Serge Ravanel parle de Marcel Degliame
Genre : Film
Type : Témoignage filmé
Producteur : Ministère de l'Intérieur - DICOM
Source : © Archives Mémorial Leclerc – Musée Jean Moulin Droits réservés
Détails techniques :
Extrait : 00 :02 :00 - Interviewer : Christine Lévisse-Touzé - Lieu : Paris - Date : 03/12/98.
Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris
Analyse média
Serge Ravanel rend hommage ici à Marcel Degliame, responsable du secteur Action des MUR (Mouvement uni de la Résistance). Il explique notamment son rôle important dans le rapprochement entre le Front national (FN) et les mouvements gaullistes.
Cet extrait est tiré du film Sur les pas de Jean Moulin, réalisé par Alex Boutin en partenariat avec le Mémorial Leclerc – Musée Jean Moulin (ville de Paris), production Ministère de l'Intérieur - DICOM, février 2009.
Serge Ravanel discusses Marcel Degliame
Serge Ravanel pays tribute to Marcel Degliame, the leader of the Action sector of MUR (Mouvements Unis de la Résistance). Ravanel explains Degliame's important role in bringing together the Front National and the Gaulliste movements.
Traduction : Catherine Lazerwitz
Contexte historique
Marcel Degliame (alias : "Fouché" - "Dormoy")
Marcel Degliame est né le 23 décembre 1912 à La Cassine dans les Ardennes d'un père bûcheron et d'une mère couturière. Ouvrier bonnetier à Troyes puis à Paris, il se lance très tôt dans le syndicalisme et prend des responsabilités importantes à la Fédération nationale des ouvriers du textile (CGTU).
Membre du Parti communiste depuis 1928, il est emprisonné en 1938 pour avoir organisé des grèves.
Mobilisé en septembre 1939, il est fait prisonnier par les Allemands le 18 juin 1940 à Fougerolles en Haute-Saône. Interné en Allemagne, il s'évade en septembre 1940 mais il est repris au bout de quelques jours.
Conduit au Stalag IV C situé en Europe centrale, il parvient à s'en évader en mars 1941 pour rejoindre, avec sept de ses compagnons d'évasion, la Syrie, après avoir traversé la Tchécoslovaquie, la Hongrie, la Roumanie, et la Turquie.
Enrôlé dans l'armée du général Dentz, il se fait hospitaliser à Beyrouth et rejoint les Forces françaises libres (FFL) après la campagne de Syrie.
Envoyé en France sur sa demande pour organiser la résistance dans les milieux syndicaux, il débarque à Marseille en août 1941 et y prend contact par l'intermédiaire de Claude Bourdet, avec le Mouvement de Libération nationale (qui deviendra Combat), fondé par Henri Frenay.
Il commence ses activités dans les Alpes-Maritimes où il distribue le journal Vérités et est chargé du recrutement, de l'organisation et de la propagande (ROP).
Après avoir rencontré Henri Frenay à Lyon, Marcel Degliame devient l'un des plus importants responsables de Combat. Il s'efforce d'y développer une discipline proche de celle des organisations ouvrières clandestines.
A l'été 1942, il est arrêté à Draguignan, mais il réussit à s'échapper. Quelques temps plus tard, il s'installe à Lyon et participe à l'édition du journal Combat avec André Bollieret Jacqueline Bernard. Il fonde également, à la demande d'Henri Frenay, l'Action ouvrière de Combat dont le but est d'organiser, dans un strict cloisonnement, des opérations de sabotage dans les usines travaillant pour les Allemands. Il agit en liaison étroite avec d'autres responsables du mouvement comme Jean-Guy Bernard et René Hardy.
En 1943, il conserve la même fonction au sein des Mouvements unis de Résistance (MUR) puis, en 1944, dans le Mouvement de Libération nationale (MLN) qui succède aux MUR. Sous sa direction, l'Action ouvrière se développe d'abord en zone sud avant de s'étendre à l'ensemble du territoire national.
Membre du Comité directeur de Combat, Marcel Degliame est également responsable depuis l'été 1943 pour les MUR (puis le MLN) de la commission de l'Action immédiate qui comprend l'Action ouvrière (désormais dirigée par Maurice Kriegel-Valrimont), les groupes francs et la Résistance-fer. Sous ses ordres, ce service participe de façon prépondérante à la diminution de la production industrielle française au service de l'Allemagne.
En 1944, membre du comité directeur du MLN, il participe également à la constitution des Forces françaises de l'Intérieur (FFI) et représente le mouvement Combat au sein du Conseil national de la Résistance (CNR), après l'arrestation par la Gestapo de Claude Bourdet en mars 1944.
Au printemps 1944, il est en outre chef national de l'Etat-major des Corps francs de la Libération (CFL) qui regroupent l'Armée secrète (AS), les groupes francs, Résistance-fer et les maquis du MLN. Délégué par le Comité d'Action de la Résistance (COMAC), il occupe aussi les fonctions de délégué général des FFI pour la zone sud. Au printemps 1944, depuis Londres, le général Koenig lui confère le grade de lieutenant-colonel en raison des fonctions importantes qu'il remplit et qui l'obligent à parcourir la France en tous sens jusqu'au débarquement allié en parfaite entente avec le délégué militaire de zone sud, Maurice Bourgès-Maunoury.
Il prend également sous ses ordres les opérations militaires aboutissant à la libération de Lyon, le 3 septembre 1944.
