Prisonniers de guerre français, nord de la France (1940)
Genre : Image
Type : Photo groupe
Producteur : Inconnu
Source : © Deutsches Bundesarchiv (German Federal Archive), Bild 121-0404 - via Wikimedia Commons Droits réservés
Détails techniques :
Photographie argentique en noir et blanc.
Date document : 1940
Lieu : France
Contexte historique
Après un mois de guerre éclair, c’est la débâcle : Français et Belges prennent massivement la fuite devant l’envahisseur en voiture, en charrette, en vélo et à pied, emportant ce qu’ils peuvent.
Le maréchal Pétain, appelé à diriger le gouvernement le 16 juin 1940, décide d’arrêter le combat, alors que le gouvernement dispose encore de la flotte, des forces d’outre-mer, d’une partie des forces de métropole et de l’aviation.
L’armistice, signé le 22 juin à Rethondes, impose des conditions très dures : l’armée française est réduite à 100 000 hommes et doit livrer à l’ennemi ses chars et ses avions ; l’Allemagne occupe plus de la moitié du territoire, la France doit payer l’entretien des troupes d’occupation, livrer tous les Allemands antinazis réfugiés en France depuis 1933…
La France a perdu 92 000 morts, 250 000 blessés ; en outre, 1 850 000 hommes sont prisonniers de guerre dont 1 500 000 vont être internés en Allemagne. L'armistice scinde le pays en deux, séparé par une ligne de démarcation ; le gouvernement du maréchal Pétain s'installe en zone dite "libre" à Vichy.
Il y a 1 850 000 prisonniers en 1940 . Ils sont encore 940 000 en 1944-45. Beaucoup d’entre eux ne sont libérés seulement en 1944-1945 et 37 000 ne rentreront jamais, morts en captivité.
En principe, pour bénéficier du statut de prisonnier de guerre, le prisonnier doit avoir opéré selon les lois de la guerre, c'est-à-dire dépendre d'une chaîne de commandement, porter un uniforme ou un signe distinctif et montrer ses armes. Aussi, les francs tireurs, les résistants et les espions en sont exclus. En pratique, ces critères ne sont pas toujours strictement appliqués.
La première Convention de Genève de 1864 est née de la volonté d'améliorer le sort des blessés sur le champ de bataille. Son origine est liée à celle de la Croix Rouge à l'initiative du genevois Henry Dunant, révolté par le sort des blessés après la bataille de Solférino (1859).
La convention de 1929 s'intéresse plus particulièrement à la question des prisonniers de guerre.
Les prisonniers ont été disséminés dans tous les secteurs de l'économie et de la société allemande.
Les officiers, oisifs, sont enfermés dans des Oflags. Mais 95% des prisonniers de guerre sont mis au travail dans les kommandos (unités de travail forcé).
La mise au travail des simples soldats captifs est conforme à la Convention de Genève. Seul est exclu l'emploi direct à la production de guerre. Il est faux, pourtant, d'imaginer tous les prisonniers des kommandos vivant à la campagne une captivité somme toute bénigne. Même ceux qui travaillent dans des fermes, sont rassemblés la nuit dans des locaux gardés par des Posten en armes. Les prisonniers sont employés dans des boutiques, des ateliers en ville, sur des chantiers forestiers, routiers ou ferroviaires, dans des usines et des mines.
Ces kommandos de travail sont dispersés à travers toute l'Allemagne, de la frontière lorraine au fin fond de la Prusse orientale. Certains prisonniers ne se résignent pas à leur sort et entrent en résistance par des actes de sabotage et des tentatives d'évasions. Malgré la création de commandos disciplinaires et l'incarcération des fortes têtes dans des prisons civiles, les actes d'insubordination continuent. Pour mettre enfin un terme à la résistance, il est décidé en 1942 de transférer les prisonniers récidivistes dans le camp disciplinaire de Rawa-Ruska, près de Lemberg, en Galicie (aujourd'hui en Ukraine).
En 1945, après cinq ans de captivité, un million de soldats français emmenés en Allemagne à l'été 40 regagnent la France. Malgré la joie du retour, les retrouvailles sont difficiles avec un pays si éloigné de celui dont ils ont rêvé pendant leur détention et dans lequel il leur faut réapprendre à vivre. La France où les prisonniers de guerre reviennent est bien différente de celle qu'ils ont quittée. Elle est pleine du souvenir des atrocités commises par l'occupant. Elle célèbre les héros de la Résistance et leur part dans la lutte et la victoire sur l'Allemagne nazie. Or, l'image des captifs de 1940 reste associée à la débâcle subie cinq ans plus tôt. Les prisonniers ont été compromis par la politique de Vichy qui les a présentés au pays comme les « enfants chéris » du Maréchal. Il a négocié avec les dirigeants nazis leur retour partiel, puis la « transformation » de certains en travailleurs « libres », contre leur relève par des travailleurs français. La masse des prisonniers, retenus en Allemagne, a été absente par force du combat des résistants. Cependant, certains d'entre eux ont participé au combat contre le nazisme et sa propagande.
Sources : site internet Chemins de Mémoire du Ministère de la Défense et des Anciens Combattants ; La Seconde guerre mondiale de Robert Giraud, Castor doc, Flammarion, 2008 ; site Internet de Rawa-Ruska.