Robert Salmon
Genre : Image
Type : Photographie / Photograph
Producteur : Inconnu
Source : © Service historique de la Défense, GR 16 P 532703 Droits réservés
Détails techniques :
Photographie argentique en noir et blanc.
Date document : Sans date
Lieu : France
Contexte historique
Né à Marseille le 6 avril 1918, d'origine juive mais non pratiquant, issu d'une famille aisée qui fut ruinée au moment de la crise du franc en 1926 mais resta soucieuse de sauvegarder les apparences bourgeoises, Robert Salmon fait ses études au lycée Buffon puis en khâgne au lycée Louis-le-Grand à Paris. Mobilisé en 1939, il combat comme aspirant. Fait prisonnier en juin 1940, il s'évade et reprend ses études. Il est reçu à l'École normale supérieure en 1941 et à l'École libre de sciences politiques en 1942, avec le rang de major.
Dès l'automne 1940, il s'engage dans la Résistance en fondant, avec Philippe Viannay, Défense de la France, mouvement dont il trouve le nom et qui est centré sur un journal dans lequel il écrit jusqu'à la Libération. Dans ses entretiens avec Olivier Wieviorka, il témoigne : "Dès le départ, on a conçu Défense de la France essentiellement comme un journal d'opinion et même un journal de convictions [...]. Il fallait commencer par remonter le moral de la population et par conséquent faire rentrer moralement la France dans la guerre, [...] donc faire de la propagande au bon sens du terme ". Fidèle à son engagement démocrate socialisant d'avant la guerre, il s'oppose à la fois aux nazis et au gouvernement de Vichy, alors que l'attitude de Philippe Viannay était au départ moins hostile à Pétain. Salmon confiera ensuite à Olivier Wieviorka : "Pétain ne représentait rien du point de vue de l'espoir. Je n'y ai pas cru une seconde. J'ai même toujours été épidermiquement contre lui". Sous la signature de "Robert Tenaille", Robert Salmon se réserve essentiellement les articles politiques du journal et, à la fin de l'Occupation, les exposés doctrinaux. Hostile au bolchevisme (il relève que "la conception stalinienne de l'État ressemble étrangement à la conception hitlérienne"), il se prononce pour "un socialisme qui sache être audacieux sans être utopique, ferme sans être agressif", "pour une démocratie autoritaire et progressiste". Selon lui, une fois écartés ceux qui "par leur incurie" ont amené leur défaite, ceux qui "en juin 1940 ont douté de la France", il faudra un "rassemblement des gauches", une sorte de "Parti travailliste" pour élaborer et faire appliquer la nouvelle doctrine économique, comportant notamment nationalisations et planification. Ces réflexions l'amènent à rédiger avec Jean-Daniel Jurgensen un projet de Constitution, paru dans les Cahiers de Défense de la France, qui, reprenant des problématiques sur la réforme de l'État élaborées au cours des années 1930, va dans le sens d'un renforcement de l'exécutif : sont ainsi suggérés la création d'une cour suprême chargée de vérifier la constitutionnalité des lois, l'élection pour quatre ans, par un collège de notables, d'un président de la République aux pouvoirs étendus (exécution et initiative des lois, direction du gouvernement, droit de dissolution, droit de grâce...), la dévolution du droit de vote aux femmes, la limitation de la durée des sessions parlementaires...
Lorsque Défense de la France se dote, vers la fin de 1942, d'un comité directeur, Robert Salmon, bien qu'il se soit éloigné quelque temps du mouvement au début de 1942, en devient l'un des premiers et plus influents membres et il cherche à y renforcer la tendance gaulliste. Il représente le mouvement à la commission des désignations, créée à l'été 1943 et chargée de procéder à la nomination des fonctionnaires d'autorité, et à la commission de la presse clandestine, formée en septembre 1943. C'est également au titre de représentant de Défense de la France qu'il siège à partir de septembre 1943 au Comité parisien de Libération.
En 1943, après la fondation du Mouvement de libération nationale, il devient membre du comité directeur du MLN et responsable pour la région parisienne, poste qu'il occupe pendant la libération de Paris. Il représente également le MLN à la commission des Comités de Libération créée par le CNR et à la commission de la Justice. En août 1944, il s'installe avec Blank et Jean-Daniel Jurgensen dans l'immeuble du 100, rue Réaumur, où Défense de la France va se transformer, à l'automne, en France-Soir. Des différends surgissent entre les trois hommes et, en juillet 1946, Robert Salmon et Jean-Daniel Jurgensen doivent quitter le journal.
