Analyse média

Chaque internée à l'hôtel Bompard (voire contexte historique) faisait l'objet d'une fiche qui lorsqu'elle est complètement renseignée permet de retracer l'itinéraire des réfugiés à travers l'Europe.

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Comme beaucoup de Polonaises juives, PessaAltz (ou Pesa) transite par Anvers avant de chercher refuge en France en octobre 1941. Juive et étrangère, elle est internée au camp de Rivesaltes (Pyrénées orientales) puis transférée au centre Bompard, afin d'accomplir les formalités d'émigration vers Cuba. Sa fiche fait mention de visas cubain, bolivien et espagnol délivrés entre juin et octobre 1941.  Les visas cubain et bolivien indiquent la destination finale envisagée par PessaAltz Le visa espagnol est un visa de transit. Aucun visa de sortie du territoire français, pourtant indispensable, n'est mentionné. Aucune place sur un bateau en partance de Marseille ou de Lisbonne n'apparaît. Veuve accompagnée de sa fille et de quatre fils internés aux Milles, PessaAltz ne devait pas disposer des fonds nécessaires. La date de sortie du centre Bompard (5 août 1942) signifie que PessaAltz a été transférée au camp des Milles à destination de Drancy. Le convoi transportant PessaAltz, ses cinq enfants et 257 internés du camp des Milles part des Milles entre le 10 et le 11 septembre, il transite d'abord par le camp de Rivesaltes puis arrive à Drancy, via Toulouse, Montauban, Cahors, Vierzon, le 15 septembre 1942. PessaAltz est déportée vers Auschwitz le 16 septembre par le convoi n° 33 avec sa fille Jenny (22 ans) et ses quatre fils   Isy (19 ans), Léon (21 ans), Joseph (28 ans), Mosès (31 ans).

Contexte historique

En juin 1940, l'hôtel Bompard, situé rue des flots bleus dans le 7e arrondissement de Marseille est réquisitionné pour recevoir des femmes ressortissantes de pays ennemis ou étrangères. 150 Autrichiennes, sont bientôt rejointes par des Italiennes et des ressortissantes de diverses nationalités.  A partir de novembre 1940, l'hôtel Bompard devient un centre de transit pour les femmes et les enfants en instance d'émigration. Il est administrativement rattaché au camp des Milles où sont internés les hommes et les garçons de plus de treize ans.  C’est un centre fermé. Les sorties sont cependant autorisées pour effectuer les démarches indispensables à l'émigration auprès des consulats afin de se procurer les visas d'émigration et de transit, auprès des compagnies de navigation pour acheter les places sur les bateaux en partance ou auprès des différentes œuvres de secours qui fournissaient aidaient les plus démunis à payer la traversée et enfin auprès des autorités françaises qui accordent le visa de sortie du territoire.

PessaAltz et ses enfants échouent dans leur tentative d'émigration. Ils sont pris au piège lorsque le 16 juin 1942, René Bousquet accepte le principe de faire arrêter 10 000 juifs étrangers de la zone non occupée. Le 17 juillet, il prévient les préfets que tous les visas de sortie du territoire accordés aux Juifs étrangers sont annulés. A partir du 3 août les camps d'internement sont bouclés. A partir du 5 août les femmes et les enfants juifs des centres d'internement féminin de Marseille sont transférés au camp des Milles. A partir du 11 août 1942, des convois partent pour Drancy puis Auschwitz. Le cinquième transfert du camp des Milles qui emporte PessaAltz et ses enfants circule dans toute la zone sud avant d'atteindre Drancy sans doute pour tenter d'atteindre le quota fixé par les Allemands.