Note de Verdun à Hilaire
Genre : Image
Type : Note de la Résistance
Source : © Archives privées Serge Ravanel, don à l’AERI Droits réservés
Détails techniques :
Document dactylographié, format A4.
Lieu : France - Occitanie (Midi-Pyrénées)
Analyse média
Cette note du 8 août 1944 est de « Verdun », un des nombreux pseudos de Serge Ravanel, adressée à « Hilaire » (Georges Starr) au sujet de problèmes internes.
Note from Verdun to Hilaire This note, dated August 8th, 1944, was sent from «Verdun,» one of Ravanel's many aliases, to «Hilaire» (George Starr) and discusses internal problems.
Traduction : Catherine Lazernitz
Auteur : Laure Bougon
Contexte historique
Le corps-franc de la Montagne Noire
Le corps-franc de la Montagne noire est un des plus puissants groupements résistants de la région R4. Installé au sud du Massif Central, dans une zone montagneuse située aux confins de plusieurs départements (la Haute-Garonne, le Tarn, l'Aude). Créé par Roger Monpezat ("Quercy", "commandant Roger"), un résistant de la première heure, membre de divers réseaux ainsi que du mouvement Libération Sud et Henri Sévenet ("commandant Mathieu"). Des contacts sont rapidement établis avec Londres, et un opérateur radio anglais, le major Richardson, est envoyé. Un instructeur militaire, Bernard de Kervenoael ("capitaine Saint-Michel"), supervise la formation des combattants. Ceux-ci approchent le millier. Ils viennent de tous horizons et de toutes nationalités. Parmi eux, des Alsaciens et Lorrains repliés, des républicains espagnols, des soldats russes antérieurement enrôlés dans la Wehrmacht, et un groupe israélite très actif. Le groupement dispose d'un important stock d'armes et d'équipement, parachuté ou prélevé lors de différentes opérations-coups de main. Il est l'un des mieux fournis de la région. Mais il constitue une sorte de réduit bien organisé, bien retranché, en relations directes avec l'état-major interallié qui définit ses orientations. Ce qui pose problème, comme l’indiquent les notes d’ " Hexagone " (Serge Ravanel) au général Koenig.
A partir du 6 juin 1944, le corps-franc reste à l'écart du mouvement d'intensification de la guérilla, auquel se consacre la Résistance régionale et il constitue un frein au développement unitaire des FFI. Il monte ses propres opérations et il dispose comme il l'entend de ses éléments. Le 14 juillet 1944, il fait une démonstration de force dans la petite ville de Revel, en y organisant un défilé militaire. Le secret a été bien gardé. Au point qu'un médecin résistant, le docteur Ricalens, non averti, est pris dans un contrôle routier et tué route de Castres par des éléments du CFMN. Les relations se tendent alors avec le commandement régional FFI en R4, en particulier avec son chef, Serge Ravanel. Ce n'est qu'au tout dernier moment, à la veille de la Libération, qu'un accord peut être enfin trouvé et signé entre les deux parties.
Les épreuves n'épargnent pas le CFMN. Il porte indiscutablement de rudes coups aux Allemands, mais ses activités l'éloignent de plus en plus des limites de la région R4. Le 19 juillet, il mitraille des véhicules militaires qui circulent sur la nationale 113 à Pont d'Alzau, dans l'Aude. Il détruit des camions, fait des prisonniers. Le lendemain 20 juillet, des avions ennemis bombardent les camps du maquis, puis des fantassins allemands, appuyés par des blindés, cherchent à avancer et à encercler le massif montagneux. Le "commandant Mathieu" est tué. Les maquisards résistent courageusement, causent des pertes à l'ennemi, et décrochent finalement par petits groupes séparés. Il faut attendre le 17 août pour que le groupement soit réunifié, aux limites du Tarn et de l'Hérault. Après la Libération, des éléments du corps-Franc rejoignent la Première Armée française et participent aux opérations militaires en Alsace et en Forêt noire.
The Corps-Franc in the Montagne Noire
The Corps-Francs in the Montagne Noir were one of the most powerful Resistance groups in the region R4. Their headquarters was located in the Massif Central in the mountains and was situated within several different departments: Haute-Garonne, Tarn, and Aude. The group was by Roger Monpezat («Quercy» «Commandant Roger»), a resistance fighter from the start, who was also a member of several different networks, such as Libération-Sud, and by Henri Sévenet («Commandant Mathieu»). After the Corps-Francs quickly established several contacts in London, including a radio operator, Major Richardson was sent to Montagne Noire. A military instructor, Bernard de Kervenoael («Captain Saint-Michel») oversaw the training of the troops who had grown to almost a thousand men. The soldiers came from all over: there were men from Alsace and Lorraine, Spanish republicans, Russian soldiers who had been enlisted by the Wehrmacht, and a group of Israelis. The troops were supplied with weapons and supplies from air drops or from raiding the enemy camp. They were some of the best in the region, but their independence strained ties with the allied Etat-Major who were in charge of operations. General Koenig, as indicated in Serge Ravanel's (alias Hexagone) notes, found this troubling.
Beginning June 6th, 1944, the Corps-Francs continued to intensify their guerilla warfare, the way the Resistance had always fought in the region, but their actions made unification under the FFI more difficult. They continued to launch their own operations using their own men. On July 14th, the Corps-Francs planned to demonstrate their strength by organizing a march through the small town of Revel. Their secret was safely guarded until a doctor and resistance fighter, Dr. Ricalens, was captured and murdered en route to Castres by members of the CFMN. Tensions rose in R4 between the Corps-Francs and the FFI, particularly Serge Ravanel, the FFI's regional leader. It was not until the Liberation that the two parties agreed to make peace and sign an agreement.
But the CFMN was not spared. Though they kept dealing the Germans tough blows, their operations took them to the outer limits of the R4 region. On July 19th, they fired on military vehicles that surrounded the National 113 at Pont d'Alzau in Aude. They destroyed the trucks and took prisoners. The next day, enemy planes bombed the maquisard camps, and then German soldiers, backed by tanks, advanced and surrounded the mountain. «Commandant Mathieu» was killed. The maquis fought back bravely and managed to break up the German offensive. It was not until August 17th that the Germans managed to regroup in Tarn and Hérault. After the Liberation, members of the Corps-Francs joined the First French army and took part in the military operations in Alsace and the Black Forest.
Traduction : Catherine Lazerwitz
Source : Michel Goubet, in cédérom sur la Résistance en Haute-Garonne, AERI, 2009.