Analyse média

Circulaire envoyée aux agriculteurs de Crest les appelant à apporter les sacs qui leur restent :
« État français. Travail, Famille, Patrie
Mobilisation du blé
Nous risquons de manquer de pain.
Cette épreuve a pu nous être épargnée jusqu’ici. Aujourd’hui, la menace pèse sur nous.
Elle risque de jeter le trouble dans les esprits : la faim est mauvaise conseillère.
Or, la soudure peut-être faite parce qu’il reste du blé dans nos fermes et, parce que, d’ici la moisson, pas un sac ne sortira de France.
Dans une heure aussi grave, ce blé n’appartient qu’à la Nation. En conséquence le Ministère de l’Agriculture et du Ravitaillement rappelle à tous les cultivateurs qu’ils sont dans l’obligation d’en effectuer la livraison immédiate et totale.
C’est donc à la mobilisation des derniers blés qu’il faut procéder.
De son succès dépendent la paix sociale et la vie du pays.
Le 23 mai 1943
Le maire de Crest
G. BOVET »

Fin mai 1943, à quelques mois de la prochaine moisson, il faut assurer la « soudure » et fournir du pain à la population jusqu’à la récolte de l’été. Les autorités municipales craignent des troubles si le pain vient à manquer. D’ailleurs, dans d’autres villes drômoises des manifestations se produisent en 1943, comme ce Comité des ménagères de Tain-Tournon appelant à une manifestation devant la mairie, le 3 août 1943.

Le maire de Crest fait des promesses : « d’ici la moisson pas un sac ne sortira de France ». A-t-il les moyens de les tenir ? Il fait appel aux sentiments patriotiques : « ce blé n’appartient qu’à la Nation ». Soupçonnant les agriculteurs de garder quelques sacs de blé en réserve, il leur rappelle (en gras) « qu’ils sont dans l’obligation d’en effectuer la livraison immédiate ».

Contexte historique

Le blé, dès sa récolte, est l’objet d’une surveillance méticuleuse des services de l’État. Les agriculteurs sont obligés de déclarer leurs récoltes, des contrôleurs sont chargés d’y veiller. Une partie de ce blé est réquisitionnée et exportée en Allemagne. Les Français sont soumis à des restrictions drastiques. On ne peut obtenir du pain qu’en échange de tickets.