Paul Herbin
Légende :
Paul Herbin, dit " Hubert ", fondateur d'un des premiers groupes de Résistance dans l'Yonne, le groupe Bayard (Joigny), et plus tard membre du réseau Jean-Marie Buckmaster
Genre : Image
Type : Photographie
Source : © ARORY- Archives privées Jacqueline Herbin Droits réservés
Détails techniques :
Photographie analogique en noir et blanc extraite du CD-ROM La Résistance dans l’Yonne.
Lieu : France - Bourgogne - Franche-Comté (Bourgogne) - Yonne
Contexte historique
Né le 25 mai 1890 à Clary dans le Pas-de-Calais, Paul Herbin connaît une éducation stricte, entre un père cadre dans une sucrerie et une mère issue d'une grande famille bourgeoise.
Mobilisé, il est blessé en Artois en octobre 1914, une seconde fois début septembre 1916 et une troisième fois à la fin du mois de septembre 1916. Une longue hospitalisation est nécessaire. Il l'effectue loin du front, dans l'Yonne, à Saint-Julien-du-Sault. La même année, il épouse Emilie Fabre. La Grande Guerre terminée, l'adjudant-chef Herbin reste dans l'armée. En 1928, pour ne pas quitter Joigny alors que le 3e régiment d'artillerie coloniale est sur le départ, il fait valoir ses droits à la retraite. Civil, il continue à servir en tant qu'agent militaire au centre de mobilisation de Joigny. Il est nommé sous-lieutenant de réserve en 1929, puis lieutenant en 1931. Paul et Emilie Herbin ont six enfants, cinq garçons et une fille.
Mobilisé en 1939, il est affecté au camp de Mailly. Après la défaite, son régiment se replie à Tonneins, dans le Lot-et-Garonne. Démobilisé, il revient à Joigny. Immédiatement et résolument décidé à continuer la lutte, il envisage de fonder un groupe de Résistance. Il en parle à sa femme, à sa fille Jacqueline, à son fils Guy. Tous sont d'accord. C'est sur décision de toute la famille Herbin que naît le groupe Bayard.
Capitaine démobilisé, affecté à la direction du Ravitaillement à Auxerre, il est chargé de distribuer les cartes d'alimentation dans toutes les mairies du Jovinien. Cette situation lui permet de nouer de très nombreux contacts et de recruter les premiers membres de son groupe.
Paul Herbin exerce sur le groupe une autorité sans partage. Sa sévérité, sa droiture, son honnêteté imposent la confiance et le respect. En juillet 1943, Paul Herbin passe dans la clandestinité. Il devient " Hubert ". Il se cache dans diverses planques que ne connaissent que ses agents de liaison. Prudent, discret, il multiplie les identités et les déguisements. Ainsi lorsqu'il rend visite à sa fille Jacqueline qui vient d'accoucher d'un fils au printemps 1944, elle ne le reconnaît pas. Il réussit même à passer sans difficulté à travers plusieurs contrôles d'identité allemands. Le groupe prenant de l'ampleur et ses activités devenant importantes, il est recherché activement par les forces d'Occupation. Une prime est même promise pour qui le livrera. Ce chef que personne ne voit devient un véritable héros dans la population jovinienne.
Au cours de l'été 1943, le groupe se structure, s'intègre au mouvement Libération-Nord puis se lie au réseau Jean-Marie Buckmaster. Cependant " Hubert " entend rester le seul chef du groupe Bayard et privilégier la lutte armée. A l'automne 1943, des arrestations frappent les résistants de Migennes, avec lesquels les membres du groupe Bayard sont en contact. " Hubert " fait courir le bruit qu'il a quitté la région. Seuls sa femme et Henri Pannequin restent en contact avec lui. Au printemps 1944, plusieurs membres du groupe Bayard sont arrêtés, dont Jacqueline et Guy Herbin.
Après avoir rencontré Henri Frager, responsable national du réseau Jean-Marie, repris contact avec ses agents de liaison et incorporé des résistants du Front national, Paul Herbin donne à son groupe une véritable dimension régionale.
Quand se constituent les FFI, il réorganise le groupe Bayard en quatre compagnies auxquelles s'ajoutent les corps francs. Soucieux de maintenir l'autonomie de l'organisation qu'il a créée et qu'il dirige en maître absolu, il refuse de reconnaître l'autorité du colonel " Chevrier " et d'intégrer l'état-major FFI. Il refuse également le départ de ses troupes pour les Iles Ménéfrier où " Verneuil " rassemble tous les maquisards de Libération-Nord du département. Plutôt que d'une divergence stratégique, il semble s'agir d'abord d'une rivalité personnelle entre " Hubert " et " Verneuil " : " Hubert " a cinquante-quatre ans, il a fondé et dirige une organisation devenue puissante et ne peut admettre de devoir obéir à un jeune homme de vingt ans.
Le 17 août 1944, " Hubert " regroupe tous les maquisards du groupe Bayard qui entrent dans l'action armée contre la Wehrmacht. Le 22 août, les hommes de Bayard libèrent Joigny.
Promu chef d'escadron, Paul Herbin est nommé commandant de la place de Joigny. Les maquisards du groupe Bayard s'intègrent dans le 1er régiment des volontaires de l'Yonne. Le 7 novembre 1944, ils quittent Joigny sous la conduite du commandant Jacques Adam. Malade, Herbin ne peut partir. Il occupe les fonctions de commandant, à Joigny, du dépôt du 1er régiment des volontaires de l'Yonne.
Dans les mois qui suivent la Libération, Herbin déploie une grande activité, s'investissant totalement dans les multiples tâches liées à ses fonctions de chef de la Résistance locale. Il participe à la commission d'attribution de la carte de Combattant volontaire de la Résistance, se rend chaque semaine à Paris et à Dijon pour siéger dans des tribunaux militaires, essaie d'éviter à Joigny les règlements de compte et d'oeuvrer pour une justice véritable. Il constitue une " liste de la Résistance unie " pour les élections municipales du 29 avril 1945. Dès mars 1945, il a transformé son groupe de Résistance en Amicale et entamé une action pour la fondation d'un " mémorial Bayard " qui est inauguré en 1945.
Le commandant Paul Herbin est mort le 23 février 1951. Sa femme Emilie lui succède à la tête de l'Amicale Bayard jusqu'à sa mort le 4 mars 1975. L'Amicale Bayard perpétue à Joigny le souvenir du commandant Herbin et de la Résistance.
Joël Drogland, « Paul Herbin », in CD-ROM La Résistance dans l’Yonne, AERI, 2004.