Groupe de partisans et d'évadés du camp d'Auschwitz, dans le massif montagneux de Babia Gora, Pologne,1944.
Légende :
Photo du détachement d' Adam Rysiewcz, Teodor, un des fondateurs du Comité d'Assistance aux détenus des camps de concentration, Babia Gora, Pologne, 1944, auteur inconnu.
Type : photo argentique
Producteur : MUREL
Source : © musée d'Auschwitz Droits réservés
Date document : postérieur à septembre 1944
Lieu : Pologne
Analyse média
Cette photo dont l'auteur demeure inconnu a été prise dans le massif montagneux de Babia Gora situé au sud de la Pologne, à la frontière slovaque. Parmi les partisans, deux détenus du camp d'Auschwitz : Tadeusz Uszynski, Cygan,( 5e à partir de la droite en pardessus clair) et Kazimierz Szwemberg( 2e à partir de la gauche). Ces deux détenus se sont évadés en septembre 1944. Ils ont été convoyés par la résistance polonaise au sud du pays pour rejoindre un détachement de partisans.(voire contexte historique)
Sylvie Orsoni
Contexte historique
Sur la création et le développement du complexe d'Auschwitz-Birkenau, voire le contexte historique de la notice « photo de femmes devant la chambre à gaz ».
Dés l'arrivée des premiers contingents de prisonniers polonais, de premiers noyaux de résistance se créent parmi les militaires de carrière et des militants du Parti socialiste d'avant guerre. De petites organisations se développent en fonction des options politiques d'avant-guerre. Les déportés venus de toute l'Europe s'organisent en groupes de langue fin 1942-début 1943. Ils fusionnent en mai 1943 et forment le Groupe de Combat Auschwitz. Les groupes polonais acceptent en 1944 d'entrer dans un conseil de coordination, « Conseil militaire du Camp ».
Les mouvements de résistance ne pouvaient exister qu'avec l'aide de la résistance polonaise hors du camp. Là aussi, les officiers de réserve sont à l'origine de la première organisation : l'Union de la Lutte armée qui devient en 1942 l'Armée de l'Intérieur ou AK. Le Parti socialiste polonais( PPS), les partis paysans, le parti communiste( Parti ouvrier polonais) créent leurs propres structures. Malgré les antagonismes politiques très vifs qui les opposent, les différentes organisations de résistance coopèrent dans l'assistance aux détenus et en particulier l'organisation d'évasion.
Dés 1940, la résistance intérieure au camp noue des contacts avec la résistance extérieure . De nombreux civils polonais travaillent dans les usines allemandes gravitant autour du camp. Ils effectuent aussi des tâches dans le camp, en particulier dans le secteur administratif . Ils sont ainsi en contact avec les détenus qui sont utilisés dans ces deux secteurs. C'est par Auschwitz I où se trouvent les organes centraux du complexe d'Auschwitz que les informations circulent. La plupart des évasions eurent lieu à partir de chantiers à l'extérieur du camp.
La réussite dépendait de la prise en charge rapide par la résistance extérieure. Tous les détenus n'avaient pas une chance égale de réussir leur évasion et d'être sauvé par la résistance polonaise. Les Polonais non juifs étaient ceux qui avaient le plus d'atouts. Kazimierz Szwemberg s'évade alors qu'il travaille dans une mine de charbon et est pris en charge par les agents de liaison du PPS de Brzeszcze. Il est caché par la famille Nikiel à Skidzin avant d'être acheminé à Cracovie et de là rejoindre le groupe de partisans de Babia Gora à la frontière slovaque où il retrouve un autre détenu :Tadeusz Uszynski, Cygan.
Le site polonais du musée d'Auschwitz estime que 928 détenus ont tenté de s'évader, 878 hommes et 50 femmes. Les Polonais sont les plus nombreux, 438 dont 11 femmes. Les prisonniers de guerre soviétiques constituent le deuxième contingent avec 158 tentatives devant les Juifs représentés par 150 personnes.Plus de huit nationalités ou groupes figurent parmi les détenus qui ont tenté une évasion. 433 détenus au moins furent abattus pendant ou après leur tentative d'évasion. Il est impossible de connaître le sort de 254 personnes après leur sortie du camp.196 ont réussi leur évasion et la majorité était en vie à la fin de la guerre. Ces évasions eurent une grande importance dans la connaissance du génocide en cours à Auschwitz car les évadés acheminaient avec eux rapports et documents qui étaient ensuite transmis aux Alliés.
Sylvie Orsoni
Sources
Auschwitz,camp hitlérien d'extermination, éditions Interpress, Varsovie, 1986
Etude de cas : le complexe d'Auschwitz-Birkenau (1940-1945), Mémorial de la Shoah.www. Enseigner-histoire-shoah.org
Evasions et rapports, www.auschwitz.org
KL Auschwitz,documents photographiques, Krajowa Agencja Wydawnicza Warszawa 1980.
Piper Frantciszek, « Auschwitz- Birkenau : lieu de mémoire et musée », Revue d'histoire de la Shoah, 2004/2(n° 181), p 145-155
Poliakov Léon (présenté par), Auschwitz,éditions René Julliard, collection Archives, Paris 1964