Monot Georges
Légende :
Georges Monot, lieutenant d’artillerie en 1939
Genre : Image
Source :
Détails techniques :
Attestation militaire d'identité
Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme
Analyse média
Sur cette attestation d’identité du 162e RAP (Régiment d’Artillerie de Position) commandé par le colonel Thouvard, la photo représente Georges Monot à 43 ans.
La carte porte au recto trois inscriptions :
ARMÉE FRANÇAISE OFFICIER ATTESTATION D’IDENTITÉ
Elle a été décernée à peine un mois et demi après la déclaration de guerre, le 14 octobre 1939. Elle a été établie en un « lieu » appelé « PC » sur le document (Poste de Commandement), variant avec la position du Régiment. Nous y apprenons entre autres que l’intéressé est « né à Saint-Sorlin (Drôme) le 18 avril 1896 », qu’il est lieutenant, ce qui nous renvoie à sa formation.
Son livret militaire, datant de la guerre 1914-1918, intitulé « Classe 1916 », indique dans la rubrique « Instruction Générale » (p. 6) : « À l’arrivée au corps : admissible au baccalauréat sciences ». À la page 7, au niveau « Natation » : « nage un peu ». À la page 5, sous le titre « Instructions, stages et emplois spéciaux : École militaire d’artillerie de Fontainebleau, Peloton de brigadier, 8 avril 1915 ; […] S/Lieut de tir, 1-7-18 ».
Le retour à la vie civile se fait peu après l’Armistice de Rethondes le 11 novembre 1918, pour une vingtaine d’années. Cette réinstallation à Saint-Sorlin, après la Grande Guerre, ne se fait pas sans sa participation à « des séances bloquées en 3 jours les 19 - 20 et 21 mars [1931] au Camp de Chambaran » : « L’École de perfectionnement des Officiers de réserve d’Artillerie de Lyon » précise : « le but de ces séances est de permettre aux Officiers de Réserve […] de perfectionner leur instruction et de réunir en fin d’année le nombre de séances nécessaires à l’obtention de la carte de surclassement. »
En fait, cet épisode succède à « une période obligatoire d’instruction de 25 jours » qu’a dû exécuter le « lieutenant de réserve » l’année précédente.
Cela permet de comprendre que l’attestation d’identité de 1939, affichée en début de notice, ne le qualifie plus de « sous-lieutenant de tir», comme c’était le cas sur son livret en 1918, mais de « lieutenant ».
La Seconde Guerre mondiale déclarée, il est engagé avec le 162ème RAP dans la campagne de 1939 – époque à laquelle est établie l’attestation. Il reçoit, au printemps 1940, différentes missions dont celle de membre du Tribunal militaire de Grenoble en mars, d’assurer une reconnaissance dans le secteur de l’Ubaye en avril, d’exercer des surveillances de nuit en juin… Finalement, le 9 juillet 1940, une note de service appelant les chefs à préparer leurs hommes à concevoir « les difficultés qui les attendent à leur démobilisation », lui annonce… un prochain retour à Saint-Sorlin pour lui-même, dont nous ne pouvons préciser la date.
A-t-il connu les appels à la Résistance ? En particulier ceux qui provenaient de soldats de l’Armée française en rébellion contre le pouvoir collaborateur ? Notamment celui du 18 juin 1940 prononcé par le Général de Gaulle ? Était-il resté en relation avec des officiers rejetant l’idée de défaite ? Autant de questions plausibles puisque, en 1943, après avoir constitué un réseau résistant, il devient l’un des chefs de la Résistance en Valloire, et, singulièrement, celui qui reçoit l’ordre du commandant des FFI de la Drôme, le 7 juin 1944, d’attaquer les forces allemandes cantonnées à Saint-Rambert-d’Albon à la tête d’un groupe de plus de cent maquisards. La Compagnie Monot combat désormais en Nord Drôme aux côtés de celle de William (Saint-Donat) et de celle de Bozambo (Grand-Serre).
