Carte des maquis yonnais affiliés à L-N
Légende :
Carte des maquis yonnais affiliés à Libération-Nord
Genre : Image
Type : Carte
Source : © ARORY Droits réservés
Lieu : France - Bourgogne - Franche-Comté (Bourgogne) - Yonne
Analyse média
Maquis Aillot, mars 1944
Maquis Garnier, janvier 1944
Maquis Horteur, juin 1944
Maquis des Iles Ménéfrier, juillet 1944
Contexte historique
Arrivé dans l'Yonne durant l'été 1943, Jean Chapelle (" Verneuil "), responsable militaire de Libération-Nord, a rencontré les responsables des groupes locaux de Résistance et implanté solidement son organisation dans le Tonnerrois et l'Avallonnais. En janvier 1944, il a contribué à la création du maquis Garnier, installé près d'Avallon. En avril, il a organisé le maquis Aillot près de Tonnerre. Il a entrepris de rassembler tous les groupes de Libération-Nord du sud et de l'est du département, maquisards et sédentaires, dans la 3e demi-brigade de l'Yonne. L'action de ces groupes s'intensifie (sabotage du transformateur d'Annay-sur-Serein), provoquant des accrochages avec les troupes d'Occupation (à Maligny, le 13 mai).
" Verneuil " conçoit alors la création d'un maquis d'un nouveau type, adapté à une nouvelle tactique. L'expérience aidant, l'armement (notamment celui pris sur l'ennemi) s'accroissant et les volontaires affluant, la conception d'une unité plus importante se fait jour, unité qui serait capable de résister à l'ennemi et non plus seulement de rompre le contact dès les premiers coups échangés. Dans les conditions du Débarquement qui approche, cette conception semble être réalisable dès lors qu'une région suffisamment abritée et facilement défendable offre la possibilité de rassembler plusieurs centaines d'hommes, de les instruire et de les organiser, à partir de groupes déjà existants. Il s'agit donc de créer un puissant maquis qui devienne une unité combattante, intégrée dans les plans stratégiques de la libération du territoire. " Verneuil " fait accepter ce projet par le chef départemental FFI. La région choisie est la partie centrale de la forêt d'Othe, autour de Chailley, à la limite des départements de l'Yonne et de l'Aube.
A proximité de l'emplacement choisi s'implantent à la même époque deux maquis aubois, le maquis FTP de Suy et le maquis BOA de Saint-Mards-en-Othe, tous deux sur le territoire de l'Yonne.
Le 12 juin 1944, cinq maquisards s'installent provisoirement dans le bois des Fourneaux, près du hameau de Vaudevanes. Le nouveau maquis reçoit le nom d'Horteur, en hommage aux deux frères Horteur fusillés le 23 décembre 1943 après que leur maquis du Mont-Saint-Sulpice eût été démantelé. L'objectif est, dans un premier temps, de créer, selon les plans de " Verneuil ", une " forte base de ravitaillement et d'armement ". Emile Laureillard, adjoint de " Verneuil ", prend le commandement du maquis. Il est en contact étroit avec Georges Mulot qui organise le ravitaillement et dont le domicile sert de " boîte aux lettres " à " Verneuil ". Mulot est le patron de la laiterie de Chailley, située à l'écart du village. Son fils Maurice a été arrêté le 22 septembre 1943, sur dénonciation, pour avoir ravitaillé le maquis des frères Horteur alors installé dans les bois de Chailley. Il n'a plus aucune nouvelle de lui depuis qu'il a quitté la prison d'Auxerre, en janvier 1944.
" Verneuil ", jusqu'alors installé à Auxerre, rue des Lombards, installe son PC au maquis Horteur où il arrive le 13 juin. Le lendemain, dans une lettre à Gaston Vée qui s'efforce alors de créer le Comité départemental de libération dans la clandestinité, il insiste pour que celui-ci le rejoigne et affirme : " Le PC est actuellement le point vital de la Résistance dans les trois départements, les trois commandants FFI et les trois commandants Libération y envoient leurs rapports chaque jour. Nous sommes en liaison avec Paris qui nous envoie des messagers ". N'oublions pas cependant que le maquis ne compte que quelques hommes arrivés la veille…
Le 15 juin 1944, les maquisards s'installent sur les hauteurs de Vaudevanes, montent une tente, réquisitionnent un mouton et des ustensiles de cuisine, quinze sacs de charbon de bois. Ces précisions nous sont données par l'un des maquisards, Lucien Girard (" Glop "), qui tient son journal quotidien, inestimable document qu'il a conservé et nous a communiqué. Le maquis est ravitaillé par Georges Mulot, Madame Marcelle Guillemot, épicière à Chailley, Lucien Cormeau, commerçant à Chailley. Le 22 juin, Lucien Cormeau, nommé lieutenant et adjoint de Laureillard, est monté au maquis. A cette date le maquis compte quatorze hommes, dont quelques déserteurs du 1er régiment de France, commandés par le sergent Genest.
Le 20 juin, le maquis de Saint-Mards-en-Othe est attaqué par de puissantes forces allemandes. Les combats sont violents, la répression s'intensifie dans la région. " Verneuil " comprend la gravité de la situation et décide l'évacuation du maquis, qui est prévue pour le 23 juin. C'est alors que le maquis est attaqué, dispersé et que la répression s'abat sur le village de Chailley.
L'existence du maquis Horteur fut donc limitée à une dizaine de jours et ses effectifs ne dépassèrent pas une quinzaine d'hommes. Il n'eut aucune activité de combat, n'en ayant eu ni le temps, ni les moyens. Il fut l'objet d'une attaque importante, dans le cadre d'un plan d'action de la Wehrmacht qui avait pour objectif d'anéantir tous les maquis de la forêt d'Othe afin qu'ils ne puissent menacer les liaisons nécessaires avec le front de Normandie.
" Verneuil " n'abandonne pas l'idée de rassembler ses hommes et de constituer un puissant maquis : " cependant ", écrit-il, " son lieu de rassemblement doit être judicieusement choisi et son aire d'implantation suffisamment large pour permettre le mouvement en cas d'attaque. De ce point de vue, le Morvan moins pénétrable que la forêt d'Othe, offrait les meilleures conditions ". Ce sera le maquis des Iles Ménéfrier.
Joël Drogland, " le maquis Horteur ", in CD-ROM La Résistance dans l'Yonne, AERI, 2004.