Commandant François-Marie Pietri

Légende :

Le commandant François-Marie Pietri, à l'origine du premier groupe de combat, la Légion corse, dans la région de San Gavino di Carbini, mouvement gaulliste assez implanté dans le Sartenais

Commander François-Marie Pietri, involved in the formation of the first combat group, the Corsican Legion, in the region of San Gavino di Carbini, a Gaullist movement primarily based in the Sartene area

Genre : Image

Type : Photographie

Producteur : Musée A. Bandera d'Ajaccio

Source : © Musée A. Bandera d'Ajaccio Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc.

Date document : Sans date

Lieu : France - Corse

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Analyse média

Il ne faut pas confondre le commandant François-Marie Pietri, patriote de la première heure, avec François Pietri, corse lui aussi, mais vichyste convaincu, leader de la droite insulaire, ministre des Communications et ambassadeur français à Madrid à compter du 8 octobre 1940 jusqu'en 1944, année où il sera traduit devant la haute cour de justice de Versailles pour avoir exercé ces fonctions.

One must not confuse the commander, François-Marie Pietri, a patriot first and foremost, with François Pietri, also Corsican, but a firm Vichy sympathizer. The latter was a leader of the right-wing movement in Corisca, the minister of communications and French ambassador to Madrid from October 1940 until 1944, the year in which he would be tried in front of the high court of justice in Versailles for his participation in this activity.


Paulina Brault

Traduction : Sawnie Smith

Contexte historique

Le 17 juin 1940, Pétain, devenu chef du gouvernement, annonce aux Français la demande d'armistice. Son analyse n'est pas convaincante pour ceux qui voient dans l'armistice une erreur et un déshonneur pour le pays et son armée. Les flux de l'exode emportent alors les populations du Nord vers le Midi. Cependant la capitulation semble inacceptable à ceux, militaires ou civils, qui restent persuadés que la France a encore les moyens de se battre. Le commandant Pietri est l'un d'entre eux. Sa réaction est rapide puisque, après les décisions prises à Vichy, les 9 et 10 juillet, il crée l'un des premiers mouvements de Résistance.

Le commandant François-Marie Pietri est un militaire de carrière. Né le 2 août 1887 à San Gavinu di Carbini, il est l'un des initiateurs de la Résistance gaulliste en Corse. Sa carrière militaire commence en 1905 au 30e bataillon de chasseurs alpins. Sergent en 1908, il fait la campagne du Maroc de 1912 à 1914 et obtient ses premières décorations. Pendant la Première Guerre mondiale, blessé deux fois, dans les Vosges puis en Alsace, au 14e bataillon de chasseurs alpins, il participe encore aux combats de la Somme en octobre 1916 et, blessé de nouveau, il perd l'usage d'un oeil. Il accéde au grade d'adjudant en 1915, puis de sous-lieutenant en 1916. Il reçoit la Légion d'honneur en décembre 1916. Après la guerre, sa carrière se poursuit : capitaine en 1926, chef de bataillon en 1928. Admis la même année à la retraite, il se porte cependant volontaire quand la Seconde Guerre éclate. Marié, père de trois jeunes enfants, il a alors cinquante-deux ans.
Son refus de la capitulation de 1940 est l'origine directe de son action de résistant. Le 11 juillet 1940, alors que le maréchal Pétain reçoit les pleins pouvoirs, ce soldat discipliné devient un rebelle. Il rédige un appel aux Corses, refusé par les imprimeurs, mais qu'il réussit à faire reproduire à Vichy chez madame de Susini et dont quelques milliers d'exemplaires sont distribués en Corse, sur le continent, et en Afrique du Nord :
"La Corse n'est pas à vendre..."
"La Corse n'est pas à donner..."
De retour à San Gavinu, il organise avec quelques amis le premier mouvement de Résistance : la Légion corse, qui reste autonome jusqu'à la Libération car il ne se ralliera pas au Front national corse. Sous l'Occupation italienne, il est contraint à la clandestinité. Sa famille subit les vexations de l'occupant : perquisitions, fouille des tombes familiales, arrestation de son épouse interrogée et molestée jusqu'à l'intervention du sous-préfet de Sartène. Son berger, Jean Finidori, est torturé et en meurt : le commandant Pietri adresse alors, en mai 1943, une lettre au général Magli pour protester contre les agissements de ses troupes. Son petit groupe se renforce, recueille des renseignements et agit contre les carabiniers et les délateurs, dans la région de San Gavinu et de Porto-Vecchio, sans pour autant accepter la fusion avec le Front national avec lequel il est en désaccord à la fois tactique et politique. Ainsi isolé, il ne reçoit aucune aide en armes, vivres ou argent. Le 9 septembre 1943, date du soulèvement des patriotes corses, il regagne son domicile mais, avec son groupe, participe à des engagements dans le Sartenais, comme le 11 septembre 1943 à l'Ospedale.
Lieutenant-colonel FFI (Forces françaises de l'intérieur) à la Libération, il est présent aux cérémonies qui marquent le voyage du général de Gaulle en Corse en octobre 1943.

