Drapeau du 1er régiment de fusiliers marins

Genre : Image

Type : Drapeau

Source : © Musée de l’Ordre de la Libération Droits réservés

Détails techniques :

Drapeau en tissu, inscriptions brodées. 

Date document : Fabriqué en 1943

Lieu : France

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Analyse média

Le drapeau du 1er RFM qui est exposé au musée de l'Ordre de la Libération a une histoire particulière. Un premier drapeau a été remis à l'unité le 26 janvier 1944 au camp de Bou Ficha en Tunisie. Le lieutenant de vaisseau Barberot, également dessinateur de la maquette de l'insigne du 1er RFM, le juge inapproprié et décide de monter une expédition pour en faire réaliser un autre. Un marin part de Bou Ficha pour rallier Beyrouth, où il confie le dessin de Barberot et Le Bourgeois à des soeurs afin qu'elles confectionnent un nouveau drapeau. Sur ce drapeau, les couronnes de laurier et les initiales RF sont remplacées par des hippocampes (comme sur l'insigne qu'ils ont créé) et deux ancres entrecroisées. Ce drapeau a été celui du régiment pendant les campagnes d'Italie et de France. Le drapeau d'origine du 1er RFM a été confié à l'Ecole des fusiliers de Lorient (voir album).

Ce drapeau exposé au musée de l'Ordre de la Libération porte les noms de huit batailles où se sont illustrés la Brigade, puis le Bataillon de fusiliers marins pendant la Première Guerre mondiale, le 1er Régiment de fusiliers marins au cours de la Seconde (la Première et la Seconde Guerre mondiale étant séparées par une croix de Lorraine rouge) :
Dixmude (1914)
Yser (1914)
Longewaede (1917)
Hailles (1918)
Moulin de Laffaux (1918)

Bir-Hakeim (1942)
Garigliano (1944)
Montefiascone (1944)

Celui exposé à Lorient (voir album) porte en plus les inscriptions sur la partie bleue du drapeau : 
Toulon (1944)
Vosges (1944)
L'Ill (1945)

Sur la cravate du drapeau exposé au musée de l'ordre de la Libération sont fixées les décorations suivantes :
la Croix de Compagnon de la Libération ;
la Croix de chevalier de la Légion d'honneur ;
la médaille militaire ; 
la Médaille de la Résistance ;
10 Croix de guerre 1939-1945 ;

ainsi que deux fourragères aux couleurs de la Légion d'honneur et de la médaille militaire. 

La présence de ces Croix de guerre 1939-1945 peut s'expliquer par le fait que les soeurs qui l'ont fabriqué à Beyrouth ne pouvaient pas se procurer de Croix de guerre 1914-1918. Elles ont donc remplacées les cinq Croix de guerre 1914-1918 qui devaient figurer sur le drapeau par des Croix de guerre 1939-1945. Chaque Croix de guerre correspondant à une citation et donc à l'une des inscriptions du drapeau. 

Sur la cravate du drapeau exposé à Lorient sont fixées les décorations suivantes :
la Croix de chevalier de la Légion d'honneur ;
la Croix de Compagnon de la Libération ;
la Croix de guerre 1914-1918, avec 6 citations à l'ordre de l'Armée ;
la Croix de guerre 1939-1945, avec 5 citations à l'ordre de l'Armée ;
la Médaille de la Résistance avec rosette, décernée le 31 mars 1947 ;
la médaille coloniale avec 4 agrafes (Libye, Tripolitaine, Tunisie 42/43, Extrême-Orient).
Le drapeau porte les fourragères aux couleurs de la Légion d'honneur (1914-1918) et de la Médaille militaire (1939-1945).


Auteur : Fabrice Bourrée
Sources : Musée de l'Ordre de la Libération
Site Internet Netmarine 
Musée de tradition de l'école des fusiliers marins. 

Contexte historique

En juillet 1940 est crée, sur décision de l'amiral Muselier (commandant les FNFL), le 1er bataillon de fusiliers marins (1er BFM), commandé par le lieutenant de vaisseau Détroyat. Son effectif est de 250 hommes. Après quelques semaines d'entraînement au camp d'Aldershot, le Bataillon embarque à Liverpool à destination de Dakar (opération Menace) dans le but de rallier l'Afrique occidentale française à la France libre. Après l'échec de cette tentative, le 1er BFM débarque à Douala au Cameroun avant de participer activement aux opérations de ralliement du Gabon et à la prise de Lambaréné en novembre 1940.

