Analyse média

Les Juifs internés à Drancy étaient tenus de remettre leur argent et leurs objets de valeur à la police du camp, contre un récépissé bien illusoire.
Ici, il s’agit du reçu délivré le 13 juin 1944, par le chef de la police du camp de Drancy, à Élie Angel pour la somme de 1 106 francs, avant sa déportation à Auschwitz. Ce dernier a été pris lors de la rafle à Buis-les-Baronnies (Drôme) le 21 mai 1944.

Contexte historique

Le 21 mai 1944, vers midi, une dizaine de policiers en civil accompagnés d'autant de soldats allemands transportés dans un camion effectuent une opération de police à Buis-les-Baronnies. Ils cernent tous les hôtels de la localité et y contrôlent tous leurs occupants, volant au passage pour 800 000 francs de valeurs et d'objets, ainsi que des vêtements, du linge et un poste de TSF dans la maison d'un Juif en fuite. Ils effectuent quatorze arrestations de personnes « de race juive », dit le rapport de police. Pour la plupart, celles-ci sont prises dans l'hôtel du Lion d'Or où elles s'étaient réfugiées. L'arrestation a été simplifiée du fait que ces personnes devaient venir prendre leur repas de midi à l'hôtel. Toutes sont emmenées dans un camion à la prison Sainte-Anne en Avignon.

Ce sont Élie Angel, commerçant avignonnais, 32 ans, Édouard Carcassonne, voyageur de commerce, 38 ans, né à Marseille, qui mourra après le repli du camp vers Buchenwald le 10 avril 1945, et son épouse Gilberte née Elias, 35 ans, Maurice De Ciaves, 37 ans, commerçant d'Avignon, Robert Franck, 41ans, agent technique venant de Marseille, Andrée Geismar née Dukas, originaire des Vosges et résidant au Pontet (Vaucluse), 49 ans, Moïse (dit Maurice) Lehmann, médecin originaire de Belfort et installé en Avignon, 70 ans, André Lyon, 54 ans, ancien directeur des parfums Vigny, et sa femme Simone née Mayer, 46 ans, tous deux nés à Paris et installés à Vaison-la-Romaine, Charles Unik 36 ans, horloger-bijoutier né à Paris, d'abord installé à Saint-Vallier, pris à l'hôtel à Buis, qui mourra après le repli du camp à Buchenwald le 26 janvier 1945, le Russe Simon Wadamski (ou Volski ou Wolski) 56 ans, chapelier-casquettier d'Avignon, Léon Wahl, 73 ans, et sa femme Andrée ou Marcelle, 59 ans, tous deux Français nés à Epinal (Vosges) et résidant à Carpentras, Armand Woog, 71 ans, voyageur de commerce à Paris.

Ces quatorze Juifs partiront vers Auschwitz dans le convoi n° 76 du 30 juin 1944.

Mentionnons en outre Moïse Almaleh, juif domicilié à Avignon et réfugié à Buis-les-Baronnies, déporté le 15 mai 1944 dans le convoi n° 73 vers Kaunas-Reval, évacué en août au camp de Stuthof sur la Baltique, qui sera un des 16 survivants libérés en 1945.