Allocution de Maurice Schumann à la BBC, 21 juillet 1942
Légende :
Allocution radiophonique de Maurice Schumann dans l'émission "Honneur et Patrie" de la BBC, 21 juillet 1942, à propos des obsèques des deux manifestantes tuées à Marseille, le 14 juillet 1942 (extrait de Jean-Louis Crémieux-Brilhac, Les voix de la liberté, Ici Londres, La Documentation française, Paris, 1975, tome 2, page 169).
Radio address by Maurice Shumann on the BBC program, Honneur et Patrie, on 21st of July 1942 concerning the funeral of the two murdered protestors of the July 14th 1942 demonstrations in Marseille (excerpt from Jean-Louis Crémieux-Brilhac’s, Les voix de la liberté, Ici Londres, La Documentation française, Paris, tome 2, page 169).
Genre : Image
Type : Allocution radiophonique (retranscription)
Source : © la Documentation française Droits réservés
Détails techniques :
Date document : 21 juillet 1942
Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Bouches-du-Rhône - Marseille
Analyse média
Maurice Schumann, porte-parole de la France libre, revient, le 21 juillet 1942, dans l’émission vespérale « Honneur et patrie », sur les obsèques, le 19 juillet 1942, au cimetière Saint-Pierre, des deux manifestantes tuées par le PPF, à Marseille, cinq jours plus tôt. Il indique qu’une « foule énorme » leur a rendu hommage et a fleuri leurs tombes. Il fait, à cette occasion, un bilan rapide – et incomplet - des manifestations du 14 juillet 1942 dans la zone non-occupée, depuis Toulouse et Carcassonne jusqu’à Saint-Gingolph, à la frontière suisse, en passant par Aix-en-Provence, Clermont-Ferrand, Lyon et même, de manière très significative, par Vichy.
Il souligne la forte mobilisation, le nombre élevé des manifestants (sans doute avec quelques exagérations), le désarroi des autorités vichystes, mais aussi l’action répressive du Service d’ordre légionnaire (SOL) dont certains membres sont nommément mis en garde. Quelques points de rassemblement très symboliques sont mis en exergue : au pied du socle de la statue du républicain Armand (et non Léon) Barbès à Carcassonne, envoyée à la fonte, comme bien d’autres, par Vichy ou de celle de Vercingétorix, place de Jaude à Clermont-Ferrand.
La place importante consacrée dans l’émission « Honneur et Patrie » aux obsèques des deux manifestantes de Marseille, attire l’attention sur une forme de manifestation de la Résistance, souvent négligée : les cortèges funéraires. Ils peuvent être l’occasion, en fonction de la personnalité et de l’engagement des défunts, de larges mobilisations contre lesquelles l’État français et ses représentants ne peuvent pas grand-chose. En dépit du recueillement qui les caractérise et exclut, en général, cris et banderoles, leur caractère protestataire est évident : l’hommage rendu, ce jour-là, au(x) défunt(s) est une critique, implicite mais transparente, des collaborationnistes et des autorités en place.
Maurice Schumann, the voice of Free France (France libre), returned to the evening radio program, Honneur et Patrie, on the 21st of July 1942 to discuss the July 19th funeral services at the cimetière Saint-Pierre of two protestors killed by members of the PPF (French pro-Nazi Parti populaire français) in Marseille five days earlier. He stated that an “enormous crowd” paid honor to the dead and placed flowers upon their tombs. He then made a hasty and incomplete assessment of the July 14th protests in the Free Zone (zone libre), including those that occurred in Toulouse, Carcassonne, Saint-Gingolph near the Swiss border, Aix-en-Provence, Clermont Ferrand, Lyon, and, most importantly, Vichy.
He stressed the high number of protestors (no doubt with several exaggerations), their swift mobilization, the consternation of the Vichy authorities, as well as the suppression tactics of the Service d’ordre legionnaire (SOL), whose members were specifically alerted of the impending protests. Several of the more symbolic gathering places for the protests were highlighted: the base of the statue of 19th century French Republican, Armand Barbès, in Carcassonne and the statue of Vercingetorix located in the place de Jaude in Clermont-Ferrand. Both statues were ordered to be smelted by the Vichy government.
The significance assigned to the funeral services of these two protestors in Marseille during the radio program, Honneur et Patrie, brought attention to an often neglected form of protest used by the Resistance: funeral processions. Given the sanctity of funeral processions, they served as an ideal opportunity for social mobilization wherein the State and its representatives had little authority. Despite their solemn nature that typically frowned upon any form of spectacle, there was an obvious political dimension to funeral processions during this time. To pay homage to the lives of certain individuals could transmit profound political criticisms, albeit implicit, against complicit extreme right-wing organizations and government officials.
Robert Mencherini
Traduction : Sawnie Smith
Contexte historique