Journal Défense de la France, n°5
Légende :
Newspaper "Défense de la France", n°5.
Genre : Image
Type : Presse clandestine/ Clandestine Press
Source : © Archives nationales, fonds Défense de la France (don association Défense de la France) Droits réservés
Détails techniques :
Format 23 x 29 cm. 4 pages (2 feuillets imprimés au recto et verso). Il s'agit ici d'une photocopie annotée.
Date document : Date probable : mi-décembre 1941
Lieu : France - Ile-de-France
Analyse média
Comme le précédent, ce numéro ne comporte ni date ni numérotage mais il est vraisemblablement diffusé au cours du mois de décembre 1941 si l’on s’en tient à la périodicité de Défense de la France, presque bimensuelle jusqu’en novembre 1942.
Il est publié en 5000 exemplaires. Sur la première page du journal figurent deux dessins : la cathédrale de Strasbourg et des cigognes, symboles forts de la capitale strasbourgeoise et par extension de l’Alsace, province perdue à laquelle est consacrée cette 5ème édition.
Ce numéro est entièrement consacré à l’Alsace. Il reproduit en fait le tout premier tract titré « Nouvelles de France : l’Alsace », composé, imprimé et diffusé en mai 1941 par les trois jeunes co-fondateurs du mouvement (Philippe Viannay, Hélène Mordkovitch et Robert Salmon). Défense de la France en est encore à ses premiers balbutiements. Le journal paraît alors à au moins 100 exemplaires (1000 selon les sources).
Les dates des arrêtés pris par le Gauleiter Robert Wagner et mentionnées dans cette édition sont donc antérieures à la publication de ce journal.
Il se compose de trois chapitres et de sous-parties précédés d’une introduction dans laquelle l’auteur, probablement Robert Salmon, manifeste sa volonté de sensibiliser la population au « drame actuel » vécu par l’Alsace et ses habitants :
- Destruction de la civilisation française : les tracts – lutte contre les noms français – lutte contre la culture française – les Allemands sont toujours des vandales – l’œuvre économique de la France.
- La terreur nazie.
- Le patriotisme alsacien. Comme dans le premier numéro, Défense de la France entend témoigner sur les malheurs éprouvés par l’Alsace-Lorraine qui subit une violente germanisation.
Le périodique dénonce la terreur nazie qui se manifeste par l’embrigadement de la jeunesse, les expulsions massives et les internements dans les camps de concentration. Robert Salmon dresse une liste de l’ensemble « des réglementations contraignantes que les Allemands imposent aux Alsaciens » : « Sera immédiatement arrêté et puni d’un an de camp de concentration celui qui, à partir du 1er juin, sera trouvé possesseur d’un drapeau français… ». « On était oppressé rien qu’à la lecture ! » se souvient Hélène ! (1)
Défense de la France revient de nouveau sur ce thème dans son 11ème numéro daté du 15 février 1942.
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A cette époque, l’impression du journal se fait de nuit, sur la Rotaprint dont se dote Défense de la France dès le printemps 1941, dans les caves de la Sorbonne. L’entreprise est encore très artisanale, la petite équipe, aux effectifs encore réduits, gère en totale autonomie cette entreprise dont le chef, Philippe Viannay, souhaite conserver une totale indépendance.
« A trois et bientôt quatre puis cinq, ils s’occupent de tout : transporter du papier, aller chercher de l’encre, installer la machine, imprimer, faire sécher les pages, mettre les journaux en paquet et les donner à ceux qui allaient les diffuser » (2).
Ces premiers mois, l’impression, longue et difficile, est faite par Philippe Viannay. Il est alors le seul à connaître le fonctionnement de la machine et délègue difficilement.
