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Retour du religieux dans l'école publique

Légende :

Circulaire du secrétaire d’État à l'Instruction publique présentant la loi introduisant l'enseignement religieux dans les écoles publiques.

Genre : Image

Type : Directive officielle

Source : © Archives départementales des Bouches-du-Rhône, 76 W 48 Droits réservés

Date document : 27 janvier 1941

Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Bouches-du-Rhône - Marseille

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Analyse média

Jacques Chevalier, secrétaire d’État à l'Instruction publique, aux beaux-arts et à la jeunesse du 13 décembre 1940 au 22 février 1941 précise dans cette circulaire datée du 27 janvier 1941 les modalités d'application de la loi du 6 janvier 1941 qui introduit un enseignement religieux optionnel dans les locaux des écoles primaires publiques. Il l'adresse non seulement aux autorités en charge de l'instruction publique, recteurs et inspecteurs d'académie mais aussi aux préfets qui représentent l'Etat dans les départements et qui devront veiller à l'application de la loi.
Pour justifier les mesures nouvelles, Jacques Chevalier se livre en préambule à une critique de l'article 2 de la loi du 28 mars 1882. Il était prévu que les écoles primaires publiques disposeraient d'un jour de congé par semaine, le jeudi, afin de permettre aux parents qui le souhaitaient de faire donner à leurs enfants un enseignement religieux. La loi prévoyait également que les écoles privées ne pouvaient imposer l'enseignement religieux mais leur laissaient la liberté d'organisation dans ce domaine. Le législateur limitait dans le temps et l'espace la place accordée à l'enseignement religieux. L'enseignement religieux relevait de la sphère privée.
D'emblée, Jacques Chevalier rejette cette organisation en mettant sur le même plan l'instruction générale et l'instruction religieuse : « Comme tous les enseignements qui s'adressent à de jeunes intelligences et dont l'action pour être profitable, doit être à la fois répétée et progressive, l'instruction religieuse ne peut être donnée utilement durant la seule journée du jeudi. » Il agit dans l'intérêt des enfants, par « simple mesure d'humanité ».
La loi prévoit de réintégrer la journée du jeudi dans l'horaire scolaire. La matinée du jeudi sera consacrée à l'enseignement religieux. L'enseignement général céderait par ailleurs une heure et demie par semaine à l'enseignement religieux, placé en début de journée mais récupérerait les trois heures de l'après-midi du jeudi. L'enseignement général serait donc gagnant d'après Jacques Chevalier. En réalité il n'en est rien. Le sixième paragraphe des modalités d'application précise que pour ne pas augmenter les services des enseignants des écoles publiques, et permettre aux œuvres religieuses ou laïques qui encadrent les enfants le jeudi de poursuivre leurs activités, les classes vaqueront « à titre transitoire » le jeudi après-midi. L'enseignement général est donc bien amputé d'une heure et demie par semaine au profit de l'enseignement religieux.
Le secrétaire d’État entend une application immédiate de sa circulaire.


Auteure : Sylvie Orsoni

Contexte historique

L'arrivée au pouvoir du maréchal Pétain permet aux adversaires de l'école publique républicaine de prendre leur revanche sur une école laïque qui avait « chassé Dieu des écoles ». Jacques Chevalier, catholique militant et intégriste, modifie dès le 23 novembre 1940 les programmes d'instruction morale à l'école primaire qui devront enseigner « les devoirs envers Dieu » avant de faire de l'enseignement religieux un enseignement optionnel compris dans les horaires scolaires. Jacques Chevalier feint de prendre en compte l'intérêt des enseignants, qui auraient du travailler le jeudi après midi et des différentes associations religieuses ou laïques qui encadraient les enfants pendant ce temps libre, pour amputer l'enseignement général d'une heure et demi au profit d'un enseignement religieux qui reste cependant optionnel. Une autre loi datée du 6 janvier 1941 permet aux municipalités de subventionner les écoles privées. Le successeur de Jacques Chevalier, Jérôme Carcopino, se montre plus modéré. Dans les programmes d'instruction morale à l'école primaire, les devoirs envers Dieu sont remplacés par « les valeurs spirituelles : la patrie, la civilisation chrétienne. » La loi du 10 mars 1941 prévoit que l'enseignement religieux qui n'est plus que facultatif sera délivré en dehors des locaux scolaires. En revanche, la loi du 2 novembre 1941 poursuit l'intégration des écoles privées et de leurs enseignants dans le cadre de l'instruction publique en permettant aux établissements privés de recevoir des subventions des municipalités et en promettant un rattrapage des salaires aux enseignants du privé.


Auteure : Sylvie Orsoni

Sources
Barreau Jean Michel, Vichy contre l'école de la République, Paris, Flammarion, 2000.
Mencherini Robert, Vichy en Provence,Midi rouge, ombres et lumières, 2, Paris, Syllepse, 2009.