Jean-Louis Antier

Légende :

Jean-Louis Antier, fondateur du groupe de résistance Chevreuil, affilié à Libération-Nord

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © ARORY- Archives privées Denise Ladier Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc extraite du CD-ROM La Résistance dans l’Yonne.

Lieu : France - Bourgogne - Franche-Comté (Bourgogne) - Yonne

Ajouter au bloc-notes

Contexte historique

Jean-Louis Antier est né le 11 juillet 1910 à Vernoux-sous-Boutonne (Deux-Sèvres). Son père était garde forestier. Après l'obtention de son certificat d'études, le jeune Jean-Louis Antier intègre l'Ecole pratique de Commerce et d'Industrie de Niort. Il devance l'appel et s'engage dans l'infanterie. Après avoir été affecté à Niort, Auxerre et Troyes, le sergent-chef Antier, marié et jeune père d'une fille nommée Denise, décide de quitter l'armée le 15 octobre 1934. C'est le début d'une ascension professionnelle assez étonnante puisque, après avoir été embauché comme représentant chez Daprey, une entreprise d'accessoires automobiles à Auxerre, Antier obtient avant la guerre la responsabilité des jardins familiaux, un service qui dépendait du Secours national, puis est nommé directeur de la Caisse chirurgicale mutuelle de l'Yonne jusqu'en mars 1944.

Grand séducteur, Jean-Louis Antier s'engage dans la lutte contre l'occupant davantage motivé par la recherche d'aventures que par idéologie politique. Aucun engagement politique particulier ne lui a été attribué à ce jour.

Chargé des jardins familiaux, Antier les multiplie au maximum : " Les Allemands comptaient dans les impositions, le tonnage de pommes de terre (...) nous avons fait garder 140 tonnes de pommes de terre sachant très bien que la majeure partie était pour la consommation. " Il fait évader des prisonniers, leur procurant des faux papiers, les dirigeant sur les passages les moins surveillés. Il cache aussi des réfractaires. Devenu directeur de la Caisse chirurgicale, Antier étend ses relations et recrute davantage de résistants, comme docteur Seguin.

A partir de l'été 1943, les activités résistantes de Jean-Louis Antier prennent davantage d'ampleur. D'après François Jussot, une réunion clandestine est organisée au château du Rosaire à Charbuy. Antier y rencontre René Aubin, responsable de Libération-Nord pour l'Auxerrois et François de Montaudouin, responsable de l'ORA. Cette réunion intervient à un moment où le mouvement Libération-Nord décide de s'implanter dans le département. Pour cela, il envisage de s'appuyer sur des groupes locaux. Antier est chargé de constituer un groupe de résistance, le groupe Chevreuil. Il prend Gabriel Quin pour adjoint et contacte aussi Maurice Joussot commandant du groupe Désiré à Montigny-la-Resle.

En mars 1944, une vague d'arrestations survient et décime le mouvement Libération-Nord. Dénoncé, Antier échappe de justesse à Karl Haas venu l'arrêter sur son lieu de travail. Après la Libération, il recevra un courrier étonnant de la part de son supérieur qui lui reproche " d'avoir commis l'incorrection de quitter la Caisse chirurgicale mutuelle de l'Yonne sans me prévenir (…) mais  je suis disposé à vous garder votre place ".

Antier entre alors en clandestinité et se fait désormais appeler " Chevreuil ". Il rejoint le PC du groupe qu'il dirige dans le hameau des Courlis, à proximité de Charbuy. Début juin 1944, contacté par Jean Guyet, il accepte de rejoindre le réseau Jean-Marie, probablement attiré par les armes qu'on lui promet. Les moyens devenant supérieurs, le groupe Chevreuil entreprend de nombreuses actions aussi spectaculaires que risquées, comme l'attaque d'un convoi allemand le 12 août 1944 au Pont-de-Pierre.

" Chevreuil ", devenu capitaine FFI, le 15 août 1944, reçoit l'ordre de rejoindre le PC du réseau Jean-Marie à Sommecaise. Arrivé au PC, il constitue et dirige la 1ère compagnie du 1er bataillon de la 4ème demi-brigade. Sa principale mission est de libérer Villiers-sur-Tholon et d'assurer le flanc gauche de la 2ème compagnie de Jean Pailleret qui doit libérer Aillant-sur-Tholon.

Dès les premières actions de la Libération, Antier et son groupe se signalent par la férocité de leurs procédés, en particulier en faisant procéder à de nombreuses exécutions sommaires. Un rapport des RG de l'Yonne daté du 3 novembre 1944 note que Roger Bardet " a fait exécuter des personnes par le nommé Antier dit capitaine Chevreuil ". Mais l'auteur du rapport, tout en rappelant le grand ascendant exercé par Bardet sur sa troupe conclut " qu'il est impossible de savoir si Antier a été l'instrument passif ou le complice de son chef ".

Après la libération du département, Jean-Louis Antier signe un engagement pour la durée de la guerre. Il incorpore le 1er régiment des volontaires de l'Yonne et part pour Belfort et l'Alsace. Le 24 janvier 1945, " Chevreuil " saute sur une mine à Nonnenbruck (Alsace). Amputé de la jambe droite, la guerre est terminée pour lui. Il est démobilisé le 27 octobre 1945.

La paix retrouvée, Jean-Louis Antier fréquente la bourgeoisie d'Auxerre : " Il a toujours été fasciné par les notables " témoigne son ex-épouse, Denise Guitard. Il tisse un réseau de relations qui l'ont certainement aidé à créer l'Amicale Chevreuil le 24 juillet 1945. Propriétaire du restaurant le Lido à Monéteau, il garde son emploi à la sucrerie de Brienon.

Le 15 novembre 1953, il est renversé par une voiture alors qu'il circulait sur son triporteur entre Auxerre et Appoigny, après le carrefour des Chenez. Il est tué sur le coup.


Thierry Roblin, « Jean-Louis Antier », in CD-ROM La Résistance dans l’Yonne, AERI, 2004.