Baraquements du camp C1 d'Ambel, commune d'Omblèze

Légende :

Baraquements du camp C1, près du Saut de la truite, la Gardiole, proche d'Ambel, commune d'Omblèze

Genre : Image

Producteur : Elvio Segatto

Source :

Détails techniques :

Photographie noir et blanc

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Omblèze

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Analyse média

Le camp était dans le creux de la combe qui mène au lieu dit Saut de la truite à environ 150 mètres à gauche en partant du monument d’Ambel. Une source alimentait un bassin en ciment. Sur la photo, ce bassin était près de la cuisine du camp qui est le premier baraquement à gauche (toit clair) , le toit foncé était la réserve du ravitaillement. L’abri à toit blanc abritait la marmite en fonte du cuisinier. Un baraquement, caché par les branches était situé bien au-dessus du plus haut bâtiment visible. Le petit pont visible en bas et à gauche laissait passer l'eau de la fontaine du Pis.


Alain Coustaury, Elvio Segatto

Contexte historique

Le site a été reconnu le 17 décembre 1942 par deux Résistants, Simon Samuel (frère du docteur Eugène Samuel), de Villard-de-Lans et Louis Brun, cafetier et tourneur sur bois, adjoint au maire de Pont-en-Royans, en quête d'un lieu pour héberger des réfractaires au STO. Difficile d‘accès, aucune route n'atteignant directement le site, la maison forestière, capable d‘abriter plusieurs dizaines de personnes, a quatre co-propriétaires : Victor Huillier, transporteur, et André Glaudas, marchand de vin, Résistants de Villard-de-Lans qui ont eu l'idée d'utiliser ce bâtiment, Gravier (de Briançon) et Guillet (de Grenoble), qui ignorent totalement ce projet. Le Résistant Pierre Brunet, garagiste de Pont-en-Royans, embauché comme sous-directeur de l'exploitation, s'occupe des faux papiers et du ravitaillement, en liaison avec Benjamin Malossane, de Saint-Jean-Royans. Quant au directeur, Louis Bourdeaux, ancien officier de chasseurs alpins, d'abord à l'écart du projet, il est vite mis dans la confidence et participera activement, sous le nom de « Fayard », à la Résistance locale. Il recrute en février 1943 un jeune ingénieur forestier André Valot (« Stephen ») qui participe à l'encadrement du camp. Les réfractaires qui viennent de Grenoble transitent par Villard-de-Lans et Pont-en-Royans d'où ils sont acheminés à Ambel par Louis Brun, après avoir traversé la Bourne en barque. Un système d‘alerte installé à Bouvante permet de couper l'électricité alimentant la ferme et de provoquer, après trois interruptions successives, la dispersion immédiate de ses habitants. Début 1943, Ambel abrite 85 hommes. Fin décembre 1942, un groupe de 31 réfugiés polonais se cache quelques jours dans la ferme de la clairière du « plateau » d'Ambel, au centre d'une vaste exploitation forestière. Cette dernière avait été développée par Nicodème Erliche. Il fit installer par une entreprise italienne un câble forestier. Une plateforme d'amarrage fut installée en haut de la falaise, près du Saut de la truite. Deux socles en béton subsistent de nos jours. La plateforme de réception était établie aux Roissards, hameau de Bouvante-le-Haut, 500 mètres plus bas. Le câble servit surtout au début à évacuer du foin pour fournir Lyon. Avec la guerre, c'est l'exploitation du bois et la fabrication du charbon de bois qui devint l'activité essentielle. La ferme avait été aménagée. Des bas-flancs sur deux étages permettaient de recevoir 60 personnes. La grange également agencée accroissait les capacités d'accueil. Cet effectif était nécessaire pour l'exploitation forestière qui pouvait donner du travail à plus de 150 hommes. Pour évacuer le bois, tout un système de « téléphérage », terme de l'époque, desservait le vallon. Un câble principal parcourant tout le creux de la Chomate amenait le bois à la plateforme sommitale. Des câbles temporaires, disposés en épis, alimentaient le câble principal drainant le flanc oriental du roc de Toulau, le « travers » de Toulau, ainsi que les pentes des pots Martin (pot signifiant gouffre) Le câble principal pouvait transporter des troncs de dix mètres, des charges d'une tonne. Le charbonnage se faisait dans des fours métalliques dont certains sont encore visibles. L'exploitation forestière était dirigée par le capitaine Bourdeaux (« Fayard ») assisté par André Valot (lieutenant « Stephen »), ingénieur forestier, spécialiste du transport par câble. Alors que la ferme d'Ambel, les baraquements, sont détruits par le raid de la Milice le 16 avril 1944, les installations liées à la production et au transport du bois ne sont pas touchées car la société forestière avait été vendue aux Allemands début 1944. Cela n'empêche pas la cache et l'entraînement des maquisards de se poursuivre, aux frais de l'occupant qui les paye comme forestiers ! Si le travail forestier satisfaisait beaucoup d'hommes, une certaine impatience pour une action militaire se faisait sentir. Pierre Brunet rappelait qu'il n'avait que « deux vieux Mauser à leur donner pour l'exercice et cela ne les intéressait plus. Je ne savais plus que répondre à leurs questions concernant les parachutages d'armement promis. » Quelques armes parviennent au printemps mais seul le parachutage de Darbounouze, dans la nuit du 13 novembre 1943, permet de commencer un véritable entraînement militaire. En juin et juillet 1944, la compagnie « Fayard » participe à la défense et aux combats du Vercors, mais peu de ses combattants ont connu l'époque des débuts du C1. Après la Libération, le domaine d'Ambel est acheté par le conseil général de la Drôme. Un monument commémoratif est inauguré le 23 août 1964 par Benjamin Malossane.


Auteurs : Coustaury AlainSources :Valot André, Vercors, premier maquis de France, association nationale des Pionniers du Vercors, Grenoble, 3e édition, 1991