« Les 21 premiers numéros sont écrits par 9 rédacteurs seulement. […] Les dirigeants s’attribuent leurs articles au gré de leurs affinités et les auteurs, une fois les textes acceptés, signent leur copie d’un pseudonyme : « Indomitus » pour Viannay, « Robert Tenaille » pour Salmon. Les deux hommes rédigent à eux seuls la majorité des contributions, même si quelques personnalités extérieures, René Tézenas du Montcel, « Maître Jacques », ou Alphonse Dain « Francin, Klein, Pelletier », apportent parfois leurs concours. En somme, une poignée d’hommes assume à elle seule la rédaction du journal » (3).
Dans les 22 premiers numéros, publiés entre le mois d’août 1941 et novembre 1942, Défense de la France engage un combat fondé sur une protestation morale. Son discours, centré sur l’information et la contre-propagande traite, de manière inégale, les sujets suivants : la collaboration, le défaitisme, les provinces perdues et la germanisation des populations locales, l’anglophobie, le pillage économique allemand, les rigueurs de l’occupation, l’hitlérisme et le barbarisme nazi, les camps de concentration, les revers de la Wehrmacht et les difficultés économiques du Reich.
Sources : (1) Clarisse Feletin, Hélène Viannay, L’instinct de Résistance de l’Occupation à l’école des Glénans », éditions Pascal, 2004. (2) Ibid. (3) Olivier Wieviorka Une certaine idée de la Résistance, Défense de la France 1940-1949, Seuil, 1995.
Like its predecessor, this issue does not carry either an issue number or a date, but it was probably diffused during the month of December in 1941 if they maintained the periodicity of Défense de la France at an almost bi-monthly rate until November 1942. 5000 copies of this issue were published. There were two drawings placed on the first page: the cathedral of Strasbourg and storks, strong symbols of the capital of Alsace, the lost province to which the 5th issue was dedicated.
This issue was dedicated entirely to Alsace. In fact, it reproduced the entire first pamphlet, titled « Nouvelles de France: l'Alsace », or « News of France: Alsace ». This initial pamphlet had been composed, printed, and diffused in May 1941 by the three young co-founders of the movement (Philippe Viannay, Hélène Mordkovitch, and Robert Salmon). Défense de la France was still in its first stages. The newspaper was only printed at around 100 copies (1000 according to some sources).
The dates of decrees made by Gauleiter Robert Wagner and mentioned in this publication therefore precede the publication of this paper.
This article is composed of three chapters and subparts preceded by an introduction in which the author, probably Robert Salmon, shows his desire to alert the population of the « current drama » that the residents of Alsace were enduring:
1. Destruction of the French civilization: in broad strokes – an attack on French names – an attack on French culture – the Germans are always vandals – the French economic front.
2. The Nazi terror.
3. The Alsatian patriotism: as in their first issue, Défense de la France intended to highlight the horrible miseries being endured by Alsace-Lorraine who were being submitted to a violent germanization.
The periodical denounced the Nazi terror that manifested in the indoctrination of the youth, the massive expulsions, and the internments in concentration camps. Robert Salmon listed off some of the « constraining regulations » that the Germans imposed on the Alsatians: « From the first of June, anyone found in possession of a French flag will be stopped immediately and punished with a year in a concentration camp... ». « We were oppressed just by reading it! » followed Hélène. (1)
Défense de la France started anew on this theme in their 11th issue dated February 15, 1942.
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At this time, the printing of the newspaper was done at night in the basement of the Sorbonne in Paris. The operation wa
still very artisanal, and the small team, workforce already diminished, managed to remain autonomous. The leader, Philippe Viannay, wanted to conserve this total independence. « At three, soon four, then five, they did everything: transportation of papers, finding ink, setting up the machine, printing, drying the pages, packaging the papers, and giving them to those who would diffuse them ». (2)
During these first months, the printing, which was long and difficult, was done by Philippe Viannay. He was the only one who knew how to operate the machine, and had a hard time delegating responsibilities.
