Contexte historique

Robert Duterque est né le 11 mars 1907 à Huby-Saint-Leu (Pas-de-Calais).
Formé à l'École normale de Châlons-sur-Marne, il est nommé instituteur à l'école du boulevard des Belges à Reims où il exerce dans l'une des premières classes de perfectionnement créées dans cette ville. Il est très actif dans l'encadrement d'activités pré et post scolaires. Militant syndical, membre de la SFIO depuis 1930 et secrétaire local du Front populaire, il participe avant-guerre à la rédaction du journal Le Travail de la Marne.

Robert Duterque, qui a perdu accidentellement un œil, n'est pas mobilisé en septembre 1939. Père de deux jeunes garçons, il s'engage néanmoins dès janvier 1941 dans l'action clandestine et rejoint avec ses camarades Claude Burgod, Raymond Guyot et Paul Schleiss le groupe de résistance Les Cloches des Halles implanté à Paris par Libération-Nord. En 1943, il se fait établir à Troyes une fausse carte d'identité au nom de Jean Alain (prénoms de ses deux fils) Dumont, professeur de musique né à Bastia en Corse, et c'est sous le pseudo de « Lieutenant Philippe », qu'il devient responsable militaire de Libération-Nord dans l'arrondissement de Reims. Le 8 février 1944, il est désigné pour siéger avec Edmond Forboteaux au Comité départemental de libération nationale de la Marne au titre de Libération-Nord.

Le 13 juin 1944, il est arrêté en même temps que plusieurs de ses camarades. Interné dans les prisons de Reims, puis de Châlons-sur-Marne, il est transféré à Compiègne et déporté comme résistant le 15 juillet 1944 à Neuengamme (matricule 37 084). Il est affecté au Kommando de Bremen-Farge (édification de l'abri sous-marin Valentin).
Les circonstances de son décès ont fait l'objet d'informations contradictoires. Au lendemain de la guerre, Le Travail affirmait qu'il était mort d'épuisement à Neuengamme. Le Livre-mémorial des déportés de France ne donne aucune indication. Les archives du COSOR font mention de sa disparition sur un des bateaux coulés par erreur par l'aviation britannique en baie de Lübeck le 3 mai 1945, hypothèse qui semblait la plus vraisemblable, mais qui a été infirmée par les recherches effectuées en 2007 dans les archives allemandes par la famille de Robert Duterque. En réalité, il a fait partie d'un groupe de déportés de Bremen-Farge qui ont été rassemblés dans le camp de Watenstedt, puis qui ont été transférés par train dans des conditions effroyables à Ravensbrück où les survivants sont arrivés le 14 avril 1945. Enregistré sous le matricule 19 127, Robert Duterque y est décédé vraisemblablement au début du mois de mai 1945.

En mars 2012, sa mort en déportation n'était pas encore enregistrée au JO de la République française.

À Reims où une allée du quartier Croix-Rouge porte son nom depuis 1971, le nom de Robert Duterque est inscrit sur le monument aux martyrs de la Résistance et de la Déportation, sur la plaque apposée à la Bourse du Travail aujourd'hui Maison régionale des syndicats, sur la stèle élevée par le Parti socialiste SFIO au cimetière du Nord et sur la plaque « des maîtres de l'école laïque » dans le square des victimes de la Gestapo. Dans le hall de l'école Jean Macé, boulevard des Belges, où il a enseigné, une plaque lui rend hommage.
À Châlons-en-Champagne, son nom figure sur la plaque 1939-1945 érigée à l'École normale de garçons, transférée ultérieurement dans la cour d'honneur de l'IUFM (ex École normale de filles).

À Paris, le nom de Robert Duterque est inscrit sur la plaque apposée 14, rue Sauval à la mémoire du groupe de résistance Les Cloches des Halles.