Pierrette Rossi : la réception de parachutages
Légende :
Pierrette Rossi évoque la réception de parachutages, une opération risquée
Genre : Film
Type : Témoignage filmé
Source : © AERI Droits réservés
Détails techniques :
Durée de l’extrait : 00:01:53
Tournage et montage : Nicolas Voisin
Interview réalisée par Clémence Piet et Manuel Valls-Vicente.
Date document : Mars 2009
Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Ain - Bourg-en-Bresse
Analyse média
Retransciption :
" L'équipe de résistants était avertie à l'avance, se réunissait, armée bien sûr, et allait cloisonner l'étendue sur laquelle devait se passer le parachutage ou l'atterrissage et ensuite cacher - quelquefois, ils ne pouvaient pas emmener la marchandise la nuit même de l'atterrissage - il fallait donc cacher la marchandise en attendant pour pouvoir venir la récupérer. Alors, c'était vraiment toute une organisation.
Lors d'un parachutage à Bourg, les résistants se sont réunis à Bourg-en-Bresse, et par une mauvaise manipulation, une arme a fonctionné. Ils étaient en train de vérifier leurs armes, de les charger. Un coup est parti et a blessé l'un d'eux. Immédiatement, on l'a transporté chez un chirurgien résistant qui n'était pas là. Finalement, on a dû le mener à l'hôpital, où, évidemment, ça a été découvert et on a arrêté plusieurs personnes à la suite de cela. Cela mettait en jeu énormément de danger : premièrement, les radios, et également, ceux qui participaient à l'atterrissage ou aux descentes de containers. "
Contexte historique
Pierrette Rossi est née le 7 février 1918 à Lyon. Très patriote, Pierrette pleure lors de la déclaration de la guerre, désespérée de ne pouvoir, en tant que femme, intégrer l'armée régulière et défendre ainsi son pays. Dès 1940, elle refuse l'Occupation et c'est en entendant à la radio l'appel du général de Gaulle qu'elle reprend espoir.
Au début de l'année scolaire 1941-1942, alors qu'elle travaille à l'inspection académique de Bourg-en-Bresse, elle entre en contact avec un camarade du mouvement Combat. Grâce à lui, elle devient agent de liaison et distribue des tracts et journaux clandestins.
Un jour, elle reçoit à son travail la liste des jeunes instituteurs requis au STO. Elle détourne le courrier et accueille les jeunes concernés. Elle peut ainsi leur proposer de rejoindre le maquis plutôt que de travailler en Allemagne. Elle aussi quitte l'Education nationale pour entrer dans la clandestinité et devient " Denise Dupont ". Elle participe alors au Service social du département de l'Ain de Combat... Mais après avoir été prévenue de sa prochaine arrestation, elle doit se mettre au vert.
Elle devient ensuite responsable départementale du Service social de Combat à Lyon. Pour remplir ses missions, elle obtient des renseignements d'un officier de la Wehrmacht en poste à la prison de Montluc : elle lui donne des noms de résistants, afin qu'il lui dise s'ils sont en prison, fusillés ou déportés. Cela permet à Pierrette de prévenir leurs familles et de leur venir en aide.
Le 11 juillet 1944, elle est arrêtée à la suite d'une dénonciation. C'est son assistante, elle aussi arrêtée, qui a livré son nom... Pierrette est interrogée, internée à la prison de Montluc.
Elle part le 11 août 1944 pour le camp de Ravensbrück : il s'agit d'un des derniers convois de déportés, avec à son bord plus de 600 hommes, femmes et enfants. Le voyage est très long car les voies ferrées sont souvent détruites par des camarades résistants : elle arrivera 11 jours plus tard à Ravensbrück. Elle travaillera ensuite dans les kommandos de Torgau (dans une usine de munitions et d'explosifs), Abterode (usine BMW fabriquant des pièces de moteurs d'avions) et Markkleeberg (finition des leviers d'ailes d'avions pour la firme Junkers).
Elle s'applique à rester digne et solidaire de ses amies pendant la période passée au camp. Elle continue les actes de Résistance, sabotant par exemple des pièces dans l'usine où on la force à travailler pour la machine de guerre allemande...
Alors que les troupes soviétiques approchent, les SS décident d'évacuer le camp. Les déportés doivent se replier à pied pendant des heures et des jours, encadrés par les SS. Ce sont les colonnes de la mort. Pierrette et ses amies parviennent à s'échapper. Elles font des rencontres plus ou moins heureuses pendant le long et épuisant parcours qui les ramènera en France. Pierrette arrive à l'hôtel Lutétia, qui accueille à Paris les déportés à leur retour des camps, à la fin du mois de mai 1945.
Elle reprend ensuite son travail social, avec le groupe Revivre, en participant au rapatriement d'enfants juifs et d'orphelins.
Enfin, elle reprendra des études de psychologie et travaillera en tant que chercheuse en pédagogie et psychologie.
DVD-ROM « Valeurs de la Résistance, valeurs des jeunes aujourd’hui », AERI, 2012.