« The first 21 issues were written by a team of only 9 authors. [...] The directors attributed their articles to their close friends, and once the texts were accepted, signed the copies under a pseudonym: « Indomitus » for Viannay, « Robert Tenaille » for Salmon. The two men wrote the majority of the contributions themselves, though occasionally contributions were sent in from other personalities, such as René Tézenas-du-Montcel, « Maître Jacques », or Alphonse Dain « Francin, Klein, Pelletier ». Overall, only a handful of people assumed all of the writing for the newspaper ». (3)
In the first 22 issues, published between August 1941 and November 1942, Défense de la France engaged in combat on the basis of moral protest. Its message, centered on information and counter-propaganda, addressed, unequally, the following subjects: collaboration, defeatism, lost territories and the germanization of local populations, anglophobia, the economic exploitation by Germany, the difficulties of the occupation, Hitlerism and Nazi barbarism, concentration camps, the defeat of the Wehrmacht and the economic difficulties of the Reich.
Source: (1) Clarisse Feletin, Hélène Viannay, L'instinct de résistance, de l'Occupation à l'école des Glénans, Pascal publications, 2004. (2) Ibid. (3) Olivier Wieviorka, Une certaine idée de la Résistance , Défense de la France 1940- 1949, Seuil publications, 1995.
Traduction : Matthias R. Maier
Auteur : Emmanuelle Benassi
Author: Emmanuelle Benassi
Contexte historique
L’évolution du conflit continue de jouer en faveur des Allemands et des forces de l’Axe. Malgré l’entrée en guerre des Etats-Unis depuis l’attaque japonaise sur Pearl Harbor, le 7 décembre 1941, l’ennemi gagne du terrain. Les succès de Rommel en Afrique comme l’offensive allemande déclenchée en Russie au printemps 1941 n’incitent guère à l’optimisme. De leur côté, les Japonais poursuivent leurs offensives dans le Pacifique.
« Les années 1941-1942 sont des années très longues, très lourdes ». L’espoir d’une victoire rapide en 1940 est déjà loin et au fur et à mesure que les mois passent la guerre tisse sa toile. Elle s’étend et s’enracine partout ».
En France, la répression allemande à l’encontre des résistants, des Juifs et des civils est de plus en plus violente, notamment depuis le décret Nacht und Nebel promulgué les 7 et 12 décembre 1941.
Le maréchal Pétain perd en crédibilité auprès d’une population française fatiguée, usée par les difficultés du rationnement, les restrictions quotidiennes que lui inflige une occupation allemande de plus en plus pesante, et la rigueur d’un hiver qui s’éternise ne fait qu’accentuer cette morosité.
Toutefois, dans ce contexte de plus en plus difficile, la Résistance intérieure et extérieure s’organise progressivement.
Sources : Clarisse Feletin, Hélène Viannay, l’instinct de Résistance de l’Occupation à l'école des Glénans, éditions Pascal, 2004.
The evolution of the conflict continued to play in favor of the Germans and the forces of the Axis. Despite the United States having entered the war following the Japanese attack on Pearl Harbor on December 7, 1941, the enemy was gaining ground. The success of Rommel in Africa as the German offensive into Russia began in the Spring of 1941 hardly inspired optimism. For their part, the Japanese also continued to pursue their offensives in the Pacific.
In France, the German repression of resistants, of Jews, and of civilians became more and more violent, notably since the Nacht und Nebel decree promulgated the 7th and 12th of December, 1941.
Marshall Pétain lost credibility amongst a worn-out French population, tired of the hardships of rationing, the daily restrictions that were inflicted by a German occupation growing heavier and heavier, as the rigor of a winter that dragged on for months only accentuated this gloom.
However, in this context that was becoming more and more difficult, the Resistance, both inside France and overseas, continued to organize.
Source: Clarisse Feletin, Hélène Viannay, l’instinct de Résistance de l’Occupation à l'école des Glénans, Pascal publications, 2004.
Traduction : Matthias R. Maier
Auteur : Emmanuelle Benassi
Author: Emmanuelle Benassi
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