Note sur la création des Corps francs de Libération (CFL)
Légende :
Note du 9 mai 1944 reprenant le rapport du 5 avril 1944 présenté par le chef national des CFL, Marcel Degliame (« Fouché »), au Comité directeur (CD) qui l’a intégralement adopté.
Genre : Image
Type : Note de la Résistance
Source : © Archives privées Serge Ravanel, don à l’AERI Droits réservés
Détails techniques :
Document dactylographié sur 6 pages, format A4.
Lieu : France
Analyse média
Il s’agit d’une note de 6 pages sur la création des Corps francs de Libération (CFL) dont l’objectif est de « donner à la Résistance un véritable organisme d’action ».
Cette création des CFL pose deux problèmes :
- la doctrine,
- l’organisation.
La doctrine :
L’auteur du rapport (« Fouché ») rappelle que « l’une des grandes faiblesses de la Résistance est son absence de doctrine par rapport à l’action. Une grande partie des cadres de direction n’ayant pas compris ou pas voulu comprendre que l’objectif essentiel doit être : FAIRE LA GUERRE ». Il prône donc l’action : « attaquer partout les troupes ennemies ». Il insiste sur la guérilla, très efficace grâce à deux facteurs : mobilité et effet de surprise.
D’autre part, il faut faire en sorte que les groupes de patriotes qui se battent ne soient pas coupés de la population. Le travail de propagande est donc essentiel : « Il faut que le peuple de France sache que l’action des patriotes n’a rien à voir avec les actes de banditisme exécutés par les assassins de la Milice ou autre groupement à la solde des boches. […] Démontrer qu’il s’agit de véritables faits de guerre [souligné dans le texte] et non d’actes « terroristes ». »
L’organisation :
Pour une meilleure efficacité, la création des CFL va dans le sens d’un commandement unique : « Il ne s’agit pas d’un nouvel organisme venant se superposer à ceux déjà existants. Il s’agit simplement de grouper dans les termes CFL et sous un commandement unique, tous les éléments actifs de la Résistance. En fait, les grands services nationaux : CF, AS, AO, Maquis, Fer, disparaissent en tant qu’organismes de commandement vertical. Il en est de même à l’échelon régional où ils se fondent dans le commandement unique de l’EM ACTION [État-major Action]. Il s’agit surtout de ne pas confondre CFL et FFI. Les CFL sont les groupes de combat des MLN. […] Les FFI résultent de la fusion à l’échelon national, régional et départemental, des EM, des groupes d’action paramilitaires de la Résistance, des FTP et de l’ORA… ».
L’auteur du rapport pose ensuite un certain nombre de principes de base qui doivent guider le travail et l’action :
- la nécessité absolue de la subordination du militaire au civil : chaque chef militaire doit rendre compte de son action aux autorités civiles de la Résistance. Il est rappelé que « ce principe a été admis à ALGER par le CFLN et ne peut en aucun cas être remis en question. ».
- pas de chefs inamovibles : « Chacun sera jugé sur son action uniquement et non sur des considérations de grade ou de situation sociale ».
Ensuite, il est décrit en détail la mise en place des CFL aux différents échelons : national et régional.
En résumé, « Fouché » rappelle en fin de document (page 4) que mieux que quiconque : « les chefs régionaux et départementaux des CFL sont qualifiés pour organiser et commander les maquis constitués sur leur territoire. Ils doivent donc avoir la direction effective : ARMER LES MAQUIS – ENTRAINER LES HOMMES AU COMBAT – EN FAIRE LE NOYAU DE L’ARMEE DE LA LIBERATION. »
Document on the Creation of the Corps Francs de Libération (CFL):
On the left is a six page document about the creation of the CFL whose objective was to «provide the Resistance with a true, military division.» But those forming the CFL were faced with two problems:
-the doctrine
-the organization.
The Doctrine:
The author of the report («Fouché») stated that «one of the Resistance's greatest weaknesses is its lack of a doctrine that outlines its military strategy. A large part of the groupes does not understand, or simply does not care, that the essential objective is: FIGHT THE WAR.» The strategy was to «fight and attack the enemy everywhere.» Guerilla warfare was necessary, and very efficient because of its mobility and its element of surprise.
On the other hand, it was imperative that the resistance fighters did not become estranged and isolated from the general population. Propaganda, in this regard, was essential: «The people of France must understand that the Resistance fighters’ actions are nothing like the atrocities committed by the assassins in the Milice, or others on the German's side...Demonstrate that the Resistance carries out acts of war not «terrorist acts.»
The Organization:
In order to be more efficient, the CFL would become the single command for the Resistance movement: «The point is not to bring in a new administration to superimpose its power over those that already exist. The CFL will simply organize the pre-existing groups under one entity and under one doctrine. These groups would include the CF, AS, AO, Maquis, Fer, effectively getting rid of the vertical chain of command. The same would be true for the regional groups who would be led by the EM Action (Etat-Major Action). The CFL and the FFI would remain independent. The CFL are the combat groups of the MLN...the FFI is the fusion of the national, regional, and departmental sectors, as well as the EM, paramilitary groups, the FTP, and ORA...»
The author of this report also outlines several, basic principles in order to guide the CFL's goals and strategies:
-the subordination of the military to the civilian is absolutely necessary: each military leader must understand that they have to verify their actions with the civilian authorities first. It is stated that «this principal is upheld in ALGIERS by the CFLN and can not ever in any case be questioned.»
-leaders will be chosen on merit: «Each leader will be judged on his own merit and character, not by his social class or rank.
Lastly, the author describes the organization for the CFL's different echelons in detail, both national and regional.
In summary, «Fouché» writes at the end of the document (page 4) essentially that it's better to have something than nothing: «the regional and departmental leaders in the CFL are qualified to organize and command the maquis in their regions. However, they still need to have a clear objective: ARM THE MAQUIS—TRAIN THE MEN FOR COMBAT—CARRY OUT THE RESISTANCE ARMY'S MISSION.
Traduction : Catherine Lazerwitz
Auteur : Laure Bougon
Contexte historique
Les Corps francs de la Libération (CFL) sont créés par le comité directeur du MLN (Mouvement de Libération nationale) le 24 mars 1944. Ils doivent regrouper tous les services voués à l’action militaire. Marcel Degliame, « Fouché », en est le chef d’état-major. Dès le 10 avril, il est prévu de supprimer tous les autres services : Armée Secrète, Groupes francs, service Maquis, Action ouvrière… Dans la réalité, l’Armée secrète est l’organisation fédératrice et , sur le terrain, la création des CFL provoque souvent des conflits de compétence entre l’Etat-major-CFL et l’Etat-major national FFI.
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Note sur la création des CFL, page 2Archives privées Serge Ravanel, don à l'AERI. Droits réservés.
Note sur la création des CFL, page 3Archives privées Serge Ravanel, don à l'AERI. Droits réservés.
Note sur la création des CFL, page 4Archives privées Serge Ravanel, don à l'AERI. Droits réservés.
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Note sur la création des CFL, page 6Archives privées Serge Ravanel, don à l'AERI. Droits réservés.