Extrait du registre d'écrou de la centrale d'Eysses (Henri Auzias)
Légende :
Extrait du registre d'écrou de la maison centrale d'Eysses sur lequel figure l'incarcération d'Henri Auzias.
Pour en faciliter la lecture, nous avons divisé ce document en deux parties (recto-verso).
Genre : Image
Type : Registre d'écrou
Source : © Archives départementales de Lot-et-Garonne Droits réservés
Détails techniques :
Registre d'écrou
Date document : 15 octobre 1943
Lieu : France - Nouvelle-Aquitaine (Aquitaine) - Lot-et-Garonne - Villeneuve-sur-Lot
Analyse média
L'écrou est le procès-verbal consigné sur registre constatant qu'un individu a été placé en détention dans un établissement pénitentiaire. Les registres se présentent de façon chronologique, dans l’ordre des mises sous écrou. Chaque détenu fait l'objet d'une notice organisée en huit colonnes, s'étendant sur une double page.
Chaque double page contient les notices de trois détenus. Ces registres sont riches d'informations sur le profil et sur le parcours des détenus.
On y trouve :
1 - Le numéro d’ordre (ou numéro d’écrou) ;
2 - les informations d’état civil, les caractéristiques physiques et le signalement anthropométrique du détenu ;
3 - les peines prononcées à son encontre ;
4 - l’acte de remise du condamné au surveillant-chef de la maison centrale ;
5 - un extrait du jugement en vertu duquel il a été écroué ;
6 - la date de commencement de peine ;
7 - l’époque a laquelle la peine doit se terminer (ou la date selon les registres) ;
8 - la cause et la date de la sortie.
L'extrait présenté dans cette notice concerne l'incarcération à Eysses d'Henri Auzias. Voici les renseignements que l'on peut y relever :
1 - 2459
2- Auzias Henri Julien
Fils de Firmi, et de Pline Marie-Eugénie. Né à Villevieille le 9 avril 1912. Demeurant à Marseille, 15 rue St Régis. Profession : manipulant des PTT. Marié. Degré d'instruction primaire.
3 - 4 ans et 3 mois de prison, 2000 francs d'amende. Remise de 4 mois.
4 - Ce jourd'hui 15 octobre 1943, s'est présenté au greffe de la Maison centrale d'Eysses, le sieur Marche à la résidence d'Eysses porteur d'ordre délivré par M. le Garde des Sceaux sous la date du 15 octobre 1943, en vertu duquel il m'a fait la remise de la personne du nommé Auzias Henri Julien, condamné à 4 ans et 3 mois de prison le 19 mars 1941 ainsi que le constate l'acte de condamnation qui m'a été représenté en extrait, et dont la transcription se trouve ci-contre.
Le dit Auzias Henri Julien ayant été laissé à un garde pour subir sa peine, j'ai dressé le présent acte d'écrou que le sieur Marche a signé avec moi après avoir reçu décharge.
5 - Par le tribunal militaire de la 15e division militaire en date du 19 mars 1941, le nommé Auzias Henri Julien, âgé de 31 ans, né à Villevieille (B. Alpes), demeurant à Marseille, profession de manipulant des PTT, déclaré coupable d'infraction au décret-loi du 26-9-39, a été condamné à la peine de 4 ans et 3 mois de prison et 2000 francs d'amende en vertu des articles du Code.
Le dit a commencé a subir sa peine le 21 janvier 1941 jour du dépôt.
Certifié conforme par le soussigné, greffier de la Maison centrale.
6 - 21 janvier 1941
7 - 21 décembre 1944
8 - Condamné à mort par la Cour Martiale. Exécuté le 24 février 1944 à 11h du matin.
Remis XXXXX Commandant le peloton d'exécution, le nommé Auzias Henri, condamné à mort par la Cour Martiale séant à Villeneuve S/Lot le 24 février 1944. Le Commandant du Peloton d'Exécution.
Auteur : Fabrice Bourrée
Contexte historique
Né le 9 avril 1912 à Villevieille (Basses-Alpes), marié et père de deux enfants, Henri Auzias est agent manipulant au tri du bureau-gare de Marseille dès 1929. Il adhère au Parti communiste en 1935. De 1937 à 1939, il est élu secrétaire du syndicat des PTT de Marseille, section des ambulants. Il devient trésorier adjoint de l’union locale de Marseille le 5 mars 1939, puis entre à l’union départementale.
Après sa démobilisation en 1940, Henri Auzias continue de militer au sein du parti communiste clandestin, organise des groupes de base ainsi qu’une équipe spéciale à Marseille. Militant communiste connu, il est arrêté à son domicile marseillais en janvier 1941 et écroué à la prison militaire Saint-Nicolas de Marseille. Condamné par le tribunal militaire de Marseille, le 19 mars 1941, à quatre ans et trois mois de prison, il est transféré le 8 avril suivant à la Maison centrale de Nîmes. Henri Auzias y joue un rôle prépondérant dans l’organisation clandestine des détenus.
En octobre 1943, Auzias est transféré à la Centrale d’Eysses. Sur tout le parcours qui le mène avec ses compagnons de détention à Eysses, il entraine ses camarades à chanter des airs patriotiques et à clamer des slogans de la Résistance. A Eysses, il devient très rapidement le délégué communiste des internés aux côtés de Stéphane Fuchs, délégué gaulliste comme porte-parole des détenus auprès de l’administration pénitentiaire. Il défend avec ténacité les revendications de ses camarades et obtient de nombreuses libéralités : statut de détenu politique, vêtements civils, partage des colis… Il est également l’un des principaux organisateurs de la tentative d’évasion collective du 19 février 1944 qui se soldera par un échec. Condamné à mort par une cour martiale réunie à Eysses, il est fusillé le 23 février 1944 en chantant La Marseillaise et en criant « Vive la France ».
Chaque année, les postiers lui rendent hommage à Marseille où il repose dans le cimetière Saint-Pierre.
D'après Corinne Jaladieu, Michel Lautissier, Douze fusillés pour la République, Association pour la mémoire d’Eysses, 2004.