Analyse média

La commune française de Saint-Donat-sur-l’Herbasse, dans le département de la Drôme, est jumelée avec la commune allemande de Ottobeuren, à une dizaine de kilomètres de la ville de Memmingen, située dans l'arrondissement d'Unterallgäu, dans le district de Souabe, en Bavière. Elle possède une abbaye bénédictine qui est un des plus beaux édifices baroques de Bavière.

La couverture du livre est un montage de diverses photos illustrant le livre au cours des pages. Le titre en haut de la page, Saint-Donat Ein Zentrum des Widerstandes 1940-1944, se traduit par  "Saint-Donat, un centre de Résistance 1940-1944".

En exergue, « ce livre est dédié à tous ceux qui, à Saint-Donat et dans sa région, se sont opposés aux partisans de la dictature nazie ».

Dans sa préface, Paul Galland, alors maire de Saint-Donat, ancien Résistant, écrit le 2 novembre 1996 : « Terminant un premier cycle d’études supérieures et pour les mettre en pratique, Mattäus Schindele avait décidé d’écrire l’histoire de notre commune de Saint-Donat, centre de Résistance 1940-1944. Vous imaginez le plaisir qui fut le mien, ayant vécu activement cette période de ma jeunesse (j’avais 16 ans en 1940). Je n’aurais oser penser qu’un jeune allemand de la génération actuelle, épris de vérité, s’attaquerait à un tel sujet, délicat à traiter, dont les cicatrices ne sont pas totalement fermées, mais qui appartient à l’histoire. "L’entreprise est difficile", lui dis-je, mais rien ne pouvait entamer son enthousiasme… »

Chaque page de gauche est rédigée en allemand, celle de droite en français. La traduction française est due à Claude Kirschmann, la traduction en allemand des interviews et documents originaux a été assurée par Paul Leins et Mattäus Schindele.

De nombreuses photos illustrent l’ouvrage.

Contexte historique

L’intérêt de ce livre se situe surtout dans le fait que Mattäus Schindele, un jeune étudiant allemand, de 20 ans, de Ottobeuren, au cours d’une visite à Saint-Donat découvre, plus de 50 ans après les évènements, l’affreuse réalité des exactions commises par les soldats allemands, notamment le 15 juin 1944 à Saint-Donat, et qui l’explique à ses concitoyens.

Saint-Donat a été, au cours de la guerre, un centre de Résistance important. Plusieurs maquis, AS ou FTPF, s’étaient installés dans la région. Une personnalité importante, le pharmacien Jean Chancel, était le coordonnateur et le lien de ces divers mouvements.

Plusieurs accrochages entre Résistants et troupes d’occupation se sont déroulés (2 février 1944 à Ratières, 2 juin à Bren, 9 juin au quartier des Crozes…).

Les autorités allemandes, bien informées par la Milice française, organisent une expédition punitive à Saint-Donat. La 15 juin 1944, des avions mitraillent les rues et 1 500 soldats encerclent le village après avoir exécuté trois habitants à Chavannes (Paul Bouvet, Alexandre Laréal et Jean Lespinasse) et blessé mortellement un jeune agriculteur, Désiré Bayard, sur la route de Charmes.

Les résistants, devant l’importance des troupes ennemies, se replient. Au cours de cette manœuvre, Léon Pascal est tué sur la commune de Ratières.

Les soldats allemands – dont un certain nombre de « Mongols » – investissent le village. Bien informés, ils visitent en premier les maisons susceptibles d’abriter des « terroristes ».

83 personnes, hommes, femmes, enfants, de 5 à 83 ans, sont rassemblées violemment, pour servir d’otages, devant la Poste où ils resteront toute la journée. Certains sont interrogés souvent très durement. Aucun ne parle. Parmi eux, un jeune Résistant, blessé, est sévèrement questionné, torturé, puis conduit sur la route de Margès où il est fusillé. Six otages sont emmenés à Valence, trois seront transférés à la prison Montluc, à Lyon, puis fusillés, le 8 juillet, à Portes-lès-Valence. Ce sont Émile Gay, Louis Fau et Albert Bernard.

Pendant toute la journée, les ennemis fouillent les maisons, pillent, violent plus de 50 femmes ou fillettes dont la petite Jeannie Chancel, 13 ans, qui en mourra quelques semaines plus tard. Vers 17 heures, ils quittent le village après avoir chargé les camions de tout ce qu’ils ont volé, linge, postes de radio, bicyclettes, etc.

C’est ce que découvre le jeune étudiant allemand en arrivant à Saint-Donat, un demi-siècle après et qu’il décide de relater avec courage dans ce petit ouvrage. Il a, pour cela, été encouragé par la municipalité de la commune, le maire, Paul Galland, socialiste, était ancien Résistant dans les rangs de l’AS, et son premier adjoint, Aimé Michelon, communiste, ancien responsable d’une compagnie FTPF.

Dans l’épilogue de son livre, Mattäus Schindele écrit : « Cinquante ans après, les tragiques évènements de la Seconde Guerre mondiale sont encore bien présents dans le souvenir de ceux qui les ont vécus. Mais, aujourd’hui, les Donatiens ont décidé de regarder vers l’avenir… Je me suis souvent demandé si la connaissance des évènements de cette époque était positive ou négative pour les jeunes Français et les jeunes Allemands qui veulent construire des relations dénuées de tout préjugé… Je crois que le souvenir de ces anciennes déchirures ne contribuera pas à la rouvrir, mais donnera, au contraire, un élan vers plus de compréhension mutuelle… Un regard loyal et généreux vers le passé ne peut que renforcer notre avenir commun. »