Maurice Choury
Légende :
Maurice Choury, dit "Annibal", l'un des principaux dirigeants du Front national corse, eut une part essentielle dans la décision d'insurrection le 9 septembre 1943
Maurice Choury, pseudonym “Annibal”, one of the main leaders of the Corsican Front national, played a significant role in the organization of the insurrection of September 9th, 1943
Genre : Image
Type : Photographie
Source : © Archives privées Maurice Choury Droits réservés
Détails techniques :
Photographie analogique en noir et blanc.
Date document : Sans date
Lieu : France - Corse
Contexte historique
Maurice Choury est né le 9 janvier 1912 à Nanterre, dans une famille ouvrière - son père travaillait à l'arsenal de Puteaux - et nombreuse - il a quatre frères et soeurs -. Après des études secondaires, il est attiré par le journalisme d'art. Mais son adhésion aux Jeunesses communistes et son entrée dans la direction de ce mouvement en 1934 l'amènent à collaborer au journal L'Avant-Garde, puis à L'Humanité à partir de 1936. En août 1938, il fait partie de la délégation française au 2e Congrès mondial de la jeunesse, à Vassar College, aux Etats-Unis. Il est mobilisé en septembre 1939 comme infirmier et fait prisonnier, mais rapatrié en 1941 comme membre du corps sanitaire. Ses activités résistantes commencent à Paris puis dans les Bouches-du-Rhône, avant que ses attaches familiales ne le conduisent en Corse en 1942.
Maurice Choury a 30 ans quand il s'installe en Corse pour y jouer un rôle actif dans le Front national corse. Depuis 1936, il est marié à la soeur de Danielle Casanova, Emma Perini, qui est une militante communiste. Militant du Front national, il y rend de grands services grâce à ses capacités d'écriture et à ses talents d'organisateur. Grâce à lui, la presse clandestine communiste se développe, avec L'Avant-Garde, puis Le Patriote. Après la destruction par l'OVRA, en mars 1943, du réseau FFL de Fred Scamaroni (R 2 Corse) et les arrestations qui désorganisent Combat, le Front national se réorganise en secret dans la Casinca, lors de la conférence tenue à la grotte de Porri. On y adopte une structure pyramidale faite de petits groupes de cinq personnes en liaison avec des comités qui vont de l'échelon local jusqu'au niveau départemental (la Corse ne compte alors qu'un seul département) en passant par ceux du canton et de l'arrondissement. Le Front national est une organisation distincte du Parti communiste et intègre des non-communistes, même si ses principaux dirigeants sont des militants comme Arthur Giovoni.
Maurice Choury devient responsable du Front national corse de l'arrondissement d'Ajaccio. Convaincu, à partir de la chute de Mussolini en juillet 1943, qu'il est possible de libérer la Corse en amenant les troupes italiennes à un renversement d'alliances et en provoquant un soulèvement, il oeuvre dans ce sens auprès du Comité départemental, dès la fin du mois de juillet, puis à nouveau le 24 août, en le pressant d'agir sans attendre les ordres et les aides d'Alger. Cette ligne est identique à celle qu'a retenue la direction régionale du Parti communiste au mois d'août 1943. La nouvelle de l'armistice de Cassibile, signé par l'Italie le 3 septembre, est diffusée le 8. Le Comité d'arrondissement d'Ajaccio lance les ordres d'insurrection rédigés par Maurice Choury. Dès le lendemain, il participe à une grande manifestation populaire à l'Hôtel de Ville et entre dans le conseil de préfecture qui proclame le ralliement à la France libre (en fait, la France combattante). Les premiers arrêtés, signés par le préfet encore en place, sont rédigés par Maurice Choury.
En juillet 1944, il s'engage dans l'armée et est cantonné à Sartène. Il regagne Paris après la guerre sans pouvoir retrouver immédiatement sa place à L'Humanité. Il dirige alors à Bordeaux La Victoire. Il devient, en 1946, chef de cabinet aux Anciens Combattants et victimes de guerre quand ce ministère est tenu par Laurent Casanova et avant de revenir au journalisme à L'Humanité Dimanche.