2013-01-05Auteurs : Claude Seyve, Michel Seyve
Sources : Pierre Brunet, Saint-Sorlin-en-Valloire, Témoignage (18.12.2012) et archives personnelles ; Drôme Nord, Terre d’asile et de révolte, 1940-1944, Henri Chosson, Marcel Desgranges, Pierre Lefort, Ed. Peuple Libre, 1993
Contexte historique
Selon l’ouvrage Drôme Nord, Terre d’asile et de révolte, 1940-1944, dès la fin de l’année 1941, à Saint-Sorlin-en Valloire, Jean Peyre crée un groupe de Résistance en Valloire.
Il rassemble autour de lui René Marthouret, son épouse, receveuse des postes, le restaurateur Marius Sauvage (Mimi), le maçon Théodore Colongo (Théo), le fermier Jules Bonin et le menuisier Miachon. Jean Peyre assure la direction de ce réseau jusqu’au début 1944.
Selon la même source, Georges Monot de son côté, à partir de 1943, prend contact avec des volontaires de la commune de Saint-Sorlin mais aussi d’Épinouze, « avec d’infinies précautions », en s’adressant à « des personnes d’âge mûr » qu’il connaît bien.
Mis à part Henri Weill et lui-même, qui ont acquis une formation militaire, tous deux étant lieutenants, les volontaires sont des sédentaires ; on les retrouve un peu plus tard dans la Compagnie Monot : ils sont souvent exploitants agricoles, artisans, entrepreneurs, commerçants comme René Hours, médecin comme André Brodschi…
Georges Monot s’appuie sur Jean Rey de la commune voisine d’Épinouze, dont le groupe de 13 « a un doyen de 60 ans » et compte trois jeunes volontaires (« moins de 29 ans »).
« Au premier semestre [1944], Monot recrute plus large et plus jeune, mais il ne disposera, à la veille du débarquement, que de l’armement pour deux sections, soit environ 75 hommes. L’instruction se fait aux « Grises » [hameau de Saint-Sorlin], à la ferme de Paul Milloud, vétéran de [1914-1918]. Le groupe effectue plusieurs sabotages sur la voie ferrée Saint-Rambert-Rives.»
Parmi les coups de main, certains sont organisés dès la fin 1943. « Le 2 septembre 1943, sur ordre de Drouot (L’Hermine), une équipe composée d’Henri Weill du maquis Lapeyrouse, de Pierre Lepetit et de Robert Jourda, des sédentaires Monot fait sauter à l’explosif le transformateur de l’usine [d’Épinouze]. » Il s’agit de l’ensemble des entreprises Carbone-Lorraine de Genevillers et Pagny (Moselle) repliées sur Épinouze dès le début de la guerre. Elle était « spécialisée dans la fabrication de charbons industriels nécessaires aux moteurs (magnétos, delcos, dynamos). Travaillant pour les Allemands », elle constitue une cible importante pour la Résistance.
Monot entretient par ailleurs des rapports avec le groupe Gervais, ancré sur Anneyron et Saint-Rambert d’Albon – l’effectif progresse de 7 ou 8 en mars 1943, à 25 au début 1944 et à 38 en juin –. Un groupe franc de 7 volontaires au sein de cette unité entreprend des sabotages visant des pylônes à haute tension et la voie ferrée dont il a été question.
Avec le débarquement du 6 juin 1944, des « compagnies » sont mises en place : Georges Monot devient le capitaine de la compagnie Monot. L’action la plus importante à l’actif de Monot et de ses hommes est, rappelons-le, l’attaque des forces allemandes à Saint-Rambert à la suite du débarquement de Normandie. Cette attaque est opérée en collaboration avec le groupe Gervais dans la nuit du 7 au 8 juin 1944. Drôme Nord Terre d’asile… la relate ainsi :
Drouot (L’Hermine) commandant les FFI de la Drôme, donne l’ordre de passer à l’action. « “Sous le commandement du capitaine Monot, attaquer et anéantir la garnison allemande de Saint-Rambert et occuper la ville ”. C’est Jean Peyre qui reçoit cet ordre. Lorsque, en présence du lieutenant Weill, il le communique à Monot, celui-ci refuse catégoriquement d’obtempérer. Il cède cependant bientôt aux objurgations de Weill qui lui fait remarquer que, s’étant engagés volontairement dans l’Organisation de la Résistance Armée, ils doivent obéir aux ordres de leurs chefs. » De son côté, « Camille Gervais, ancien sous-officier de la guerre [1914-1918], loin d’être convaincu de l’opportunité de l’opération, consent cependant à l’exécuter sans discuter. » Les volontaires, eux, souvent très jeunes, ont hâte d’entrer dans l’action.
