Evolution du nombre de départs pour la Relève ou le STO
Légende :
Départs depuis la Drôme entre juillet 1942 et mai 1944.
Genre : Image
Type : Graphique
Producteur : Réalisation Robert Serre
Source : © AERD Droits réservés
Détails techniques :
Graphique couleur.
Date document : 2008
Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme
Analyse média
Nous disposons de relevés statistiques pour les mois d’avril 1943 à mai 1944 et d’un état numérique complet sur 23 mois entre le 16 juillet 1942 et le 17 mai 1944, mais on ne peut être sûrs de leur fiabilité car ils indiquent souvent pour le même départ des nombres différents et on constate encore des divergences lorsqu’on les compare aux effectifs donnés dans les rapports préfectoraux. La 1re liste recense un total sur les 14 mois de 208 départs, parmi lesquels 45 femmes (dont 4 femmes russes) et 11 hommes étrangers (Italiens, Espagnols et… Nord-Africains). La 2e liste, sur les 55 convois au départ des 22 mois, compte un total de 580 travailleurs partis. C’est à partir de cette liste qu’est bâti le graphique ci-dessus.
Les cinq premiers mois d’application, qui se situent dans la période des départs volontaires pour la Relève, connaissent le maximum de départs pour l’Allemagne : à eux seuls, ils représentent 404 départs sur 580, soit 70 % du total. On y repère l’influence de la loi de réquisition de septembre 1942 qui engendre une brusque progression en octobre.
Leur nombre diminue ensuite considérablement. La loi créant le STO n’a qu’un effet modeste en mars 1943. Selon les rapports préfectoraux, en mars 1943, on compte 3 % de volontaires, 58,7 % de défaillants ; 38 % sont partis. En avril, 10 % de volontaires, 72 % de défaillants, 17 % de départs. En septembre et octobre 1943, 22,5 % sont partis. L’absentéisme est important : le 8 mars 1944, 9 personnes se présentent sur 22 convoquées, 3 seulement sont aptes. Donc 6 ont dû présenter un certificat d’inaptitude (réel ou de complaisance ?). Le 15 mars suivant, on compte 19 présents sur 59 convoqués : 5 seulement sont jugés aptes ! Il est vrai que le Centre de recrutement de la Relève de Valence est noyauté par l’ORA (Organisation de Résistance de l'Armée).
De novembre 1943 à février 1944 inclus, il n’y a aucun départ : l’insuffisance des moyens de transport en est probablement une des explications. De plus, certains sont envoyés travailler dans des usines sur le territoire français : 100 ouvriers français ou étrangers partent de la Drôme, le 30 janvier 1944, pour Cherbourg où ils sont réquisitionnés au camp d’aviation.
La réquisition élargie se traduit par une reprise en mars-avril 1944. Les convois de STO reprennent en mars (17), avril (28), mai (10), jusqu’au dernier départ le 17 mai 1944.
Selon les statistiques retrouvées, les départs pour travailler en Allemagne ont été très majoritairement effectués avant que soit instituée l’obligation du service du travail (16 février 1943), donc volontairement. La recherche des primes financières, les convictions pétainistes, la naïveté, le respect de la « légalité » expliquent ces engagements.
Auteurs : Robert Serre
Sources : Archives départementales de la Drôme, fonds Vincent-Beaume, ADD 9 J 5.
Contexte historique
Le STO est un événement décisif : il amène un nombre considérable de jeunes gens au maquis, dont beaucoup deviendront des résistants (et même si ces personnes ne fuient pas toutes le départ pour des motifs patriotiques, comme le démontrera l’acceptation de travail pour les Allemands dans les usines françaises lorsque Vichy acceptera cette possibilité), il donne à la Résistance sa légitimité car elle prouve son utilité et démontre la justesse de ce qu’elle incarne. L’afflux des fuyards de la réquisition va l’amener à se réorganiser, à développer ses contacts avec la population. Enfin, cette lutte oblige des mouvements disparates à coordonner leurs efforts et contribue grandement à l’unité de la Résistance.
63 des ces travailleurs drômois sont morts en Allemagne, dont quelques-uns (6 ?) sont devenus des déportés après internement dans un camp de concentration pour sanction. Les requis pour le Service du travail obligatoire sont reconnus comme victimes de guerre en 1946. L’Assemblée nationale, le 13 mai 1951, leur accordera le titre de "personne contrainte au travail en pays ennemi ". Mais l’expression "déporté du travail", parfois utilisée à l'époque, est illégale. Selon la loi, le terme de « déporté » s’applique exclusivement aux victimes des camps de concentration.
Auteur(s) : Robert Serre
Sources : AN, F/1CIII/1152, rapports du préfet. AN, F/1a/3901. ADD, 9 J 5, 132 J 1.
Archives Vincent-Beaume remises par son fils à l’AERD et déposées aux ADD.