A partir de 1948, il combat à l'intérieur de son parti pour la liberté de parole lors des grands débats sur le Titisme, puis sur le XXe Congrès, dont il approuve les conclusions. En désaccord avec l'invasion de la Hongrie, en 1956, il quitte L'Humanité pour se consacrer à un travail d'écrivain et ouvrir à Paris deux galeries, l'une de livres anciens, l'autre de peinture.
Il meurt le 7 novembre 1969 au cours d'une conférence qu'il faisait sur la Commune de Paris.
OEUVRES :
Tous bandits d'Honneur, Editions sociales, Paris, 1958 (et nouvelle édition par La Marge, Ajaccio, 1988)
La Commune au coeur de Paris, Ed. sociales, 1967
Les damnés de la terre : 1871, Collection "les murs ont la parole", dirigée par Michèle Cotta, Tchou éditeur, 1969
Bonjour Monsieur Courbet, Editions sociales, Paris, 1969
Les poètes de la Commune, éditions Seghers, 1970
Les cheminots dans la bataille du rail, Librairie académique Perrin, 1970.
Maurice Choury was born on January 9th, 1912 in Nanterre to a large working class family. His father worked in the dockyards of Puteaux and he had four brothers and sisters. After completing his secondary studies, he was drawn towards art journalism. But, his support of the Communist Youth and his participation in the politics of this movement, which began in 1934, led him to collaborate with the newspapers, L’Avant-Garde, and then, L’Humanité, beginning in 1936. In August 1938, he participated in the French delegation of the Second Global Youth Congress, held at Vassar College in the United States. He was then mobilized in September 1939 as nurse, taken prisoner, and repatriated in 1941 as a member of the medical corps. His resistance activities began in Paris and then continued in Bouches-du-Rhône, until his familial connections led him to Corsica in 1942.
Choury was 30 years old when he moved to Corsica, then playing an active role in the Corsican Front national. In 1936, he married Emma Perini, the sister of Danielle Casanova, who was also a communist activist. Activist of the Front national, he contributed greatly to the movement with his talent for writing and as an organizer. Thanks to him, the clandestine communist press was able to develop, with publications such as, L’Avant-Garde and Le Patriote. After the dissolution of Fred Scamaroni’s network, FFL (R2 Corse) carried out by OVRA in March 1943, and various arrests that wreaked havoc on the Resistance movement Combat, the Front national reorganized secretly in Casinca, with a conference held in Porri. They adopted a pyramidal structure, wherein groups of five were associated with committees that ranged from regional (Corsica itself constituted one region), cantonal, and neighborhood. The Front national was a distinct organization from the Communist Party and included non-communists, even though its primary leaders, such as Arthur Giovoni, were communist activists.
Maurice Choury became the leader of the Corsican Front national within the district of Ajaccio. He was convinced, after the downfall of Mussolini in July 1943, that it was possible to liberate Corsica by changing the allegiances of Italian troops, thus provoking an uprising. With this in mind, he pressed the regional committee of the FN, at the end of July and again on August 24th, to act before they received instructions from Algiers. The regional Communist Party adopted this same line of argument in August 1943. News of the armistice of Cassibile, signed by the Italians on September 3rd, was announced on the 8th. The committee of the district of Ajaccio gave their orders for insurrection, drawn up by Maurice Choury. Beginning the following day, the committee participated in a large public demonstration at town hall that then stormed the prefectural council that Mauriche Choury joined, proclaiming the rallying of France libre (more truthfully, France combattante). Choury then wrote the first official statements, signed by the prefect at the time.
In July 1944, he became involved with the army and was stationed in Sartène. He returned to Paris after the war, unable to immediately return to his post at L’Humanité. Consequently, he became editor-in-chief in Bordeaux for La Victoire. In 1946 he became the head of the Cabinet of Former Soldiers and Victims of War, when Laurent Casanova ran its office. He then returned to journalism at L’Humanité Dimanche.
Beginning in 1948, he fought within his party for freedom of speech during the greats debates concerning Titoism (the policies and practices of Marshal Tito), and then at the 20th Congress, of which he approved of the conclusion. Disagreeing with the invasion of Hungary, he left L’Humanité in 1956 to dedicate himself to his writing and opening two galleries in Paris, one for rare books and the other for paintings.
He died on November 7th, 1969 during a lecture he was giving on the Paris Commune.
Hélène Chaubin, in CD-ROM La Résistance en Corse, 2e édition, AERI, 2007.
Traduction : Sawnie Smith