Michel Debré

Légende :

Michel Debré, membre du comité directeur de Ceux de la Résistance (CDLR) et du Comité général d'Etudes (CGE)

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © SHD- Archives du Bureau Résistance Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc.

Lieu : France

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Contexte historique

Pseudonymes : "Jacquier, Turquant, Fontevrault"


Michel Debré naît à Paris le 15 janvier 1912 au sein d'une famille de la grande bourgeoisie intellectuelle. Docteur en droit, diplômé de Sciences-Po, il entre au Conseil d'Etat en 1934.

"Sorti premier de l'école des Sciences politiques, premier de l'école de cavalerie de Saumur, (…) tiré à quatre épingles, vêtu de noir, courageux, intransigeant, désintéressé" : ce portrait de Michel Debré, conservateur et patriote, fut tracé par le fondateur de Libération-Sud, Emmanuel d'Astier. Comme commissaire à l'Intérieur du Comité français de la Libération nationale, il eut à connaître du travail clandestin essentiel de M. Debré, le grand mouvement préfectoral mis en œuvre par une commission des désignations dont deux des trois membres étaient le même juriste, sous les pseudonymes de "Jacquier" et "Turquant", signant l'un au titre du Comité général d'études, le second au nom de la délégation générale du CFLN !

Pour celui qui était devenu auditeur au Conseil d'Etat à 22 ans et y avait travaillé avec Alexandre Parodi, le futur dernier délégué général du GPRF, ces responsabilités étaient naturelles. Il les exerçait après avoir été collaborateur de Paul Reynaud de novembre 1938 à septembre 1939 puis dans des postes au Maroc et à Royat ; il avait pu y commencer à résister aux Allemands et au vichysme. Membre du comité directeur de Ceux de la Résistance, il devint clandestin au printemps 1943 et se fondit "dans l'anonymat de la capitale". C'est alors qu'il travailla avec les experts du Comité général d'études pour préparer les mesures à prendre à la Libération. Il passa surtout beaucoup de temps à recueillir les propositions de nominations de la part des responsables des mouvements clandestins et du noyautage des administrations publiques. Charles Laurent, Henri Ribière et François Tanguy-Prigent parlaient pour Libération-Nord, Blocq-Mascart, Jeanjean et Touny pour l'OCM, Jacques Lecompte-Boinet pour CDLR, Avinin et Claude Bourdet pour les MUR, De Chalvron puis Schweitzer pour le NAP.

Michel Debré frappa à la porte de tout le monde mais se heurta à près d'un refus pour deux contacts même si une première liste de nominations fut avalisée par Alger dès octobre 1943. Au fil des mois, un appareil d'Etat fut tissé, prêt à prendre la relève des autorités de Vichy, gouvernement de fait dont les mesures anti-républicaines devaient aussi être révoquées sans délai. Si un délégué venu de Londres, Emile Laffon, supervisa la désignation des commissaires régionaux de la République, habilités à gouverner leurs provinces en y exerçant jusqu'au droit de grâce et au droit de battre monnaie, il revint à Michel Debré de doser la composition du nouveau corps préfectoral. L'ancien était dénoncé par Laffon comme "un personnel discrédité, usé par des années de bassesse". Le nouveau comporta environ un tiers de sous-préfets, un tiers d'hommes venus du secteur privé et un tiers d'universitaires ou de fonctionnaires des corps techniques. Sans attendre l'accord d'Alger, M. Debré se félicitait, le 9 mars 1944, de n'avoir que 15 postes préfectoraux vacants pour l'ensemble de la métropole ; 40 candidats désignés étaient déjà dans leurs futurs départements et 18 autres connaissent leurs désignations (rapport Debré du 9 mars 1944).

Si ces nominations provisoires furent parfois dramatiquement remises en question par des arrestations et des déportations (parmi celles-ci, notons celle de Pierre Kaan, philosophe, secrétaire du comité de coordination des mouvements de zone Nord qui mourra en Allemagne), leur qualité empêcha toute velléité d'administration militaire alliée (AMGOT). L'activité parisienne de Michel Debré a donc porté ses fruits avant qu'il ne prenne en charge personnellement le commissariat de la République à Angers. Il devait rejoindre ensuite le cabinet du président du Gouvernement provisoire au printemps 1945. Rue Saint-Dominique, il imagina les structures de l'école nationale d'administration et, selon les mots d'Emmanuel d'Astier de la Vigerie, il mit "en formules, en ordonnances et en discours, la poésie et la tactique du Général". Il devait devenir le premier Premier ministre de la Cinquième République en janvier 1959 après avoir été l'un des principaux rédacteurs de la Constitution.
M. Debré fut ensuite ministre des Finances, des Affaires étrangères et de la Défense nationale avant d'être élu à l'Académie Française, le 24 mars 1988.
Après son échec cuisant à l’élection présidentielle de 1981, il se retire peu à peu de la vie politique.
Il meurt le 2 août 1996.



D'après Charles-Louis Foulon, "Michel Debré" in DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004.