Ainsi, Monot, pour accomplir sa mission compte sur sa formation mais aussi sur celles de Coinaud, d’Épinouze et de Saint-Rambert : 106 hommes se retrouvent sous ses ordres dans la ferme de Camille Gervais à Anneyron.
L’opération de Saint-Rambert est commentée par ailleurs dans ce musée [Saint-Rambert, Camille Gervais (1894-1944)]. L’objectif initial est loin d’avoir été atteint ; 7 morts du côté des forces de Monot, 2 civils tués, 4 blessés, quatre maisons incendiées ; les Allemands ont sans doute des pertes non négligeables et leur toute puissance est mise en cause. Mais leurs capacités, soit de riposte, soit de répression, sont intactes et redoutables.
Les maquisards se regroupent immédiatement dans les bois des Épars autour du lieutenant Weill ; la plupart rejoignent finalement la compagnie Monot aux Grises, d’autres se mettent aux ordres de Charles Lahmery (Bozambo) dont l’unité est cantonnée dans la région du Grand-Serre ou du capitaine William commandant une compagnie FTP à Saint-Donat-sur-l'Herbasse.
Un peu plus tard, la compagnie Monot est engagée, le 29 août 1944, contre une flanc-garde de la 19e Armée allemande partie de Saint-Rambert en direction de Beaurepaire (notice du Musée Virtuel / Violence allemande le 29 août 1944 à Saint-Sorlin).
À partir de septembre 1944, Georges Monot et ceux de ses hommes qui décident de poursuivre le combat, sont vraisemblablement intégrés à la demi-brigade de la Drôme, partie prenante de la division alpine engagée dans les Alpes ; cette unité donne naissance au régiment alpin recréé, le 15.9..
La guerre étant terminée en 1945, il est de retour à Saint-Sorlin ; il s’y installe expert géomètre et y détient également un portefeuille d’assurances.
Auteurs : Claude Seyve, Michel Seyve Sources : Drôme Nord, Terre d’asile et de révolte, 1940-1944, Henri Chosson, Marcel Desgranges, Pierre Lefort, Ed. Peuple Libre, 1993 (p 153, 170, 218, 251, 409) ; Pour l’amour de la France, p 245, 8 juin, L’attaque de Saint-Rambert, p 463, La guerre n’est pas terminée ; Pierre Brunet, Saint-Sorlin-en-Valloire, témoignage (18.12.2012) et archives personnelles ; Robert Serre (AD Drôme, 132 J 2 ; « engagement de la compagnie Monot contre une colonne de 50 camions allemands… ») ; Patrick Martin, La Résistance dans le département de la Drôme, 1940 – 1944, Chronologie in Thèse : 29 août 1944 – Nord-Drôme
Livret militaire de Geprges Monot : à noter le changement de grade, première de couverture, 36 pages
Monot Georges
Georges Monot et ses parents à l'époque de la Grande Guerre.
Monot Georges
Le Chatelard , batterie de 155 mm modèle 1917 Schneider. Georges Monot est le 4e à partir de la gauche. Modèle de canon qui forme l'essentiel des régiments d'artillerie lourde divisionnaire en 1940. Puissance de feu mais lenteur dans les mouvements.
Monot Georges
Le Chatelard , attelage de mulets. Animal puissant et rustique, le mulet est largement utilisé au début de la guerre de 1939-1945, notamment par la Wehrmacht qui est moins motorisée qu'on ne le croit habituellement. Georges Monot est le 2e à partir de la gauche.
Monot Georges
Carte de volontaire FFI de Georges Monot, avril 1942
Monot Georges
Carte du Comité de Libération de Saint-Sorlin-en-Valloire ; le premier terme apparaît sur le tampon.