Anne-Marie Marteau
Légende :
Anne-Marie Marteau, dite " Albine ", membre de Libération-Nord, dont elle organisera les premières réunions afin d'implanter le mouvement de Résistance dans le Cher
Genre : Image
Type : Photographie
Source : © Musée de la Résistance et de la Déportation de Bourges Droits réservés
Détails techniques :
Photographie analogique en noir et blanc.
Date document : Sans date
Lieu : France - Centre - Val-de-Loire (Centre) - Cher
Contexte historique
Originaire de Poitiers où elle voit le jour le 24 juillet 1898, Anne-Marie Marteau se destine à l'enseignement.
Avant la Seconde Guerre mondiale, elle exerce à l'école primaire supérieure de la rue des Ursulines à Tours, en qualité de professeur de mathématiques.
Catholique fervente, elle impressionne son entourage par sa forte personnalité. Dès les années 1937-1938, elle se retrouve dans un petit groupe qui s'interroge sur la montée du nazisme. Elle y rencontre deux personnalités religieuses, le père de Solages et le père de la Perraudière, puis Pierre Archambault, futur directeur de La Nouvelle République du Centre-Ouest.
Après la défaite de 1940, Anne-Marie Marteau s'engage dans la Résistance. De par sa formation, elle a des contacts nombreux avec les milieux médicaux et universitaires. Au carrefour de différents réseaux, elle héberge de nombreux services de renseignement britanniques.
Arrêtée par la Gestapo pour avoir franchi la ligne de démarcation le 23 décembre 1942, elle est internée à Fresnes et libérée le 2 avril 1943, faute de preuves.
En 1943, Anne-Marie Marteau est chargée d'implanter un réseau de Résistance dans le Cher. Elle est à l'initiative, en mai 1943, des premières réunions clandestines à Bourges qui vont déboucher sur l'organisation du mouvement Libération-Nord dans le Cher. Celles-ci se tenaient chez ses parents, 11, rue de l'Hôtel Lallemant, avec le concours du Révérend Père de Solages, professeur à Tours.
A la fin de cette même année, on la retrouve dans le Tarn où elle poursuit son action de résistante. Citée à l'ordre de la brigade, homologuée sous-lieutenant, elle revient en Indre-et-Loire en octobre 1944. La ville de Tours vient d'être libérée, le 1er septembre.
Ses services dans la Résistance lui valent la rosette d'officier de Légion d'honneur, la croix de guerre 1939-1945, la médaille de la Résistance. Elle est, en outre, officier dans l'ordre national du Mérite. Après la guerre, Anne-Marie Marteau a une activité intense au sein de l'œuvre de sauvegarde de l'enfance qu'elle fonde en 1947.
Humaniste, animée d'une foi profonde, elle fait évoluer les centres d'accueil pour les jeunes. Grâce à son dynamisme, trois maisons d'accueil sont créées : La Chaumette en 1951, L'Aubergine en 1954, et La Commanderie, foyer d'action éducative de la région Centre.
Au niveau de ses actions artistiques et grâce au fameux 1% du ministère des Affaires culturelles, elle a le soutien de nombreux créateurs. Amboise est dotée de la fontaine Max Ernst. D'autres lieux publics bénéficient de belles réalisations.
A l'automne 1986, elle reçoit en Touraine des mains de Monsieur Bergau, ministre conseiller, représentant l'ambassadeur de la République fédérale d'Allemagne, la croix de chevalier de l'ordre du Mérite de la RFA.
Elle s'éteint à Tours, à la résidence Le Bocage, le 15 janvier 1987.
Voici une note qu'Anne-Marie Marteau a rédigé le 24 avril 1956 :
" En mai 1943, Jean Meunier (militant socialiste d'Indre-et-Loire) me dit qu'il était en relation avec ceux qui mettaient au point l'organisation de Libération dans chaque département. La région à laquelle nous appartenions comprenait, me dit-il, quatre départements : l'Indre-et-Loire, le Loiret, le Loir-et-Cher, et le Cher. Il me demanda si je pouvais trouver un responsable qu'il verrait volontiers syndicaliste chrétien pour que dans la région toutes les opinions soient représentées. Je lui dis que je pourrais certainement trouver ce responsable.
A un voyage à Bourges, je vis notre ami Daniel Boisdon, avocat*. Nous étudions le problème et il me nomma Elie Bourliaud, syndicaliste chrétien, fidèle à la Résistance depuis toujours et qui, emplyé aux Nouvelles Galeries, se morfondait dans son désir d'action.
Je n'oublierai jamais l'émotion d'Elie Bourliaud et comment des larmes plein les yeux, il me remercia de lui donner enfin l'occasion d'agir : il donnait ce jour-là sa vie sans un seul retour en arrière. Je lui dis de s'assurer de quelques patriotes dévoués et qu'il recevrait très vite la visite du responsable régional. "
* Député Mouvement Républicain Populaire (MRP) après-guerre.
Françoise Toupense " Anne-Marie Marteau ", in CD-ROM La Résistance en Indre-et-Loire, AERI, 2005.