Claude Hettier de Boislambert
Légende :
Portrait du chef d'escadrons Claude Hettier de Boislambert, chancelier de l'Ordre de la Libération (1962-1978), président de la Commission nationale de la Médaille de la Résistance (1943-1986) et président fondateur de l'Association nationale des Médaillés de la Résistance (1947 à 1962).
Portrait of the squadron leader Claude Hettier de Boislambert, chancellor of the French Order of Liberation (1962-1978), president of the national commission of the Medal of the Resistance (1943-1986) and founding president of the National Association of the Recipients of the Medal of the Resistance (1947-1962).
Genre : Image
Type : Portrait
Source : © Musée de l’Ordre de la Libération Droits réservés
Détails techniques :
Photographie argentique.
Date document : Vers 1943
Lieu : France
Analyse média
Sur cette photographie, Claude Hettier de Boislambert porte les galons de chef d'escadrons. Il arbore la Croix de la Libération (qui lui a été décernée par décret du 13 mars 1943) et la croix de guerre 1939-1945. La troisième décoration pourrait être la médaille coloniale.
On this picture, Claude Hettier de Boislambert wears the braids of a squadron leader. In addition, he wears the Cross of Liberation (that he received per decree on 13 March 1943) and the Cross of War 1939-1945. The third decoration could possibly be the Colonial Medal.
Traduction : Felix Uebel
Contexte historique
Claude Hettier de Boislambert est né le 26 juillet 1906 à Hérouvillette (Calvados). Propriétaire-agriculteur, il effectue entre 1926 et 1939 de très nombreux voyages de recherches zootechniques et ethnographiques en Afrique centrale, ainsi que de nombreux séjours en Scandinavie, en Europe centrale et au Proche-Orient. Mobilisé comme lieutenant de cavalerie dès septembre 1939, il participe aussitôt aux opérations sur le front de Lorraine comme commandant d'un peloton à cheval dans un groupe de reconnaissance. Ce groupe de reconnaissance est un des premiers cités à l'Ordre de l'Armée française pour de très nombreuses patrouilles effectuées jusqu'en territoire allemand, en particulier dans le secteur de Sierck, le plus actif pendant toute cette première phase des opérations. Il participe ensuite, comme officier de liaison auprès de l'armée britannique, aux opérations de Belgique, avec les unités de chars de la 1ère Division cuirassée anglaise (combats de Louvain, Tirlemont).
Sur ordre, il rejoint les lignes françaises de la Somme le 20 mai 1940, traversant les éléments allemands poussés jusqu'à la mer. Il prend part à la bataille de la Somme, puis aux batailles d'action retardatrice, d'abord sur la Seine, puis en Normandie et en Bretagne. A Brest le 16 juin 1940, il décide aussitôt de continuer la lutte et passe en Angleterre sur un bâtiment emmenant des troupes polonaises avec les officiers et sous-officiers placés sous ses ordres et volontaires pour le suivre.
Apprenant alors la présence à Londres du général de Gaulle, qu'il avait rencontré pendant la campagne de France, Claude Hettier de Boislambert se met à son service et est appelé par ce dernier à participer à la constitution de son premier Etat-major et de son premier cabinet. Le général de Gaulle envoie le 6 août 1940 une délégation en Afrique avec mission de rallier les colonies françaises d'Afrique équatoriale et le Cameroun. Cette mission se compose du commandant Leclerc, de René Pleven et du capitaine de Boislambert. Le 26 août 1940, la mission est accomplie avec le ralliement du Cameroun mené par Leclerc et Boislambert. Après avoir commandé à Douala, au Cameroun, il prend le commandement de Pointe-Noire dans des conditions extrêmement difficiles et saisit notamment sept grands navires de commerce qui passent au service de la cause alliée. C'est grâce à la réussite de cette mission que les Alliés purent faire parvenir, sur le front du Proche-Orient, l'aviation de chasse nécessaire au redressement de la situation alors sérieusement compromise. >
Nommé chef d'escadrons avant la tentative de débarquement du 23 septembre 1940 à Dakar, Claude Hettier de Boislambert demande l'honneur de prendre la direction des opérations intérieures qui doivent aider ce débarquement. Après l'échec de cette tentative, il réussit à remettre en place tous les éléments de la résistance de telle sorte que, lorsqu'il sera arrêté le 30 septembre 1940, après cinq jours de poursuite dans la brousse, seul l'administrateur des colonies Antoine Bissagnet subira le même sort que lui. Traîné par les autorités de Vichy, et en particulier par le gouverneur général Boisson dans les prisons de Dakar et de Bamako, le commandant de Boislambert subit des interrogatoires pendant de longues semaines. Il ne fournit aucun renseignement de nature à renseigner les forces vichystes. Il est transféré à la prison de Marseille, puis à celle de Clermont-Ferrand et ensuite à celle de Gannat. Après neuf mois de détention préventive, il est condamné le 13 juin 1941, par la Cour martiale suprême de Gannat, à la peine capitale, commuée immédiatement en condamnation aux travaux forcés à perpétuité. Il purge sa peine d'abord à la prison de Saint-Etienne, isolé en cellule dans des conditions très dures, puis, de nouveau, à la prison de Gannat d'où il parvient à s'évader après vingt-six mois de détention.
