Gérard Jaquet
Légende :
Gérard Jaquet, membre du comité directeur du Comité d'action socialiste (CAS) et de Libération-Nord
Genre : Image
Type : Photographie
Source : © Office Universitaire de Recherche Socialiste Droits réservés
Détails techniques :
Photographie analogique en noir et blanc.
Lieu : France - Ile-de-France
Contexte historique
Né le 12 janvier 1916, à Malakoff (Seine), Gérard Jean Charles Jaquet est issu d'une famille de classe moyenne en voie d'ascension sociale. Son père est contrôleur des PTT et sa mère institutrice. Ses parents se situent à gauche, sans être militants, et Gérard Jaquet n'a pas d'éducation religieuse. Il fréquente successivement les lycées Montaigne, Lakanal, puis Buffon, enfin la faculté de médecine de Paris.
G. Jaquet adhère à la SFIO fin 1932 et milite à la section de Chevilly-Larue dont il devient secrétaire à 16 ans. Après la conférence de Munich, blumiste, il décide de combattre la majorité pacifiste des Étudiants socialistes (ES), dont il était membre dès 1932. Son courant triomphe et il devient secrétaire du groupe de Paris des ES jusqu'en 1940.
Mobilisé comme médecin auxiliaire à Autun, après ses classes à Rennes, il participe à la campagne de France. Il est démobilisé à Montauban à l'été 1940. À l'automne 1940, dès son retour dans la Région parisienne, Gérard Jaquet prend contact avec des militants de la section du Ve arrondissement, dont Robert Verdier, Amédée Dunois et Paul Colliette. Membre du comité directeur du Comité d'action socialiste (CAS) depuis sa formation, ils entreprennent, tout en construisant Libération-Nord, d'impulser le rassemblement des socialistes de la Seine, puis de ceux de la zone Nord.
Gérard Jaquet, qui poursuit ses études de médecine jusqu'en 1942, où il achève son doctorat, est arrêté une première fois durant l'été 1941, pour avoir fabriqué de fausses cartes d'identité. Il subit deux mois d'emprisonnement à la prison du Cherche-Midi. Léon Boutbien, résistant au groupe Libertés étant déporté en Allemagne, il le remplace à Montgeron (Essonne), sur la demande de la femme de celui-ci, d'août à octobre 1942. À cette date, ayant le sentiment d'être recherché, il passe complètement à la clandestinité, abandonnant pour toujours la carrière médicale.
G. Jaquet s'occupe des problèmes matériels du CAS : parution du Populaire clandestin, pour lequel il écrit des articles, préparation de tracts et de circulaires. Puis, il est coopté secrétaire adjoint du parti socialiste reconstitué dans la Résistance, en même temps que Robert Verdier, au début 1943. Il assume par ailleurs les fonctions de secrétaire de la Fédération de la Seine, en alternance avec Édouard Depreux, puis de trésorier national après la mort de Raoul Évrard.
Il préside des congrès fédéraux ou régionaux en province, réunissant pour chacun une poignée de cadres. Parallèlement, il représente le Parti socialiste au Comité parisien de Libération et à des rencontres clandestines avec des responsables du MLN. Ses principaux pseudonymes sont "Raymond" et "Marmande".
Le 8 mai 1944, son agent de liaison, appréhendé et torturé, indique aux miliciens un lieu de rendez-vous précis qui permet son arrestation. Torturé à son tour, Jaquet est libéré, au bout de deux semaines, par un des miliciens qui entend dissimuler à la Gestapo la saisie d'une importante somme d'argent de la Résistance. Le jour de la libération de Paris, il le retrouve en uniforme FFI à l'Hôtel de Ville et le fait arrêter sur le champ. G. Jaquet siège au Comité parisien de Libération et à l'Assemblée municipale provisoire, comme représentant de la SFIO.
Il anime, avec Léo Hamon, le courant de ceux qui s'opposent à l'influence qu'ils jugent trop envahissante du parti communiste. Le congrès des fédérations socialistes reconstituées de novembre 1944 confirme la direction clandestine dans ses fonctions. Gérard Jaquet devient donc permanent politique, cumulant toujours les fonctions de secrétaire adjoint, de trésorier du parti et de secrétaire fédéral de la Seine. Membre du Comité d'entente avec le PCF depuis 1944, il fait des réserves sur le processus de réunification proposé par le parti communiste et appartient au Comité d'entente avec l'UDSR (Union démocratique et socialiste de la Résistance). Il est surtout élu député aux élections à l'Assemblée constituante d'octobre 1945, sur une liste commune SFIO-UDSR dans la sixième circonscription de la Seine correspondant au secteur Est de la banlieue parisienne.
Pourtant, en novembre suivant, au congrès de la fédération SFIO de la Seine, les pivertistes l'emportent contre lui. Puis la direction de Daniel Mayer est battue au congrès de 1946. Jaquet perd sa place au comité directeur, mais reste l'animateur principal de la minorité fédérale, pratiquant une opposition constructive. Sa mise à l'écart n'est que provisoire, il réintègre le comité directeur au congrès de Lyon, en 1947 et représente la SFIO au bureau exécutif de la Troisième Force.
Gérard Jaquet s'investit totalement dans le combat pour la construction européenne, juste avant le congrès de La Haye, en 1948. Il siège à l'Assemblée consultative du Conseil de l'Europe de 1949 à 1958 et appartient à l'Assemblée de la Communauté européenne du charbon et de l'acier de 1952 à 1956 ; il représente la sensibilité politique socialiste au Mouvement européen dont il est vice-président jusqu'en 1989. Partisan de la Communauté européenne de défense (CED), il défend la constitution de la CEE, en rappelant que son élargissement est possible.
Avec la victoire du Front républicain, il occupe deux postes ministériels : secrétaire d'État à la présidence du Conseil du gouvernement Mollet (février 1956-mai 1957), chargé de l'Information, il est ensuite ministre de la France d'Outre-Mer des gouvernements Bourgès-Maunoury et Gaillard (mai 1957-mai 1958).
En juin 1958, Gérard Jaquet vote contre le retour au pouvoir du général de Gaulle à l'Assemblée nationale. Avec Albert Gazier et Christian Pineau, il constitue une minorité opposée à la position de Guy Mollet. Battu aux législatives de novembre 1958, il redevint permanent, tout d'abord comme délégué général du Mouvement européen (1958-1961), puis comme administrateur et directeur du Populaire (1961-1965). Il passa ensuite dans le secteur privé, comme délégué général des éditions Rencontre. Après avoir soutenu Gaston Defferre, il se rapprocha de François Mitterrand à partir de 1965 et joue un rôle important dans son succès au congrès d'Épinay en 1971. Membre du comité directeur de 1971-1979 et du secrétariat national du parti socialiste de 1971 à 1975, il intègre le Conseil d'état en 1976, puis, en 1979, est élu député européen. Il prend définitivement sa retraite à la fin de son mandat parlementaire en 1984.
Gilles Morin, " Gérard Jaquet " in DVD-Rom La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004.