Analyse média

Le document porte l'entête « Libération. Comité militaire de l'Île de France ». Libération-Nord est alors l’un des principaux mouvements de résistance de zone Nord.

Cette note est signée, avec une faute de frappe, « Le Tangui » au lieu de « le Targui », un des trois pseudos du colonel Robert Fouré, chef d’état-major FFI de la région P (Ile de France) de fin 1943 à mai 1944. Colonel d'infanterie coloniale, Fouré avait pris ce pseudo en souvenir de ses affectations africaines. En arabe, Targui est le singulier de Touareg. Fouré lisait et écrivait l'arabe, ce qui explique aussi sa signature manuelle en arabe sahélien.

La note fait état de l'instruction n°5 transmise le 20 septembre 1943. Ce document en est donc postérieur, sans doute octobre ou novembre 1943, période de la mise en place du dispositif militaire qui devra être prêt pour le 1er février 1944, date officielle de la création de FFI. D'autres documents antérieurs à cette date anticipent d'ailleurs et portent le timbre FFI dès novembre-décembre 1943. Il faut tout de même souligner que, malgré l’implication du colonel Fouré comme chef d’état-major FFI de la région P (Ile-de-France), le mouvement Libération-Nord dont il est issu demeure avant tout une organisation à caractère politique, pour laquelle la force militaire est surtout un instrument révélateur de la puissance du mouvement.

Par cette note, le colonel Fouré divise Paris intra-muros en quatre secteurs militaires et structure chacun d’entre eux. Il fait appel au recrutement des responsables de quartiers et d’arrondissement, préfiguration de l’organisation qui se mettra en place au printemps 1944 et qui s’étendra non plus à Paris intra-muros mais également à la banlieue proche.

Parmi les chefs de secteurs cités dans cette note figurent :
- « Bertrand », chef du secteur Ouest. Il s’agit de Numa Robert Heymann, capitaine de l’infanterie coloniale, responsable de ce secteur pour Libé-Nord depuis début 1943. Il conservera ce commandement, étendue à la banlieue ouest, de Boulogne à Gennevilliers, jusqu’au 23 août 1944.
- « Latour », chef du secteur Nord, pseudonyme du commandant Macary. En fuite, il sera remplacé le 25 avril 1944 par Robert Pedoussaut.

A la veille de l’insurrection parisienne, le département de la Seine conservera ce découpage en quatre secteurs FFI :
- secteur Nord (lieutenant-colonel Robert Pedoussaut dit "Suchet")
- secteur Sud (lieutenant-colonel Pierre Britch dit "Dujardin")
- secteur Est (lieutenant-colonel Serge Lhermitte dit "Bourgoin")
- secteur Ouest (commandant Heymann alias "Bertrand" puis à partir du 23 août 1944 commandant Gouraud alias "Duroc").