Après la guerre, Marcel Degliame est délégué à l'Assemblée consultative provisoire et secrétaire de la Commission de la Défense. A ce titre, il s'occupe de l'intégration des FFI dans la 1 ère Armée commandée par le général de Lattre de Tassigny. Il occupe également les fonctions de Gouverneur militaire du district de Constance, zone française d'occupation en Allemagne jusqu'en 1948.
Après une carrière aux usines d'aviation de la SNECMA, il s'oriente vers le théâtre, devient administrateur et codirecteur du Théâtre de Babylone de 1951 à 1956. Il crée alors la société de production "Les films d'aujourd'hui" et entre à l'ORTF où il oeuvre au service des coproductions.
Marcel Degliame est décédé le 7 septembre 1989 à Loches (Indre-et-Loire). Il a été incinéré à Esvres sur Indre.
Décorations :
- Officier de la Légion d'Honneur
- Compagnon de la Libération - décret du 18 janvier 1946
- Commandeur de l'Ordre National du Mérite
- Croix de Guerre avec palmes
- Médaille de la Résistance avec rosette
- Médaille des Evadés
- Croix du Combattant Volontaire de la Résistance
Marcel Degliame (alias «Fouché» and «Dormoy»)
Marcel Degliame was born on December 23rd, 1912, in La Cassine in the Ardennes. His father was a butcher and his mother was a dressmaker. Working first in a textile factory in Troyes and then Paris, Degliame got involved very early on in the syndicats and became extremely active in the National Federation of Textile Workers (CGTU). He joined the Communist Party in 1928, and was later imprisoned in 1938 for organizing strikes. Degliame was called to serve in September of 1939, and was captured by the Germans soon after on June 18th, 1940, in Fourgerolles, Haute-Saône. He was taken to Germany where he escaped in September, 1940, but was captured a few days later. Degliame was taken to Stalag IV in Central Europe. He managed to escape in March, 1941, with seven others to Syria, after crossing Czechoslovakia, Hungary, Romania, and Turkey. He enrolled in General Dentz's army, and after being hospitalized in Beirut during the Syria campaign, he joined the Forces Françaises Libres (FFL) Sent to France to help bring the trade unions into the Resistance, Degliame arrived in Marseille in August of 1941. There, he made contact with Claude Bourdet, from the Mouvement de Libération (which would become Combat), founded by Henri Frenay. He began working in the Alpes-Maritimes distributing the newspaper, Vérités, as well as serving as head for the recruiting, the Organization and Propaganda (ROP). After meeting Henri Frenay in Lyon, Marcel Degliame became one of the most important leaders in Combat. His goal was to create the same discipline in Combat that the clandestine workers organizations had already demonstrated in their groups. In the summer of 1942, Degliame was arrested in Draguignan, but successfully escaped. Soon after, he went to Lyon to help publish Combat's newspaper alongside André Bollieret Jacqueline Bernard. He also founded the Action Ouvrière de Combat, at Henri Frenay's request. The group's goal was to carefully organize sabotage operations in factories under German control. All the while Degliame worked closely with Jean-Guy Bernard, René Hardy, and others. In 1943, Degliame continued his same responsibilities throughout the transition into MUR and later, MLN. Under his leadership, the Action Ouvrière grew stronger in the South Zone before spreading nation-wide. As a member of the Comité Directeur de Combat in the summer of 1943, Marcel Degliame was also in charge of the commission of the Action Immédiate, which under MUR, had absorbed the Action Ouvrière (which would be led by Maurice Kriegel-Valrimont), the Groupes Francs, and the Résistance-fer. Under his command, the Action Immédiate successfully incapacitated the French factories under German control. In 1944, as one of the leaders in the MLN, Degliame worked to form the Forces Françaises de l'Intérieur (FFI) and represented Combat in the Conseil National de la Résistance (CNR) following Claude Bourdet's arrest by the Gestapo in March, 1944. In the spring of 1944, Degliame also served as National leader of the Corps Francs de la Libération (CFL), which brought together the AS, the Groupes Francs, Résistance-fer, and the maquis from the MLN. Degliame served as a delegate in the Comité d'Action de la Résistance (COMAC) as well as the FFI in the South Zone. From London, General Koenig promoted him to Lieutenant-Colonel in order to prepare Degliame for his responsibilities leading up to the Allied landing. He would work together with the military leader in the South Zone, Maurice Bourgès-Manoury. Degliame also helped to direct the military operations in order to liberate Lyon, beginning on September 3rd, 1944. After the war, Marcel Degliame became a representative in the Assemblée Consultative Provisoire as well as secretary in the Commission de la Défense. With this title, he was charged with integrating the FIFE into the 1ère army, commanded by General de Lattre de Tassigny. He also served as the military governor in the district of Constance, a French zone in Germany until 1948. After a career in airplane manufacturing in SNECMA, Degliame turned to the theatre and became an administrator and co-director at the Théâtre de Babylone from 1951 to 1956. He founded a production company called «Les films d'aujourd'hui» and worked with ORTF as a co-producer. Marcel Degliame died on September 7th, 1989 in Louches (Indre-et-Loire). He was cremated in Esvres-sur-Indre.
Decorations:
-Officer of the Légion d'Honneur
-Compagnon de la Libération-issued January 18th, 1946
-Commander in the Ordre National du Mérite
-Croix de Guerre avec palmes
-Médaille de la Résistance avec rosette
-Médaile des Evadés
-Croix du Combattant Volontaire de la Résistance
Traduction : Catherine Lazerwitz
Sources : Site Internet du Musée de l'Ordre de la Libération.