Membre de l'Assemblée consultative provisoire depuis octobre 1944, Robert Salmon est nommé en mars 1945, en tant que membre du CPL, à l'Assemblée municipale provisoire de la capitale, puis est élu, en avril 1945, conseiller municipal de Paris et conseiller général de la Seine sur les listes d'Union des mouvements de la Résistance. Il est ensuite élu membre de la première Assemblée constituante sur la liste d'union SFIO-UDSR dans le troisième secteur de la Seine. Là, il renonce aux idées constitutionnelles qu'il avait défendues dans les Cahiers de Défense de la France, puisqu'il préconise alors une Assemblée unique, souhaite que la Chambre élise le Président de la République et recommande que les députés désignent le président du Conseil. S'il a adhéré à la SFIO, Robert Salmon est rétrogradé d'une place pour les élections de juin 1946 et est battu. A nouveau candidat aux municipales de 1947 sur une liste socialiste dans le troisième secteur (IIIe, IVe, Xe arrondissements), il ne retrouve pas son siège de conseiller municipal. Resté membre de la SFIO, il est candidat à la commission exécutive de la fédération de la Seine en 1949 et en 1953.
L'essentiel de sa carrière se déroule ensuite dans la presse. Il est président du conseil de gérance puis directeur général (à partir de 1949) de la société France Éditions et Publications qui édite France-Soir, Le Journal du Dimanche, Elle et France-Dimanche et président-fondateur de France-Soir. Administrateur de La Tribune économique en 1945, il est en 1949 membre du Conseil de surveillance de la Société d'études et de publications économiques. De 1946 à 1976, il dirige également la revue Réalités. De 1951 à 1977, il est secrétaire général de la Fédération nationale de la presse française et de 1952 à 1973 président du comité français de l'Institut international de la presse. De 1968 à 1979, il est également administrateur de la Régie française de publicité et, de 1973 à 1982, membre du Haut conseil de l'audiovisuel. Il appartient au Conseil économique et social de 1959 à 1969.
Robert Salmon est commandeur de la Légion d'honneur, décoré de la croix de guerre 1939-1945, de la médaille de la Résistance avec rosette et de la médaille des Évadés.
Sources et bibliographie : Archives nationales, F1a 3226 ; F1a 3240 ; F1cII 107. Who's who 1988-1989, notice de Robert Salmon. Nouveau dictionnaire national des contemporains. Marie Granet, Défense de la France, Paris, PUF, 1960. Olivier Wieviorka, Une certaine idée de la Résistance, Défense de la France, 1940-1949, Paris, Seuil, 1995.
Born in Marseilles on April 6, 1918, his family had Jewish origins, though non-practicing, and was wealthy, though ruined by the Franc crisis in 1926, but maintained their bourgeois appearances. Robert Salmon studied at Buffon high school, later attending the Louis-le-Grand preparatory school in Paris. Deployed in 1939, he fought as a cadet. Taken prisoner in June 1940, he escaped and returned to his studies. He was accepted into Ecole normale supérieure in 1941 and to Ecole libre de sciences politiques in 1942, with the rank of major.
From autumn 1940, he engaged in the Resistance, co-founding Défense de la France with Philippe Viannay, a movement which he named and which focused on a newspaper for which he wrote until the Liberation. In his interviews with Olivier Wieviorka, he testified: « from the beginning, we recognized Défense de la France essentially as an opinion paper and even a newspaper of convictions [...]. It was necessary to start by boosting the morale of the population and thus re-enter the war psychologically, [...] therefore creating propaganda in the positive sense of the word ». Loyal to his democratic socialist loyalties from before the war, he was opposed to both the Nazi regime and the Vichy government, whereas the attitude Philippe Viannay was markedly less hostile toward Pétain at the beginning. Salmon confided to Wieviorka: « Pétain represented absolutely nothing by way of hope. I didn't believe in him for a second. I have always been outwardly critical of him. ». Under the signature of « Robert Tenaille », Robert Salmon was reserved essentially all of the political articles of the newspaper and ideological accounts towards the end of the Occupation. Hostile to Bolshevism, (he noted that « Stalin's idea of a state strangely resembles that of Hitler »), Salmon declared himself for « a socialism that is audacious without being utopic, closed without being aggressive », « for an authoritarian and progressive democracy ». According to him, once having dispelled all of those whose « negligence » led France to its defeat, those who « in 1940 doubted France », there would be an « assembly of the left », and the creation of a « Workers' Party » to expand and institute the new economic doctrine, primarily composed of nationalization and planning. These reflections led him to work on a Constitution project along with Jean-Daniel Jurgensen, which would appear in the Notes of Défense de la France which, taking up the same problems of state reform that was elaborated on throughout the course of the 1930s, moved toward a reinforcement of executive power: thus suggesting the creation of a Supreme Court to verify the constitutionality of laws, elections for four years, by an electoral college, a President of the Republic with extended powers (execution and initiation of laws, direction of government, right of dissolution, right of pardon...), the devolution of suffrage to women, the limitation of parliamentary sessions...