Après deux mois passés clandestinement en France, en liaison avec des réseaux de renseignement et d'action, il rejoint Londres sur ordre du général de Gaulle, dans la nuit du 14 au 15 janvier 1943, par une opération aérienne dans la région de Clermont-Ferrand. A peine arrivé en Grande-Bretagne, il assiste, auprès du général de Gaulle, à la Conférence d'Anfa (Casablanca) de janvier 1943, puis retourne en Afrique du Nord en mission.
Nommé lieutenant-colonel, il reçoit la charge de créer, d'organiser et de commander la Mission militaire française de liaison administrative (MMLA) qui doit établir et harmoniser les rapports entre les forces Alliées et les populations libérées. Le Commandant de la MMLA, investi des délégations des différents départements ministériels, est chargé d'assurer la sécurité des populations civiles, la réorganisation sanitaire des parcelles de territoire libérées, la reconstitution des hôpitaux et l'hébergement des personnes déplacées. Il organise le ravitaillement dès la libération, la mise en place des autorités administratives et prend les premières mesures de police et d'épuration tendant au rétablissement de la sûreté intérieure ainsi que le rétablissement élémentaire des premières voies de communication. Ces missions importantes et extrêmement complexes, notamment du fait de leur diversité ont été dans une très large mesure menées à bien malgré les difficultés inhérentes aux circonstances de guerre et parfois à l'incompréhension des Alliés. Elles ont été dans leur intégralité l'oeuvre de la MMLA, de leur chef et des officiers recrutés, éduqués, entraînés et amenés sur le théâtre d'opérations par lui. Dans presque toutes les villes libérées, et au fur et à mesure de l'avance alliée, ce sont les officiers de liaison ou leur chef qui sont entrés les premiers. Ainsi, Claude Hettier de Boislambert est parmi les tous premiers à entrer à Caen et à Saint-Lô. Le 2 août 1944, il est blessé devant Rennes, alors qu'il cherche à entrer encore une fois parmi les premiers dans la ville pour y délivrer des Français prisonniers. Il quitte le commandement de la MMLA au moment où il est nommé à l'Assemblée consultative.
Appelé, par la confiance de ses camarades de la Résistance, à prendre la Présidence du Groupe de la Résistance extra-métropolitaine à l'Assemblée, il est membre de la Commission des Colonies, de la Commission des Finances, de la Commission de l'Information et rapporteur du Budget des Colonies. Le 15 novembre 1945, Claude Hettier de Boislambert est nommé gouverneur de Rhénanie, et prend son commandement le 1er décembre 1945. Lors de la création de l'Etat Rhéno-Palatin groupant les anciennes provinces de Rhénanie Hesse-Nassau et de Palatinat Hesse-Rhénane, il est nommé Délégué général, gouverneur du nouvel Etat. En 1951, le gouverneur Hettier de Boislambert, à qui le Gouvernement français propose une mise en congé pour qu'il puisse conserver éventuellement son poste, préfère démissionner pour se présenter et être élu aux élections législatives. Député de la Manche, de 1951 à 1956, il fait partie de la Commission des Affaires étrangères et de la Commission des Territoires d'Outre-mer. A ce titre, il est amené à effectuer plusieurs missions et à rédiger le rapport général de la Commission d'enquête chargée d'examiner l'application des lois sociales et du Code du Travail dans les Territoires d'Outre-mer.
