Jacques Pillé, élève du lycée Thiers de Marseille, membre du réseau de l'abbé Blanc, septembre 1942

Genre : Image

Type : photographie

Source : © archives privées famille Pillé Droits réservés

Date document : septembre 1942

Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Bouches-du-Rhône - Marseille

Ajouter au bloc-notes

Analyse média

Jacques Pillé naît le 24 mars 1926 à Nice. Après avoir réussi le concours d'entrée en sixième, il suit une scolarité au lycée Masséna jusqu'en troisième. En 1941, sa famille quitte Nice pour Marseille. Jacques Pillé devient élève au lycée Thiers où il se lie d'amitié avec Pierre Mouren. Les deux jeunes gens sont révoltés par la politique de collaboration du gouvernement de Vichy. Ils collent des affichettes, inscrivent des slogans hostiles sur les murs. Le 14 juillet 1942, Jacques Pillé participe avec enthousiasme à la manifestation sur la Canebière. Les jeunes gens souhaitent un engagement plus profond. Ils suivent des cours de latin-grec donnés par l'abbé Louis Blanc. Ce dernier a fondé un réseau de renseignements (voire contexte historique). En novembre 1942, Pierre Mouren fait entrer Jacques Pillé dans le réseau.

Les jeunes gens effectuent des missions de renseignements (mouvements des gares, des ports, effectifs allemands), de propagande (collages d'affichettes, diffusion de tracts), interception de correspondances d'agents de la Gestapo. Le 27 août 1943, Jacques Pillé et Pierre Mouren surveillent le domicile de l'abbé Blanc au 10 cours Julien, à proximité du lycée Thiers car une réunion doit se tenir. Les résistants ignorent que le réseau a été infiltré. Tous les participants sont arrêtés. Jacques Pillé est conduit avec ses camarades au 425 rue Paradis. Là, Dunker, Delage, par provocation, lui montre tout l'organigramme du réseau que ses services ont reconstitué.

Incarcéré à la prison Saint Pierre de Marseille, Jacques Pillé est transféré au camp de Compiègne avant d'être déporté le 21 septembre 1943 au camp de Neue Bremm près de Sarrebruck, camp où les tortures de prisonniers étaient de règle. Le 7 janvier 1944, il est envoyé à Buchenwald sous le matricule 32 377. Pierre Mouren suit un parcours similaire avant d'être transféré à Dachau où il meurt le 24 février 1945. Jacques Pillé découvre l'existence de l'organisation clandestine de résistance dans les jours qui précèdent la libération du camp. Il en suit les mots d'ordre, échappant ainsi à l'évacuation du camp par les SS et aux marches de la mort. Le 11 avril 1945, avec d'autres prisonniers, il profite de la débandade des gardiens du camp pour se glisser par une brèche entre les barbelés et assister à l'arrivée de soldats américains. Rapatrié en France le 5 mai 1945, Jacques Pillé regagne Marseille en 1946. Il adhère à l'Union de la Jeunesse républicaine, liée au PCF puis au Parti communiste français. Devenu intendant universitaire, Jacques Pillé effectue sa carrière au lycée professionnel Frédéric Mistral tout en menant une activité syndicale jusqu'à sa retraite en octobre 1982. Membre du comité national de la Fédération nationale des déportés, internés et résistants et secrétaire de la branche provençale, Jacques Pillé témoigne dans les établissements scolaires de 1983 à 2011.

Médaillé de la résistance, titulaire de la croix du combattant volontaire, Jacques Pillé reçoit la Légion d'honneur le 17 avril 2015.


Auteure : Sylvie Orsoni

Contexte historique

Le parcours de Jacques Pillé est celui de nombreux résistants fait de hasards, de rencontres, d'amitié et de trahison. Jacques Pillé et son camarade, Pierre Mouren commencent par des actes individuels de résistance puis rejoignent une organisation de résistance au hasard des rencontres. Leur professeur de latin-grec, l'abbé Louis Blanc, a monté un réseau de renseignements. Dans le témoignage qu'il livre au comité d'histoire de la Seconde Guerre mondiale, l'abbé Blanc fait état des différentes activités de son réseau (renseignements, filières d'évasions par l'Espagne, sabotage de matériel, fabrication de faux papiers grâce à des complicités au commissariat du 7e arrondissement de Marseille), diffusion de tracts anti allemands).Il ne cache pas qu'il échappe de peu à une arrestation le 15 mars 1943 à la suite d'une dénonciation mais qu'il regagne ensuite son PC du 10 cours Julien après s'être caché quelques temps. Il y poursuit ses réunions jusqu'au coup de filet du 27 août 1943. En réalité, Dunker-Delage, membre de la SIPO-SD (Gestapo), avait placé auprès de lui des agents français qui se font passer pour des envoyés du général Giraud. L'abbé Blanc les associe à ses réunions et leur transmet nombre de renseignements sur les membres de son réseau jusqu'au coup de filet du 27 août 1943. Cela explique que Dunker ait pu montrer à Jacques Pillé, dans une volonté d'humiliation, l'organigramme de l'organisation. L'abbé Blanc fut déporté à Buchenwald puis après avoir participé aux marches de la mort, libéré en Bavière le 8 avril 1945 et rapatrié en juillet 1945.


Auteure : Sylvie Orsoni

Sources
https://maitron.fr/spip.php?article 241686, notice Pillé Jacques par Micheline Absous, version mise en ligne le 23-7-2021
Echinard Pierre, Orsoni Sylvie, Dragoni Marc, Le lycée Thiers, 200 ans d'histoire, Aix-en-Provence, Edisud, 2004.
Mencherini Robert, Résistance et Occupation (1940-1944). Midi Rouge, ombres et lumières, tome 3, Paris, Syllepse, 2011.
Mencherini Robert, "Autour de l'abbé Blanc", in Chemins de mémoire, www.cheminsdemémoire.gouv.fr