Révocation d'une institutrice communiste
Légende :
L'inspecteur d'académie annonce au préfet la révocation d'une institutrice condamnée par le tribunal militaire pour activité communiste,
Genre : Image
Type : correspondance administrative
Source : © archives des Bouches-du-Rhône, 4 M 2436 Droits réservés
Date document : 19 avril 1940
Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Bouches-du-Rhône - Marseille
Analyse média
L'inspecteur d'académie informe le préfet des Bouches-du-Rhône qu'il propose la révocation d'une enseignante déjà condamnée par le tribunal militaire pour activité communiste. Il se fonde sur le jugement rendu par la justice militaire et ne cherche pas à savoir quels sont exactement les actes commis par l'enseignante qui, à l'issue de sa peine de prison, se trouvera sans emploi. L'inspecteur d'académie tient visiblement à montrer au représentant de l'Etat qu'il participe sans faiblesse à la répression des militants ou sympathisants communistes.
Auteure : Sylvie Orsoni
Contexte historique
A la suite du pacte germano-soviétique (23 août 1939) qu'il justifie, le Parti communiste français est présenté comme un parti de l'étranger. L'entrée en guerre de la France, le 1er septembre 1939, amène le ministre de l'Intérieur à prendre le 26 septembre un décret prononçant la dissolution du Parti communiste et de toutes les organisations et publications qui lui sont liées, organisations de jeunesse, sportives, culturelles, féminines et bien sûr la société d'édition du quotidien communiste L'Humanité . Le décret du 26 septembre vise dans son article premier la Troisième Internationale. L'interdiction du Parti communiste français est ainsi justifiée par ses liens avec une organisation internationale dirigée depuis Moscou. Le Parti communiste est considéré comme l'émanation d'une puissance étrangère et non comme un parti français. L'article premier interdit toute activité liée directement ou indirectement à la Troisième Internationale. L'article trois interdit la diffusion et même la détention de tout écrit relevant des organisations dissoutes. La détention des publications interdites suppose la poursuite d'activités communistes. L'enseignante est condamnée pour infraction à ces deux articles. L'article quatre du décret prévoit des peines d'emprisonnement de un à cinq ans de prison et des amendes allant de 100 à 5 000 francs. La condamnation se situe dans la fourchette haute : trois ans et demi sans sursis. L'amende semble très faible mais la révocation qui suit cette condamnation prive mademoiselle Cellard de son emploi et constitue une sanction bien plus lourde.
Auteure : Sylvie Orsoni
Sources
Mencherini Robert, Midi rouge, ombres et lumières 1. Les années de crise, 1930-1940, Paris, éditions Syllepse, 2004.