Drapeau du 1er régiment d'infanterie

Légende :

Caché depuis novembre 1942, le drapeau du 1er RI sort, lui aussi, du maquis. Ici, il est photographié avec sa garde lors de la libération de Bourges

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Musée de la Résistance et de la Déportation de Bourges et du Cher Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc.

Date document : Septembre 1944

Lieu : France - Centre - Val-de-Loire (Centre) - Cher

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Contexte historique

En novembre 1942, au moment de la dissolution de l’armée d’armistice, le colonel Bertrand, commandant du 1er régiment d’infanterie, met sur pied, dans la nuit du 27 au 28 novembre 1942, une organisation clandestine composée de quelques officiers, sous-officiers et soldats (au total, une cinquantaine de personnes). Ils commencent à soustraire des livraisons à l'occupant tout ce qui peut l'être : armes et matériel. L'opération n'est pas aisée, car l'ennemi en assure un contrôle strict. Il faut donc ruser avec lui. L'opération est conduite par un officier et deux sous-officiers qui parlent parfaitement allemand et qui s'emploient à détourner la vigilance des contrôleurs ennemis afin de maquiller les états. Les résultats dépassent les espérances : 32 fusils mitrailleurs, 12 mitrailleuses et plus de 100 pistolets, sont ainsi détournés du contrôle et placés dans des cachettes sûres. Plus de 2 000 collections d'effets et de chaussures, trois mois de vivres et de réserves, des instruments de musique, des appareils de transmission, des bicyclettes, des autos disparaissent en une nuit, ainsi que le drapeau du régiment.

Depuis la dissolution, de nombreux soldats et cadres du régiment restent dans le département du Cher, et des contacts sont maintenus entre tous. A tous ceux qui peuvent et veulent rester sur place (ou qui n'ont pas d'autre choix immédiat) est fourni un emploi, de l'argent, un logement et des denrées alimentaires, en attendant des jours meilleurs. Que ce soit dans les fermes ou dans les villes, ces volontaires du 1er RI sont bientôt tous affectés. Des coopératives charbonnières et forestières sont créées ; ce sont les cellules vivantes du régiment. 

Le 24 décembre 1942, le groupe des officiers responsables se trouve conforté dans son entreprise par le général Verneau qui rend visite au colonel Bertrand, à Saint-Amand-Montrond. Le général confirme, devant quelques officiers rassemblés, que leur position de résistance clandestine n'est pas isolée et que la communication avec Londres et Alger est établie.

En mars 1943, l'annonce est faite de l'arrivée du capitaine Lejeune, envoyé par Londres pour organiser les parachutages d'armes. Des équipes secrètes seront entraînées spécialement, un système de stockage mis au point. Le premier parachutage a lieu le 18 avril 1943 sur le terrain de Thaumiers ; la phrase annonciatrice a été : "Vercingétorix a quitté Alésia". Le capitaine Lejeune apporte des fonds ainsi que deux appareils radios qui permettront à l'ORA de communiquer avec Londres.

L’organisation du régiment est secrètement mise sur pied en trois bataillons à effectifs restreints de la façon suivante :
- Région de Lury-Saint-Florent : 1er bataillon à deux compagnies, aux ordres du capitaine de Lafond.
- Région de Dun-Levet : 2e bataillon à deux compagnies aux ordres du capitaine Mercier.
- Région de Sancoins-Blet-Charenton : 3e bataillon à quatre compagnies aux ordres du commandant Rauscher.
- Meillant : compagnie régimentaire avec PC éventuel du régiment en lisière de forêt.

Le chef d'escadron Roy, qui commande le Chantier de jeunesse n°1 à Tronçais, constitue une équipe clandestine qui rentre dans l’organisation du 1er RI. Il organise trois centres de camouflage du matériel du 1er RI. Le chef du groupe des Chantiers de jeunesse n°32 à Chateaufer entre aussi dans l’organisation.

Le 1er RI reçoit plusieurs parachutages :
- le 25 avril 1943 sur le terrain de Thaumiers : armes et matériel
- le 20 juin 1943 sur le terrain de Coust : armes
- le 6 octobre 1943 sur le terrain de Meillant : armes, matériel et une équipe alliée de trois personnes (deux officiers et un opérateur radio).

Entre décembre 1943 et juin 1944, de nombreux cadres du mouvement sont arrêtés : les commandants Rauscher, Duchatelet et de Brantes, les lieutenants Mourot et Dardenne, le colonel Sinais, le lieutenant-colonel Ribaud, ainsi que le sous-lieutenant Massicot.

Le 1er mai, les chefs du 1er RI clandestin reçoivent l’ordre du général Revers, chef de l’ORA d’appliquer en cas de débarquement les mesures prévues par le plan, dit « Plan Vert » : sabotages de voies ferrées et de pylônes, attaques de petites garnisons allemandes, opérations de diversion, etc.

Le 20 mai 1944, le colonel Bertrand est désigné par le CNR et le COMAC pour prendre le commandement du Groupement du Morvan (Cher, Nièvre, Yonne, Côte-d'Or, Aube, Saône-et-Loire). Un mois plus tard, le général Koenig le libère de sa mission car il estime que "seuls les commandements départementaux restent possibles dans ces périodes où le seul moyen de liaison est la radio de Londres. " Le colonel rejoint le 1er RI le 21 juillet et prend aussitôt le commandement des FFI du Cher-Sud. 

Les compagnies du 1er RI sont reconstituées entre juin et août 1944. Les FFI réunissent quatre corps d’origine différente à la mi-août, parmi lesquels les neuf compagnies du 1er RI comprenant un total de 1 200 hommes. Ces neuf compagnies sont réparties entre deux bataillons et jalonnent les axes de retraite des Allemands. Au 1er juillet 1944, toutes les compagnies sont mobilisées, équipées et encadrées. A partir du 1er juillet, le 1er RI reconstitué engage contre l’ennemi la lutte ouverte sous toutes ses formes : destructions, sabotages, attaques de garnisons et de convois, harcèlement de l’ennemi, contrôle des axes de communication, lutte contre la Milice…

Le 1er régiment d'infanterie a été décoré de la Médaille de la Résistance par décret du 31 mars 1947.


Auteur : Fabrice Bourrée
Sources :
Général de la Barre de Nanteuil, Historique des unités combattantes de la Résistance : Cher, Vincennes, 1973.
Gérard Boursier in CD-ROM La Résistance dans le Cher, AERI, 2008.