Au cours de très nombreux voyages d'études en Afrique française en particulier, il acquiert une connaissance approfondie des problèmes de l'Afrique noire et des régions sahariennes dans lesquelles il séjourne à maintes reprises et pendant de longues périodes. Claude Hettier de Boislambert est nommé Haut-représentant de France auprès de la Fédération du Mali le 14 juin 1960. Après l'éclatement de la Fédération du Mali, il reste ambassadeur de France auprès du Sénégal. Il est à Dakar avec le titre de Haut-représentant de France, Doyen du Corps diplomatique. Claude Hettier de Boislambert sera par ailleurs Président du Conseil supérieur de la Chasse dans les Territoires de la France d'Outre-mer de 1945 à 1958 et Président d'Honneur et Administrateur général du Conseil international de la Chasse qu'il présidera de 1950 à 1959.
Il est nommé Chancelier de l'Ordre de la Libération le 22 août 1962. Son mandat sera renouvelé à quatre reprises, jusqu'en 1978. Il fait restaurer, au sein des Invalides, le Pavillon Robert de Cotte, dans lequel s'installe en 1967 la Chancellerie de l'Ordre de la Libération. Avec son épouse, Odette de Boislambert, il y crée, en 1970, le Musée de l'Ordre de la Libération. Il est également Président de la Commission nationale de la Médaille de la Résistance (1943-1986) et Président de l'Association nationale des Médaillés de la Résistance (1947-1962).
Claude Hettier de Boislambert est décédé le 22 février 1986 à Paris et est inhumé à Sallenelles (Calvados).
Claude Hettier de Boislambert was born on 26 July 1906, in Hérouvillette (Calvados). Being an agriculturist, he traveled a lot to Central Africa, as well as to Scandinavia, Central Europe and to the Near East, between 1926 and 1939, for ethnographic and stock breeding research purposes. Mobilized as a cavalry lieutenant in September 1939, he was soon involved in operations on the front line of Lorraine as commander of a cavalry brigade in a reconnaissance unit. This reconnaissance unit was one of the first ones that were rewarded with the Medal of the French Army, for numerous patrols on German territory, primarily in the area of Sierck, the most active area during this first period of operations. Afterwards, he became liaison officer, working with the British Army, and was involved in the operations in Belgium, together with the English armored cruisers of the first division (Battles of Louvain, Tirlemont).
At command, he joined the French troops in Somme on 20 May 1940, crossing German lines that had been pushed back to the sea. He was involved in the Battle of the Somme, and later in the retarding battles, first near the Seine and then in Normandy and in Brittany. On 16 June 1940, in Brest, he decided to continue the fight and traveled to England, where he joined a building of Polish troops and took command of the officers and corporals, who were willing to follow him.
Having learned that General de Gaulle, whom he had met during the campaign of France, was currently in London, Claude Hettier de Boislambert devoted himself to helping de Gaulle and was asked by him to participate in the establishment of his first operational headquarters and his first cabinet. On 6 August 1940, General de Gaulle sent a delegation to Africa, in order to rally the troops of the French colonies of Equatorial Africa and of Cameroon. This mission was composed of commander Leclerc, René Pleven and by captain Boislambert. On 26 August 1940, the mission was completed with the rallying of Cameroon, under the lead of Leclerc and Boislambert. After having been the commander of Douala, in Cameroon, he took charge of Pointe-Noire, where conditions were extremely difficult. He was able to capture seven merchantmen, which could thus be used by the Allies. It was thanks to the success of that mission, that the Allies were able to manage an essential air strike in order to better the seriously dangerous situation.
Appointed as leader of the squadron troops before the attempt of the landing on 23 September 1940 in Dakar, Claude Hettier de Boislambert asked for the honor of taking command of interior operations that should help the landing. After the failure of the mission, he was able to reestablish all crucial elements of the resistance, so that at the time of his arrest on 30 September 1940, after five days of persecution in the woods, only the colonial director suffered the same fate as him. Left in the prisons of Dakar and Bamako, by the government of Vichy and especially by the general governor Boisson, commander Boislambert had to go through long weeks of interrogation. However, he did not provide the government of Vichy with any helpful information. He was transferred to the prison of Marseille, then to the one in Clermont-Ferrand and finally to Gannat. On 13 June 1941, after nine months of provisional imprisonment, the Military Supreme Court sentenced him to the maximum penalty, which was immediately reduced to a sentence of lifelong hard labor. At first, he served his sentence in the prison of Saint-Etienne, isolated in a cell and under very difficult conditions, and then again in the prison of Gannat, where he was able to escape after twenty-six months of imprisonment.