When Défense de la France created a Directorial Committee near the end of 1942, though he had been distant from the movement at times during the beginning of 1942, Robert Salmon became one of the first and most influential members as he looked to reinforce their Gaullist tendencies. He represented the movement to the commission of appointments, created in the summer of 1943 and charged with the nomination of civil servants of authority, and to the Underground Press Commission, formed September 1943. He also led the representation of Défense de la France at the Parisian Liberation Committee starting in September 1943.
In 1943, after the foundation of the National Liberatino Movement, he became a member of the Directorial Committee of the MLN and was responsible for the Parisian region – a post he occupied until the Liberation of Paris. He also represented the MLN to the Commission of Liberation Committees created by the CNR and the Justice Commission. In August 1944, he, along with Blank and Jean-Daniel Jurgensen, moved into building 100, Rue Réaumur, where Défense de la France was to transform into France Soir in autumn. Disagreements arose between these three men and in July 1946, Robert Salmon and Jean-Daniel Jurgensen had to leave the newspaper.
After being member of the Provisional Consultative Assembly since October 1944, in March 1945, Robert Salmon was appointed to Provisional Municipal Assembly of the capitol as a member of the CPL. He was later elected to the Municipal Counsel of Paris and the General Counsel of the Seine on the list of the Union of Resistance movements. He was then an elected member of the first Constituent Assembly on the list of the SFIO-UDR union in the third sector of the Seine. There he renounced the constitutional ideas that he had defended in Notes of Défense de la France because he advised a unique Assembly, hoping that the Chamber would elect the President of the Republic, and recommended that the deputees designate the President of the Counsel. Though he had adhered to the SFIO, Robert Salmon was demoted a place for the elections that he lost in June 1946. He was once again a candidate for the Municipal elections of 1947 on a socialist list of the third sector (3rd, 4th, and 10th arrondissements), though he did not regain his seat at the Municipal Counsel. He remained a member of the SFIO, and was a candidate for the Executive Commission of the Federation of the Seine in 1949 and 1953.
The majority of his career continued as follows through the press. He was president of the Management Counsel then Director General (starting in 1949) of the Publications and Editions of France, which edited France-Soir, Le Journal du Dimanche, Elle, and France-Dimanche and was the founding president of France-Soir. Administrator of La Tribune économique in 1945, he was a member of the the Counsel of Surveillance of the Society of Economic Studies and Publications in 1949. From 1946 to 1979, he led the review entitled, Réalités. From 1951 to 1977, he was General Secretary of the French National Press Federation and from 1952 to 1973 acted as president of the French Committee of the International Press Institute. From 1968 to 1979, Salmon was also the administrator of French state-controlled publicity and from 1973 to 1982, he was member of the High Audiovisual Counsel. He also belonged to the Social and Economic Counsel from 1959 to 1969.
Robert Salmon was a commander of the Legion of Honor, decorated with a croix de guerre (Cross of War), the medal of the Resistance with rosette, and the médaille des Evadés (Medal of those who escaped – escaped Prisoners of War).
Source: National Archives, F1a 3226; F1a 3240; F1cII107. Who's who 1988-1989, notice from Robert Salmon. Nouveau dictionnaire national des contemporains. Marie Granet, Défense de la France, 1940-1949, Paris, Seuil, 1995.
Traduction : Matthias R. Maier
Auteur : Philippe Nivet (fiche rédigée dans le cadre du dvd-rom La Résistance en Ile-de-France, édition AERI, 2004).
Author: Philippe Nivet