Croix de guerre. Grand officier de la Légion d'honneur.
Il meurt le 26 janvier 1961.


On the 17th of June 1940, Pétain, now the head of the government, announced to the French people the need for armistice. His reasoning was not convincing for those who perceived a flaw and a sort of dishonor within this possible armistice, for both the country and the army. Floods of people migrated from the North to Southern France. The concept of surrendering remained unacceptable to many, both amongst the civilian population and the military, who felt that France still possessed the means to fight. The commander, Pietri, was one of those unconvinced. His reaction was rapid. Shortly after the Vichy government announced its decision, on the 9th and 10th of July, Pietri established one of the first movements of the Resistance.

Commander François-Marie Pietri was a lifelong soldier. Born on August 2nd, 1887 in San Gavinu di Carbini, he was one of the pioneers of the Gaullist Resistance movement in Corsica. His military career began in 1905 in the 30th Battalion of the chasseurs alpins. A sergeant by 1908, he participated in the military campaign in Morroco from 1912 to 1914 and received his first decorations. During the First World War, he was injured twice, first in Vosges and then in Alsace. Member of the 14th Battalion of the chasseurs alpins, he participated again in the combat of Somme in October 1916 and was subsequently injured again, resulting in the loss of use of one eye. He rose to the rank of sergeant major in 1915, and then sub-lieutenant in 1916. He received the Légion d’honneur in December 1916. After the war, his career continued, rising to the position of captain in 1926 and battalion chief in 1928. He volunteered once World War Two broke out, despite it coinciding with the year of his retirement. At the time, he was married with three children and 52 years old.

His rejection of French surrender in 1940 was at the heart of his decision to join the Resistance. On the 11th of January 1940, as Marshall Pétain was given full power, this disciplined lifelong soldier became a rebel. He then drafted a political appeal to Corsicans. But, although rejected by printers on the island, Madame de Susini successfully printed it in Vichy and thousands of copies were distributed in Corsica, the mainland, and North Africa.

“Corsica is not for sale”

“Corsica is not to give away”

Upon his return to San Gavinu, he organized, with several friends, the first movement of the Resistance. Called the Corsican Legion, it remained an autonomous entity until the Liberation, as it did not join the Corsican Front national. Under Italian occupation, he was forced into hiding. His family suffered humiliation from the occupying forces, such as police raids, exhumation of family graves, and the arrest of his wife, who was interrogated and harassed until an intervention by the deputy prefect of Sartène. His shepherd, Jean Finidori, was tortured to death. Commander Pietri then addressed a letter in May 1943 to General Magli, protesting the dirty work of his troops. Pietri’s small group reinforced itself, gathered intelligence, as well as plotted against Italian soldiers and informers. They carried out these activities in the regions of San Gavinu and Porto-Vecchio, all while refusing to merge with the Front national, with which there existed both tactical and political disagreement. Isolated as a result, Pietri’s group received no armament or food supplies, aid, or money. On September 9th, 1943, the date of the uprising of Corsican patriots, he returned to his home. But with his group, he participated in resistance activity in the Sartene area, such as that on September 11th, 1943 in Ospedale. The Lieutenant-Colonel of the FFI (Forces françaises de l’intérieur) at the time of the Liberation, he was present during the ceremonies that were held to celebrate General de Gaulle’s trip to Corsica in October 1943. Recipient of the Croix de Guerre and the Légion d’honneur, he died on January 26th, 1961.


Auteur/Sources : Hélène Chaubin, "Le commandant Pietri", in CD-ROM La Résistance en Corse, 2e édition, AERI, 2007.

Traduction : Sawnie Smith