Émilienne Moreau-Evrard

Légende :

Émilienne Moreau-Evrard, surnommée par les Britanniques "The Lady of Loos" et membre de Brutus, à Londres en 1944

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Musée de l’Ordre de la Libération Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc.

Lieu : France - Hauts-de-France (Nord - Pas-de-Calais) - Pas-de-Calais

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Contexte historique

Alias : "Jeanne Poirier, Emilienne la Blonde"

Emilienne Moreau est née le 4 juin 1898 à Wingles (Pas-de-Calais). Son père, mineur à la retraite, ouvre en juin 1914 une épicerie-mercerie à Loos-en-Gohelle à quelques kilomètres de Lens.

Emilienne Moreau se destine à la carrière d’institutrice lorsque éclate la Grande Guerre. A Loos, elle subit l’occupation allemande à partir d’octobre 1914. Son père meurt en décembre 1914 pendant l’occupation du village.

En février 1915, elle crée, dans une cave, une école improvisée pour les enfants de Loos. Le 25 septembre 1915, alors que les Ecossais du Black Watch contre-attaquent pour reprendre la ville, Emilienne qui n’a que 17 ans, s’empresse de se porter à leur rencontre pour leur communiquer les positions ennemies installées sur un fortin quasi inexpugnable.

Emilienne Moreau-Evrard Grâce à ces indications, les Britanniques contournent et réduisent ce nid de résistance avec des pertes minimes. Immédiatement, Emilienne, avec un médecin écossais, organise dans sa propre maison un poste de secours, s’employant pendant vingt-quatre heures à y transporter les blessés et à leur prodiguer des soins.

Pour sauver un soldat anglais pris sous la mitraille, elle n’hésite pas à sortir de chez elle, armée de grenades, et parvient, avec l’aide de quelques soldats anglais à mettre hors d’état de nuire deux soldats allemands, embusqués dans une maison voisine. Un peu plus tard, alors que la maison est cernée, elle se saisit d’un revolver et abat à travers la porte deux fantassins ennemis. Finalement la ville est reprise par les Britanniques.

Evacuée, elle est décorée de la Croix de Guerre avec palme sur la place d'Armes à Versailles, et est titulaire de la Croix du Combattant. Les Britanniques lui décernent la Military Medal, la Royal Red Cross (first class) et l’Ordre de Saint Jean de Jérusalem, cette dernière décoration n’étant que très exceptionnellement attribuée à une femme.

Ayant passé ses diplômes de l’enseignement, Emilienne Moreau termine la guerre comme institutrice dans une école de garçons à Paris. Après l’armistice, elle retourne vivre dans le Pas-de-Calais et épouse en 1932 Just Evrard, secrétaire général adjoint de la fédération socialiste du Pas-de-Calais.

Elle devient secrétaire générale des femmes socialistes du Pas-de-Calais en 1934. Au moment de la déclaration de guerre de septembre 1939, le couple Evrard et les deux enfants de Just, Raoul et Roger, vivent à Lens.

Après un exode de courte durée et en ordre dispersé, la famille se retrouve à Lens au lendemain de l’Armistice de juin 1940. Mais Emilienne Moreau-Evrard, connue des Allemands pour son action de la Première Guerre mondiale, est immédiatement placée en résidence surveillée, chez sa mère, à Lillers.

Autorisé à rejoindre sa famille à Lens, elle commence, avec elle, par distribuer des tracts et des brochures contre la capitulation et le maréchal Pétain. La famille Evrard prend contact avec l'Intelligence Service à qui elle fournit de précieux renseignements. Avec son mari, Emilienne Moreau constitue fin 1940 la section socialiste clandestine de Lens.

Just Evrard est arrêté en septembre 1941 et, libéré en avril 1942, passe en zone sud. Emilienne l’y rejoint et à Thonon, puis à Lyon, elle devient agent de liaison du réseau Brutus, fondé par Pierre Fourcaud et alors dirigé par l’avocat André Boyer.

Emilienne Moreau est connue alors dans la Résistance sous le nom de "Jeanne Poirier" ou "d’Emilienne la Blonde". Elle assure les liaisons avec la Suisse pour Brutus et le Comité d’Action socialiste (CAS) et exécute diverses missions vers Paris. Puis elle entre au mouvement la France au Combat fondé en octobre 1943 par André Boyer ; elle travaille avec Augustin Laurent, André Le Troquer et Pierre Lambert.

A Lyon, elle échappe de justesse à l’arrestation lors de l'affaire du 85 de l'Avenue de Saxe où dix-sept de ses camarades sont arrêtés par la Gestapo fin mars 1944.

Toujours à Lyon, en mai 1944, elle échappe de nouveau à une série de rafles qui déciment la France au Combat ; les Allemands qui l’attendent chez elle dans le quartier de la Guillotière, la mitraillent et la manquent. Elle s'enfuit par les caves.

Traquée, elle est désignée pour siéger à l'Assemblée consultative provisoire d'Alger et doit être évacuée. Après plusieurs tentatives, elle part finalement pour Londres par une opération aérienne le 7 août 1944.

Elle rentre en France en septembre 1944 et aide son mari à reformer les sections socialiste du Pas-de-Calais. Incarnant une seconde fois la résistance féminine française mais aussi l’engagement des "sans-grades" de la Résistance, elle est décorée de la Croix de la Libération par le général de Gaulle à Béthune le 11 août 1945.

Membre du comité directeur du parti socialiste 1945 à 1963, conseiller honoraire de l’Assemblée de l’Union française de 1947 à 1958, Emilienne Moreau-Evrard est également présidente de la fédération du Pas-de-Calais des anciens combattants républicains. Emilienne Moreau-Evrard est décédée le 5 janvier 1971 à son domicile de Lens.

Elle a été inhumée au cimetière de l’Est à Lens.

Décorations :

• Officier de la Légion d'Honneur • Compagnon de la Libération - décret du 11 août 1945 • Croix de Guerre 1914-1918 avec palme • Croix de Guerre 1939-45 • Croix du Combattant 14/18 • Croix du Combattant Volontaire de la Résistance • Military Medal (GB) • Royal Red Cross - first class - (GB) • Ordre de Saint Jean de Jérusalem (GB)


Emilienne Moreau-Evrard fait partie des six femmes ayant reçu la Croix de la Libération, avec Berty Albrecht, co-fondatrice du mouvement Combat, morte à la prison de Fresnes en 1943 - Laure Diebold, agent de liaison du réseau Mithridate et secrétaire de Jean Moulin, déportée - Marie Hackin, chargée de mission avec son mari, disparue en mer en février 1941 - Marcelle Henry du réseau d'évasion VIC, morte à son retour de déportation - et Simone Michel-Lévy, de la résistance P.T.T., morte en déportation.


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