare se nommer Paul Cabanel, conformément à sa carte d’identité.
Les policiers découvrent à son domicile une grenade et divers documents, ainsi que l’adresse de son frère Raymond. Le 10 décembre 1943, une souricière est organisée au domicile de Raymond, lequel arrive porteur d’une carte d’identité au nom d’Edmond Lormand, d’un pistolet et d’une grenade. Dans sa chambre sont découverts une autre grenade, une cartouche de dynamite et des rapports d’opérations. Peu après, Jacob Insel et Enzo Lorenzi (alias Robert le blond) se présentent. Ce dernier parvient à s’enfuir mais Jacob Insel est pris.
Le 23 décembre 1943 les deux frères Lévy sont incarcérés à la prison Saint-Michel de Toulouse, jusqu’à leur déportation le 3 juillet 1944. Le convoi est connu par la suite comme "Le Train Fantôme" : il a mis près de deux mois pour parvenir à Dachau. Dans ce convoi, ils retrouvent des camarades de la 35e Brigade. Ils tentent de rester groupés. Le 25 août 1944, ayant réussi à percer le plancher de leur wagon, Claude, Raymond et sept autres déportés se laissent tomber sur la voie, peu après la gare de Lecourt (Haute-Marne). Pris en charge par des paysans, ils réussissent à rejoindre Toulouse quelques jours après sa libération.
Après la guerre Claude Lévy devient médecin biologiste et écrit sur l’histoire de la 35eme brigade. Raymond Lévy devient éditeur d’art.
Auteur : André Magne
Sources et bibliographie :
Service Historique de la Défense, Vincennes : GR 19 P 31-24 (dossier de la 35e Brigade).
Service Historique de la Défense, Vincennes : GR 16P 370278 (dossier individuel).
Service Historique de la Défense (Vincennes) : GR 16P 370630 (dossier individuel).
Claude Lévy, Les parias de la Résistance, Calmann-Lévy, 1970.
Jean-Yves Boursier, La guerre de partisans dans le sud-ouest de la France 1942-1944 - La 35e Brigade FTP-MOI, Paris, L’Harmattan, 1992.