Pierre Mittaud
Légende :
Pierre Mittaud, membre du Front National et de Libération-Nord
Genre : Image
Type : Photographie
Source : © Association Libération-Nord Droits réservés
Détails techniques :
Photographie analogique en noir et blanc.
Lieu : France - Nouvelle-Aquitaine (Poitou-Charentes) - Vienne - Châtellerault
Contexte historique
Né le 8 mai 1918 à Châtellerault (Vienne), Pierre, Raymond, Gabriel Mittaud travaille comme typographe entre octobre 1932 et octobre 1937.
Mobilisé au début de la guerre, Mittaud reçoit, le 4 juillet 1940, une citation à l'ordre de la brigade qui lui vaudra la croix de guerre avec palme.
Démobilisé le 15 septembre 1940, il travaille à la pige chez divers imprimeurs avant d'être, fin 1940, affecté à la défense passive en gare de Châtellerault.
Le 1er septembre 1941, il est embauché à la Manufacture d'armes de Châtellerault, d'abord comme employé à la tronçonneuse, puis comme bibliothécaire, à partir de février 1942.
Il y est conjointement contacté par Albert Rabine, chef de gare à Châtellerault et par J. Najac, ex-ingénieur de la manufacture nationale d'armes de Châtellerault.
A la manufacture, les conditions de travail deviennent de plus en plus pénibles. Il participe, le 26 novembre 1942, à la manifestation de la manufacture, qui va se transformer en grève très importante, déclenchée pour protester contre les départs forcés de travailleurs. Partant de l’atelier 39, les hommes coupent le courant alimentant les machines outils. Par le bouche à oreille, ils invitent les ouvriers et les ouvrières à sortir des ateliers pour manifester. Un groupe suffisamment important défile dans la cour entraînant d’autres ouvriers. Le défilé compte quelque 1 800 manifestants. Massée sous les fenêtres de la direction, la foule entonne la Marseillaise. Les soldats allemands réagissent. Les mitrailleuses sont braquées, mais une entrevue est obtenue auprès de la Direction demandant que les listes de jeunes requis pour le STO (Service du Travail Obligatoire) précédemment instituées ne soient plus affichées (ce qui devait limiter les dénonciations, hélas courantes). C’est alors la dislocation et le retour dans les ateliers.
Il adhère au mouvement OS-FTP (Organisation Spéciale -Francs-Tireurs et Partisans) de Châtellerault le 1er décembre 1942. Il assure, jusqu'au 18 décembre 1942, la responsabilité du service de la propagande du Front national. Il participe notamment à la diffusion de tracts à caractère national, délivre de fausses pièces d'identité et améliore les dépôts d'armes de Besse, Beaumont, les Renardières et du Champ de la Porte, près de Thuré (Vienne).
De juin 1943 au 25 mars 1944, il est placé sous les ordres du lieutenant-colonel François Sidou, qui avait fait paraître des tracts intitulés " France victorieuse libérée " appelant la population châtelleraudaise à la Résistance, le 20 janvier 1943. Pierre Mittaud assura la responsabilité des liaisons et du service de renseignements. Le 7 mars 1943, les lignes téléphoniques reliant la Gestapo de Châtellerault à la Feldkommandantur de Poitiers sont sabotées.
En juin 1943, Pierre Mittaud est nommé responsable aux liaisons avec les réseaux Libération-Nord et Marie-Odile. Il prend part en outre au sabotage de machines-outils allemandes entreposées à la manufacture et fut à l'origine des sabotages portant sur les pièces finies sortant du contrôle allemand. En liaison avec Albert Rabine, officier du réseau Marie-Odile, il aide à l'acheminement de parachutistes anglais, via l'Espagne.
Le 18 mars 1943, il participe au sabotage de la ligne ferroviaire Bordeaux-Paris, au lieu dit d'Ingrandes : déraillement du convoi, au cours duquel de nombreux militaires, officiers de l'Etat-Major supérieur allemand et l'ambassadeur d'Espagne à Berlin périrent.
Le 25 mars 1944, tandis qu'il avait réussi à s'échapper la veille, toutes les forces de la police allemande, Gestapo, SS, Felgendarmerie et troupes, appuyées par les services de la SAP de Poitiers, entreprirent le siège de la manufacture afin d'arrêter Pierre Mittaud.
L'année 1944 est marquée par une série d'arrestations dans les milieux résistants, dont celle de J. Najac, le 25 février 1944. Peu de temps après, entre le 21 et le 24 mars 1944, onze hommes et trois femmes de la manufacture sont arrêtés. Le tour de Pierre Mittaud arrive le 25 mars, mais il parvient à se réfugier dans un wagon de limaille de fer, avant d'être découvert par un chien des Waffen SS. Conduit à la Gestapo de Poitiers, il est interrogé et torturé, mais ne parle pas. Entre le 25 mars au 16 mai 1944, il est interné à la prison de la Pierre Levée, à Poitiers. Le 16 mai 1944, suite au jugement rendu par le tribunal militaire allemand de la Feldkommandantur 677, Pierre Mittaud est déporté. Vers le 16 mai, il est transferé à Compiègne-Royallieu, où il porte le n° de matricule 34150.
Tandis que le " convoi des 84 000 " - qui figure parmi les plus importants convois de déportation au départ de France - quitte Compiègne en direction de Neuengamme, le 4 juin 1944, on retrouve la trace de Pierre Mittaud à Oranienburg, Kommando de Falkensee par l'intermédiaire d'une lettre qu'il a rédigée en allemand. Il y restera de juillet 1944 à janvier 1945.
En janvier 1945, il développe un flegmon à la joue, ce qui lui vaut d'être évacué du camp de Falkensee vers Oranienburg Sachsenhausen, sous le matricule 34779. Nul ne sait à quelle date il mourut*.
Décorations :
Légion d’honneur à titre posthume (11 juillet 1951) ; Croix de Guerre avec palme ; Médaille de la Résistance (9 décembre 1948) ; Croix du Combattant volontaire de la Résistance ; Médaille de la déportation (15 novembre 1950).
* Selon la Fondation pour la Mémoire de la Déportation, Pierre Mittaud serait décédé en janvier 1945 à Saschenhausen.
Association Libération-Nord, http://www.vrid-memorial.com/ et la base de données de la FMD.