Max Weinstein : diffuser les imprimés clandestins

Légende :

Max Weinstein évoque la diffusion d'imprimés clandestins

Genre : Film

Type : Témoignage filmé

Source : © AERI Droits réservés

Détails techniques :

Durée de l’extrait : 00:02:21

Tournage et montage : Nicolas Voisin

Interview réalisée par Clémence Piet et Manuel Valls-Vicente.

Date document : Février 2009

Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris

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Analyse média

Retranscription :

" Moi, j'ai surtout participé au début à des distributions, des lancers de tracts. On lancait des tracts, on collait des papillons. D'ailleurs, dans le recueil bleu, il y a une feuille avec les papillons qu'on avait sortis. Alors, ce n'était quand même pas facile parce que c'était des papillons sur papier. Il fallait couper les feuilles, se trimballer avec des seaux de colle... Il n'y avait pas le matériel d'aujourd'hui. Un pinceau... et on se baladait à deux ou trois... De grands imperméables pour cacher le seau de colle, etc. C'est ce qu'on faisait au début. Et puis, il y a eu e nmême temps l'apparition d'un certain nombre de documents, comme notre bulletin, notre journal - on l'appelait pompeusement notre journal - c'était un bulletin ronéotypé... C'était déjà un exploît de le sortir, à l'époque. Le copain qui l'imprimait, ce camarade, c'est lui qui imprimait dans une imprimerie clandestine à Bron nos journaux clandestins, nos tracts, etc. D'ailleurs, à 24 heures près, ils ont échappé à la milice. ils occupaient une maison à Bron, ils ont été dénoncés. Je ne sais pas comment ils l'ont su, mais ils se sont évadés de là, partis de là et notre imprimerie a échoué quelque part à la Croix-Rousse, rue Denfert-Rochereau. Il y avait d'ailleurs une autre imprimerie clandestine, aux Brotteaux. Enfin, on l'appelait " imprimerie ", mais c'était un grand mot... c'était une machine à écrire, des stencil et une ronéo. C'était ça, l'imprimerie clandestine. De la même façon qu'on avait pour les faux papiers une préfecture. Alors, la préfecture, c'était un copain plus habile que les autres qui savait tripoter les papiers, etc. et qui créait les fausses cartes d'identité.
Quand les nazis ont sorti la fameuse affiche rouge, on passait de grands moments de nuit à inscrire dessus "Morts pour la France ", des choses comme ça. "


Contexte historique

Max Weinstein est né le 20 juin 1927 à Nancy, où ses parents, juifs polonais, s'étaient installés au début des années 1920. Son père, après avoir travaillé dans des usines de la sidérurgie lorraine, est marchand forain sur le marché de Nancy. Il parle et écrit le Français. Sa mère lui parle en Yiddish.

Max et ses frères, Georges et Charles, retrouvent chaque jour leurs bandes de copains dans les rues proches de chez eux. En 1939, Max a douze ans. Il obtient son certificat d'études. En août, son père est mobilisé à Roanne dans la Loire. Sa mère étant malade et suite aux bombardements de Nancy, ils décident en mai 1940 de rejoindre le père. Pendant ce voyage, la famille se fait voler tous ses biens... Ils n'ont plus rien.

Au collège de Roanne, Max entreprend des études commerciales. Il passe ses journées libres avec un groupe d'éclaireurs israélites de France (EIF). Démobilisé après l'invasion allemande, son père reprend à Roanne son activité de marchand forain. Au printemps 1943, à 16 ans, Max arrête le collège, las des brimades antisémites des autres élèves.

En septembre 1943, Max rejoint son frère Georges à Villeurbanne, près de Lyon. Il se doute que celui-ci agit contre l'occupant et les collaborateurs et souhaite, lui aussi, " faire quelque chose ". Son frère commence par lui céder sa chambre. Auprès de ses logeurs, il se fait appeler " Max Chevalier ", frère de " Maurice Chevalier " (pseudo de Georges)... C'est son premier pas dans la clandestinité. Il obtient rapidement une nouvelle carte d'identité. Georges lui trouve également un travail dans une usine de Lyon. Enfin, il lui propose de faire partie d'un groupe de résistance de jeunes juifs communistes. C'est l'Union de la jeunesse juive (UJJ), issue de la MOI (Main d'oeuvre immigrée). Max, bien qu'ignorant tout de la politique, accepte aussitôt. Son pseudonyme est " Gustave ".

Il est agent de liaison et participe à des opérations de lancer de tracts, distribue le journal clandestin Jeune combat colle des papillons et fait des graffitis sur des murs de lieux publics, participe à des prises de parole en public... Il donne également son aide à différentes actions directes (sabotages). Au bout de quelques semaines, il possède une arme, puis forme ses camarades au maniement.

Le 24 août 1944, en compagnie d'autres jeunes de l'UJJ, il prend part à l'insurrection de Villeurbanne avec le bataillon Carmagnole. Il dirige un groupe d'une dizaine de jeunes avec qui il construit puis défend des barricades. Il participe également à la bataille de Pusignan, dans le Rhône. Il a alors dix-sept ans. Après la Libération, il intègre le 1er régiment du Rhône, constitué de résistants, où il devient secrétaire de la compagnie. Mais il quitte l'armée peu de temps après.

Il travaille ensuite pour la presse communiste à Lyon, puis à Paris, au journal L'Humanité. Il milite toujours au parti communiste, auquel il a adhéré en septembre 1943.


DVD-ROM « Valeurs de la Résistance, valeurs des jeunes aujourd’hui », AERI, 2012.