L'unité organise ensuite la défense de Port-Gentil et de Brazzaville au Congo, prenant en charge l'administration générale du secteur, la levée et l'instruction de troupes africaines pour la France libre. Le 23 avril 1941, au terme d'un long périple qui l'oblige à faire le tour de l'Afrique, le bataillon arrive au camp de Qastina en Palestine où se regroupent les forces terrestres françaises qui se préparent à entrer en Syrie aux côtés des forces britanniques. A partir du 13 juin, le 1er BFM prend part aux opérations jusqu'à la prise de Damas le 20. Le bilan est lourd : les pertes s'élèvent à 40 % des effectifs engagés et le commandant Détroyat est tué (le lieutenant de vaisseau des Moutis le remplace), Amyot d'Inville et Touchaleaume sont blessés.

Promu capitaine de corvette, Amyot d'Inville prend à son tour le commandement du bataillon qu’il transforme en unité de Défense Contre Avions (DCA), équipé dans un premier temps de matériel récupéré en Syrie. Le bataillon est ainsi chargé de la défense aérienne de la 1ère Brigade française libre du général Koenig, intégrée à la VIIIe Armée britannique. Le 1er BFM participe à tous les combats, en Libye et en Égypte ; Halfaya (janvier 1942), Bir-Hakeim (mai-juin 1942), El Alamein (octobre 1942 ). A Bir-Hakeim, du 27 mai au 11 juin 1942, durant quinze jours de combats ininterrompus, les fusiliers tirent 47 200 obus de DCA, abattent 7 avions allemands et détruisent de nombreux véhicules de l' Afrika Korps. Le bataillon reçoit pour ces faits d’armes une citation à l'ordre de l'Armée.

Le 24 septembre 1943, le 1er Bataillon de fusiliers marins ayant gonflé ses effectifs avec des volontaires provenant de la marine d'Afrique du Nord (en particulier radios et mécaniciens), il devient le 1er Régiment de fusiliers marins (1er RFM), unité blindée de reconnaissance de la 1ère DFL. Le commandement est confié au capitaine de corvette Hubert Amyot d'Inville. Après un entraînement soutenu, le 1er RFM débarque à Naples au sein de la 1ère DFL, le 22 avril 1944. Il s'insère dans le plan de bataille qui va entreprendre de rompre le front allemand qui barre toute l'Italie au sud de Rome, dès le 12 mai 1944. Après les violents combats sur le Garigliano, le RFM (qui est en avant-garde de la Division sur trois axes) combat brillamment à Montefiascone et Radicofani. Il compte 61 tués, dont Amyot d'Inville et 140 blessés.

Débarquée en Provence, à Cavalaire, le 16 août 1944, sous le commandement du capitaine de corvette Pierre de Morsier, l’unité combat pour la libération de Toulon et d’Hyères, puis remonte la vallée du Rhône, pénètre dans Lyon évacuée par les troupes allemandes, puis atteint Autun. Il fait la jonction avec le 1er régiment de marche de spahis marocains (débarqué en Normandie avec la 2e DB) à Châtillon-sur-Seine le 12 septembre. Ce fait est considéré comme l'une des jonctions entre les troupes alliées de Normandie et celles de Provence.

Il participe ensuite activement à la campagne des Vosges puis d’Alsace avant d’être envoyé avec la 1ère DFL sur le front de l’Atlantique (poche de Royan) mais il est rappelé en urgence sur le front de l’Est suite à la contre-offensive de Von Rundstedt en décembre 1944. En janvier 1945, les fusiliers marins se distinguent à nouveau en Alsace avant de poursuivre leur marche victorieuse vers le Rhin.

Retirée du front d'Alsace, la Division est affectée au détachement de l'armée des Alpes en avril 1945. En août 1945, le 1er RFM est remis à la disposition des autorités navales.

Entre octobre 1940 et mai 1945, l'ensemble 1er BFM/1er RFM à perdu 195 hommes dont 12 officiers, parmi lesquels 2 de ses commandants. 200 Croix de guerre, 70 Médailles militaires, 32 Légion d'honneur et 31 Croix de la libération ont été décernées à ses hommes.

Le drapeau du 1er RFM compte 5 citations à l'ordre de l'armée obtenues pour 1939-1945 avec attribution de la Croix de la Libération, de la Médaille de la Résistance et de la Croix de guerre. Le drapeau, la mémoire et la tradition du 1er Régiment de fusiliers marins sont aujourd’hui confiés à l'Ecole des fusiliers de Lorient. 


Sources : 
Col Bleu n°2994 du 9 juin 2012, page 32. 
Georges Fleury, Les Fusiliers Marins de la France libre, Grasset, 1987.
Site Internet du musée de l'Ordre de la Libération