After hiding two months in France, with the help of information and action networks, he was able to go back to London with an aircraft operation in the area of Clermont-Ferrand in the night of 14-15 January 1943, by command of General de Gaulle. Only just arrived in Great-Britain, he assisted General de Gaulle at the Conference of Anfa (Casablanca) in January 1943, and then returned to North Africa for a mission.
Appointed as lieutenant colonel, he got the task of creating, organizing and commanding the Mission militaire française de liaison administrative (French military Mission of administrative liaison) which was supposed to establish and harmonize the relations between the allied forces and the liberated population. The Commandant of the Mission, vested with the lead over delegations of different ministerial departments, was in charge of assuring the security of the civil population, reorganizing the sanitary structures of the parcels of land of liberated territories, the reconstitution of hospitals and the accommodation of relocated people. He organized the supply after the liberation, the establishment of administrative authorities and initiated a purge and first police actions, aspiring to reestablish the interior security, as well as the elementary reestablishment of first ways of communication. These important and extremely complex missions, especially because of their diversity, had been successfully completed to a great extend, despite the difficulties due to the wartime conditions and the occasional incomprehension of the Allies. Altogether, the missions were an achievement of the MMLA (French military Mission of administrative connections), of their leader and of the officers recruited, educated, trained and led to the operating field by him. In almost every liberated city, and throughout the advance of the Allies, either the liaison officers or their leader were the first ones to enter the cities. Accordingly, Claude Hettier de Boislambert was among the very first ones to enter Caen and Saint-Lô. On 2 August 1944, he was wounded close to Rennes; nevertheless, he sought to enter the city once again among the first ones, in order to liberate the French prisoners. He quit the command of the MMLA (French military Mission of administrative Liaison), when he was appointed to the Assemblée consultative (consultative Assembly).
Due to the trust of his fellow resistants, he was asked to assume the presidency of the group of the non-metropolitan Resistance in the Assembly and became member of the colonial commission, the financial commission, the informational commission and inspector of the budget of the colonies. On 15 November 1945, Claude Hettier de Boislambert was appointed as Governor of Rhineland, and was put in charge on 1 December 1945. On the occasion of the establishment of the state of Rhineland-Palatinate, formed by the ancient provinces Rhine Hesse-Nassau and Palatinate Rhine Hesse, he was appointed as general delegate, governor of the new state. In 1951, Governor Hettier de Boislambert, who was offered an administrative leave by the French Government, preferred to resign, in order to run for the legislative elections. Deputy of the English Channel, from 1951 to 1956, he took part in the Commission of foreign affairs and in the Commission of overseas territories. As such, he accomplished several missions and prepared the general report of the inquiry commission, charged with the examination of the application of social laws and of the employment laws in the overseas territories.
Throughout numerous educational journeys, particularly to French-Africa, he acquired a profound knowledge about the problems in sub-Saharan Africa and the Saharan regions, where he stayed frequently and for long periods. On 14 June 1960, Claude Hettier de Boislambert was appointed as High Representative of France in the Mali Federation. After the fragmentation of the Mali Federation, he remained the French ambassador in Senegal. As High Representative of France, he was Doyen of the diplomatic Corps in Dakar. Additionally, Claude Hettier de Boislambert was President of the superior Council of hunting in the French overseas territories from 1945 to 1958 and honorary president and general director of the international hunting council, over which he presided from 1950 to 1959.
On 22 August 1962, he was appointed as Chancellor of the Medal of Liberation. His tenure was renewed for four times, until 1978. He restored the building Robert de Cotte, part of the building complex Les Invalides, where the chancellery of the Medal of Liberation settled in 1967. In 1970, together with his wife Odette de Boislambert, he established the museum of the Medal of Liberation in the same place. He was just as well President of the national Commission of the Medal of the Resistance (1943-1986) and President of the National Association of the Recipients of the Medal of the Resistance. (1947-1962).
Claude Hettier de Boislambert died on 22 February 1986 in Paris and was buried in Sallenelles (Calvados).
Traduction : Felix Uebel
Source : site Internet du Musée de l'Ordre de la Libération